Ibrahim Maalouf, deux albums, un extrait !

anzh_IbrahimMaalouf102342MD_1

Ibrahim Maalouf
Nouveaux albums : Red & Black Light et Kalthoum
Sortie le 25/09/2015

En 2014, Ibrahim Maalouf reçoit pour son album « Illusions » une victoire de la Musique dans la catégorie Meilleur album de musiques du monde. C’est un moment historique pour lui et pour tous les musiciens puisque c’est la première fois en 29 ans que les Victoires de la Musique récompensent un projet uniquement instrumental.

Le grand public découvre alors un artiste complet dont il ne connaissait que ses collaborations avec Amadou et Mariam, Vincent Delerm, Sting, Matthieu Chédid, Salif Keita, Lhasa de Sela, etc… pour n’en citer que quelques unes.

La même année, il réalise et compose les albums « Funambule » pour Grand Corps Malade qui deviendra double disque d’or, et le très confidentiel « Something came with the sun » pour la suédoise Isabel Sörling tiré seulement à quelques centaines d’exemplaires.

En 2015, c’est une nomination aux Césars pour la bande originale du film « Yves Saint Laurent » de Jalil Lespert qui le remet au devant de la scène, et si composer pour le cinéma est une passion qui lui prend de plus en plus de temps, la chanson n’est pas en reste puisqu’il vient de produire, réaliser et composer sur son label « Mi’ster » l’album qui marquera le retour sur scène de la chanteuse Natacha Atlas.

Ibrahim parcourt le monde depuis la trilogie « DIA » (3 albums sortis entre 2007 et 2011), jusqu’à son hommage à Miles Davis « WIND » sorti en 2012 qui lui valut également la Victoire du Jazz « Artiste de l’année », et pourtant cela n’est que la partie visible d’une vie musicale commencée dès son plus jeune âge.

On ne se doute pas du pas du parcours rare de ce musicien éduqué dans une double culture musicale, en grande partie grâce à l’instrument unique au monde inventé par son père Nassim Maalouf, la trompette à 1/4 de tons, qui permet de jouer les modes propres à la musique arabe. Ibrahim hérite d’une petite perle de l’histoire musicale contemporaine, les instruments acoustiques inventés de nos jours sont en effet bien rares. Et si son père lui enseigne l’art de l’improvisation arabe, il l’éduque également très jeune à la technique de la trompette classique pour jouer avec lui des concertos baroques, classiques, modernes et contemporains, dès l’âge de 9 ans un peu partout en Europe et au Moyen-Orient.

Au tout début des années 2000, avec plusieurs prix de concours internationaux en poche ainsi que le diplôme du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, Ibrahim avant tout compose et improvise. Il se nourrit de tout, au travers des rencontres, allant du hip hop à la musique électronique, en passant par les musiques africaines, indiennes, balkaniques, le jazz, le rock, le hard rock, la pop, les musiques sud américaines ou simplement la chanson.

De ces rencontres naissent donc ses compositions et créations, que ce soit pour ses albums ou pour des commandes de festivals, compagnies de danse, films ou orchestres. Ibrahim compose et ne s’en lasse aucunement. Avec de nombreuses oeuvres pour orchestres symphoniques, chorales, choeurs d’enfants, ensembles divers, avec ou sans sa trompette 1/4 de tons, Ibrahim explore, cherche et ne s’interdit rien. Ibrahim est un enfant de Beyrouth, né sous les bombes en 1980, dans un Liban décimé par la guerre civile. À 12 ans, il se rêve en architecte libre pour reconstruire son pays. Ce sera finalement grâce à sa musique qu’Ibrahim transmettra son souffle de liberté. La transmission est même devenue un élément majeur de son travail.

Ses albums, ses collaborations et ses nombreux projets à venir sont le reflet de cette liberté qu’Ibrahim Maalouf revendique avant tout.

« Kalthoum » et « Red & Black Light » sont deux nouveaux albums en hommage aux femmes.

« RED & BLACK LIGHT» est une ode à la femme d’aujourd’hui et à son rôle fondateur et fondamental pour espérer un avenir meilleur. Les femmes de ma famille ont eût, et ont encore aujourd’hui, une influence incommensurable sur tout mon travail musical. Notamment parce qu’elles m’inspirent considérablement dans leur façon de gérer leur quotidien et celui de leur entourage. Malgré des vies en labyrinthes, complexes et souvent dramatiques, elles portent en elles une force et une stabilité similaires à une forme de transe inébranlable. Elles me donnent l’impression de ne jamais perdre de vue ce qui est essentiel.

Axé sur une esthétique plus actuelle, plus électro, voire pop, cet album est constitué de mes compositions ainsi que d’une reprise de la diva d’aujourd’hui Beyonce. Bien qu’étant particulièrement complexes dans leur écriture (avec des polyrythmies en 19, 17 ou 27 temps par exemple), nous avons arrangé ces musiques (avec les 3 musiciens qui m’entourent), de manière à ce que jamais le poids de l’écriture ne se fasse entendre. Nous avons donc contourné le piège de l’élitisme et de l’écriture scientifique pour élaborer un album transparent et limpide, sur lequel le public peut même danser ou chanter, mais qui regorge néanmoins d’une multitude de superpositions insoupçonnées de thèmes, d’harmonies et de rythmes, que seule une lecture mathématique de l’album pourrait trahir.

Enregistré à Ivry sur seine (France) avec Eric Legnini (Claviers), François Delporte (Guitare) et Stephane Galland (Batterie), cet album est avant tout une envie de dessiner l’importance et la nécessaire complexité des choses et des personnes essentielles.

« KALTHOUM » est une célébration des femmes qui ont bouleversé le cours de l’histoire et dont l’influence artistique a eu un impact jusque dans nos vies actuelles. J’ai donc choisi une figure emblématique, véritable monument de l’histoire du peuple arabe, et qui est par ailleurs la voix que j’ai le plus écoutée depuis ma toute petite enfance : Oum Kalthoum.

Avec le pianiste Frank Woeste nous avons « traduit » dans un jazz assez conventionnel, mais nous l’espérons innovant de par son métissage, l’un des plus grands succès de la diva égyptienne : « Alf Leila Wa Leila » ( « Les Mille et une Nuits »). Cette chanson de 1969 composée par Baligh Hamidi est une suite d’environ une heure (comme souvent à cette époque), avec un refrain de 3 minutes et des couplets allant de 5 à 25 minutes. L’improvisation, dans la version originale comme dans cette version-ci, tient une place importante, mais cette suite est surtout une succession de tableaux dont la mise en scène fût passionnante à retranscrire.

Enregistré et mixé à New York avec la même équipe que l’album « Wind » (2011) qui était également un hommage (à Miles Davis), c’est en toute logique que j’ai envisagé « Kalthoum » comme une continuité de cette belle aventure discographique avec Larry Grenadier (Contrebasse), Clarence Penn (Batterie), Mark Turner (Saxophone) et Frank Woeste (piano

Amaury Jacquet
Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici