Après La beauté du monde en 2021 et Le soleil reviendra en 2020, la réalisatrice Cheyenne Caron est de retour avec un nouveau film rempli d’émotion. Je m’abandonne à toi suit le destin de Paul (Johnny Amaro), aumonier dans la Légion Etrangère appelé Padre, à l’écoute de ses camarades soldats confrontés aux horreurs de la guerre. Des hommes forts et valeureux ont besoin de ce soutien aussi psychologique que spirituel. Le ton du film est rempli d’une belle bienveillance alors que le spectateur découvre que le plus grand fardeau du Padre est sa mère solitaire et alcoolique, qu’il a bien du mal à soulager malgré la profondeur de sa foi.
Un film loin des standards actuels
Les liens fraternels entre soldats, d’autant plus dans ce corps d’armée légendaire qu’est la Légion Etrangère, le rôle central de l’aumonier, la vie d’une caserne avec sa langueur et ses habitudes, le film ouvre une lucarne sur un monde mal connu. Entrainements permanents, fonctionnement en collectivité, origines et religions différentes, la vie de soldat est censée abroger les différences. La question des différences et de la singularité est centrale dans un film qui aborde la question de la nourriture spirituelle essentielle pour tous ceux qui ne vivent pas dans le confort aseptisé d’une société d’abondance et cherchent des valeurs fondatrices. Le Padre s’adapte en permanence à des situations difficiles, un soldat emprisonné pour un meurtre, un soldat victime de stress post traumatique, le suivi des familles confrontées à la disparition de soldats tués au combat, autant de contextes qui nous sortent de notre quotidien. Des images simples comme l’évidence, un rythme lent, le film choisit de se concentrer sur la sérénité de celui qui doit se mettre au service des autres dans une scénographie puissante.
Je m’abandonne à toi est à la lisière de la thèse sociologique, comment rechercher la paix en soi dans des contextes de difficultés. Et c’est instructif de se poser parfois la question.
Synopsis: Paul, Padre à la Légion Étrangère, est immergé dans les souffrances que draine la guerre. Tour à tour, il est sollicité par des familles de mourants, des soldats tourmentés. Toujours présent aux côtés des autres, Paul tente aussi de réconforter un être qui lui est cher : sa mère. (Padre : c’est le nom donné à l’aumonier dans la Légion Etrangère)