Kader Attou hisse le hip pop dans la cour des grands
Depuis vingt ans, les pièces de Kader Attou s’inspirent de sa vie, de son enfance et ses cours de boxe, de sa famille arrivée d’Algérie vers 1970, de son père ouvrier chez Renault. Avec « The Roots », il convoque quelques éléments personnels, mais revient surtout sur son parcours de danseur et chorégraphe, emprunté aux parterres urbains, espaces circassiens, scènes contemporaines. Et nous livre une partition de haut vol, aussi inventive qu’aboutie.
Sur le plateau, une table, un vinyle qui craque sur un électrophone, un fauteuil fatigué et le corps d’un jeune homme qui se révèle au son de l’émission culte H.I.P H.O.P. de Sidney. Derrière lui, dix danseurs envahissent l’espace sur une gestuelle issue de la breakdance, du smurf, de l’electric boogie et du popping.
[…] une partition de haut vol, aussi inventive qu’aboutie […]
Puis, le décor se met à tourner et les tableaux se succèdent dans un déferlement au rythme des codes de la danse urbaine et de ses influences revisitées où les corps démultipliés impriment la mémoire sourde qui les traverse.
The Roots © Julien Chauvet
Du break, cette danse au sol dont le succès ne s’est jamais démenti, en passant par le locking et ses mouvements d’inspiration funk, ou le popping et sa gestuelle désarticulée .
Télescopage d’une infinie variété de mouvements alternant vitesse et lenteur, détente et tension, puissance et rupture, glissade et suspension, qui voit les corps s’immobiliser, se jauger, s’empoigner et se saisir.
Le tout dans un irrépressible élan salvateur – souligné par la musique qui mêle Brahms, Beethoven, le « Melocoton » de Colette Magny ou encore mélopées orientales, la musique électronique de Régis Baillet – et son basculement chorégraphique dans une écriture de ballet aussi singulière que dense.
Dates : du 23 au 30 décembre 2015 l Lieu : Au Théâtre National de Chaillot (Paris)
Chorégraphe : Kader Attou