La Cenerentola, scénographie éblouissante pour une troupe en transe au Théâtre des Champs Elysées

Récemment annoncées sur le site culturel Publik’Art, les 6 représentations de La Cenerentola ont débuté au Théâtre des Champs Elysées. Et le coup de cœur est immédiat tant la qualité des interprètes est au diapason d’une mise en scène inventive et enthousiasmante. L’opéra de Gioachino Rossini est situé dans un contexte moderne pour un résultat enchanteur et une belle morale.

Un immanquable de la saison

C’est une salle comble jusqu’au plafond qui assiste à cette love story entre le prince Don Ramiro (impressionnant ténor sud-africain Levy Sekgapane) et la Cendrillon Angélina (merveilleuse mezzo-soprano Marina Viotti). Le premier s’introduit à visage caché dans la cafétéria tenue par le beau-père de la souillon, Don Magnifico (puissant ténor Peter Kálmán) alors que l’ami du premier Dandini (féérique ténor Edward Nelson) se fait passer pour le prince. Au milieu de ces personnages, dans un décor hyper mobile, la magie opère entre le prince incognito et la servante accablée par les 2 filles pestes du gérant de la cafétéria (pétillantes Alice Rossi et Justyna Ołów). La mise en scène de Damiano Michieletto fait intervenir un chœur présent dans différentes situations, une foule d’ouvriers venant se restaurer, une foule d’invités à une soirée chic… ou une foule d’admiratrices du prince, avec robes, perruques et positions alanguies (rires assurés). L’adaptation se veut légère en empathique, la bonté est mise en avant, triomphant toujours des perfidies et des coups du destin. A la baguette, le chef d’orchestre Thomas Hengelbrock insuffle une énergie débordante à un orchestre au diapason de la scénographie de Paolo Fantin. Quand la cafétéria s’élève dans les airs pour laisser la place à un intérieur californien digne de celui du film Le Lauréat, la foule est éblouie. Les meubles s’échappent dans une trappe ou descendent du plafond, le mouvement est perpétuel et les ambiances se succèdent. Moins connu que d’autres opéras du même compositeur, La Cenerentola contient des morceaux de bravoure que les ténors, les barytons et les sopranos interprètent avec une belle émotion. L’inspiration du conte de Charles Perrault se passe de la plupart des éléments magiques, pas de fée ni de citrouille, les pantoufles de vair (de verre?) sont remplacées par un bracelet et subsiste surtout un mendiant philosophe aux pouvoirs magiques dénommé Alidoro (surpuissant baryton Alexandros Stavrakakis) et descendu des nuages par la magie visuelle d’un film projeté sur le rideau. Mais la perle de cette adaptation est Marina Viotti, lumineuse mezzo-soprano dans ce rôle plein de candeur et de bonté, symbolisant le pouvoir du pardon par delà les querelles d’ego trop souvent à l’œuvre dans les temps présents. Sa présence vocale et scénique ensorcèle le public, si bien accompagnée par le ténor Sud-Africain Levy Sekgapane tout en finesse et en force mélangées.

Ce dramma giocoso gagne en modernité, transformant l’opéra burlesque en spectacle d’une folle actualité. La Cenerentola est un spectacle à ne pas manquer au Théâtre des Champs Elysées, encore 4 représentations le 13 octobre, le 15 octobre, le 17 octobre et le 19 octobre.

NOS NOTES ...
Originalité
Mise en scène
Qualité de l'opéra
Stanislas Claude
Rédacteur ciné, théâtre, musique, BD, expos, parisien de vie, culturaddict de coeur. Fondateur et responsable du site Culturaddict, rédacteur sur le site lifestyle Gentleman moderne. Stanislas a le statut d'érudit sur Publik’Art.
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