« Huit euros de l’heure », la nouvelle pièce de Sébastien Thiéry peine à convaincre
Sébastien Thiéry, comédien, est aussi auteur de pièces de théâtre où son écriture portée plutôt vers l’absurde et affranchie de toute morale, cohabite avec la comédie de boulevard, n’hésitant pas à déstabiliser le spectateur.
On se souvient de sa comédie noire et hilarante « L’origine du monde », montée au Théâtre du Rond-Point en 2013, dans une mise en scène de Jean-Michel Ribes, où s’imaginant condamné à mourir, il devait dans un défi aussi improbable que psychanalytique pour éviter la mort annoncée, prendre une photo du sexe de sa mère jouée par Isabelle Sandoyan !
Aujourd’hui, c’est aux raisons pas toujours très glorieuses de l’acte de générosité auxquelles il s’attaque à travers un couple de bobos joué par Dany Boon (dix ans après « Le Dîner de cons ») et Valérie Bonneton.
Jacques et Laurence ont recruté une nouvelle femme de ménage, mexicaine, payée au noir, sans papiers, et dont Laurence est vite persuadée que leur employée les maraboute. Car mystérieusement, tout ce qu’elle subit lui arrive à elle aussi : torticolis, perte de téléphone, mari qui fait un malaise.
Pris de panique, ils décident de la renvoyer mais c’est alors que Jacques, cadre dans un grand groupe qui fait l’objet d’une fusion, reçoit une convocation de la DRH. Il craint soudain d’être licencié à son tour. Voyant leur destin lié à celui de Rosa, ils vont tout faire pour l’aider laquelle reconnaîtra entre-temps être un travesti, prostitué à ses heures, et en couple avec son souteneur. Jacques et Laurence vont dès lors l’augmenter afin qu’elle cesse toute activité et décideront d’inviter son compagnon à vivre chez eux.
La pièce aborde le thème de la générosité et ses véritables ressorts sur fond d’un couple qui n’a plus rien à se dire et dont les superstitions obsessionnelles cristallisent leur mal-être et leur frustration. Mais si quelques situations font mouche, l’écriture trop faible et parfois racoleuse peine à convaincre.
Dans un décor de loft boétisé à souhait d’Edouard Laug, les comédiens ne déméritent pas. Singulier dans son jeu mais juste dans son incarnation, Dany Boon est cet homme stressé au bord de la crise de nerf tandis que Valérie Bonneton campe avec conviction cette bourgeoise lâche, mal dans sa peau, et faible. Quant à Jorge Calvo (Rosa/Carlos) et Antonio Buil (Miguel), ils apportent une certaine folie surréaliste à ce couple improbable.
Date : A partir du 11 janvier 2019 l Lieu : Théâtre Antoine
Metteur en scène : Stéphane Hillel