Kinship de Carey Perloff, mise en scène par Dominique Borg, à Paris

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 © San Bartolomé

Théâtre de Paris à partir du 04 novembre 2014

C’est avec une pièce contemporaine de l’Américaine Carey Perloff « Kinship » à l’intrigue digne d’une  sitcom,  qu’on pourrait traduire par « Parenté » ou « Affinité », qu‘Isabelle Adjani revient au théâtre, huit ans après La dernière nuit pour Marie Stuart qui l’avait vue triompher à Marigny.

Elle retrouve un rôle d’amoureuse tourmentée qui voit les ressorts de la passion la bousculer, l’enflammer avant de la laisser anéantie où le coup de foudre prêt à tout détruire, en raison même aussi des liens réunissant les trois protagonistes mais ne leur apparaissant pas ouvertement, laissera des traces.

L’influente rédactrice en chef d’un journal américain local (Elle) mène une vie familiale paisible jusqu’à ce que (Lui), un beau et jeune journaliste qu’elle vient d’embaucher, ne la séduise.

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© San Bartolomé

Une relation commence bouleversant l’équilibre  de sa vie affective et amicale d’autant plus qu’elle ignore que ce dernier est le fils de sa meilleure amie, laquelle entretient avec sa progéniture une relation très fusionnelle.

A cette figure contemporaine s’ajoute une héroïne antique : Phèdre à travers une mise en abîme du théâtre dans le théâtre où les personnages Lui et sa Mère, puis Elle qui indique détester le théâtre, assistent à une représentation de la pièce de Racine. Ce parallèle servant à illustrer le tragique de leur relation triangulaire prise au piège de l’amour possessif et obsessionnel.

A l’abri d’une mise en scène sobre et conceptuelle de Dominique Borg qui préfigure la traversée émotionnelle, les scènes s’enchainent efficacement dans un rendu cinématographique où la photo, la vidéo, et la musique d’Olivier Schultheis rythment la triangulation entre les personnages et focalisent leurs questionnements intimes, familiaux, et amicaux.

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© San Bartolomé

Isabelle Adjani irradie la scène d’un jeu d’une infinie précision aux multiples variations où elle donne corps et âme à cette femme de pouvoir qui succombe puis se consume aux affres de la passion.

Mi-ange mi-démon, Niels Schneider est toujours juste en séducteur charmeur puis fuyant devant ses responsabilités tandis que Vittoria Scognamiglio joue avec allégresse la mère surprotectrice et l’amie à l’écoute attentive.

Et comme l’a écrit le poète « J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui » Alfred de Musset

Amaury Jacquet
Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

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