La Purge, le premier roman insoumis d’Arthur Nesnidal (Julliard)

Arthur Nesnidal

La Purge, le premier roman insoumis d’Arthur Nesnidal (Julliard)

Si La Purge est le premier roman d’Arthur Nesnidal, il est quasi certain que ce ne sera pas le dernier. Car vraiment, la plume de cet auteur est indéniablement époustouflante.

Elève brillant mais non conforme

Arthur Nesnidal a décidé de partager avec le plus grand nombre son expérience de première année préparatoire littéraire, l’année d’hypokhâgne, réservée aux plus brillants élèves. Ce n’est pas la première fois que Publik’Art s’intéresse aux conséquences dramatiques d’un enseignement qui existe réellement en France. En août 2017, Isabelle Dignocourt avait publié le livre : L’Education nationale, une machine à broyer . Rien que le titre en dit long sur son contenu. Nous avions aussi chroniqué le livre de Nathan Comons : Le camp, où il racontait son expérience, dramatique, dans une grande école parisienne.

Dénonciation, cri de révolte

Il n’est donc pas nouveau de relater son expérience, souvent traumatisante, de ces années d’études, par contre ce qui ressort chez Arthur Nesnidal, c’est son écriture. Il est vrai que c’est un élève brillant, littéraire et qui a une grande culture générale. Non seulement, il est brillant, mais sa façon de nous conter ses déboires avec ses professeurs, ou même avec les femmes de ménage, sortent de l’ordinaire. Tout au long de son livre, le lecteur réalise le calvaire qu’endurent tous ces élèves alors qu’ils sont tous remarquablement brillants. Des études tellement inhumaines que l’élève devient vite une loque sous l’effet de la maltraitance quotidienne de ses professeurs. Bien sûr, aucune école n’est citée dans le livre mais il est vraisemblable qu’elles se ressemblent toutes, hélas !

Arthur Nesnidal est à la fois un poète, un intellectuel, un écrivain, un politicien, un révolté, bref un jeune homme brillant avec un grand avenir devant lui.

Quand arrêterons-nous ce massacre aussi bien à l’école, au collège, au lycée, mais encore davantage lors des hautes études supérieures ? Il est grand temps de révolutionner l’Education dans notre pays ! Une entrée dans le moule lamentable, un véritable carnage pour la plupart des élèves ! L’Education reste une machine à broyer au XXI siècle !

Extraits :

Par leur faute, nous étions médiocres, mauvais, incultes, vides ; par leurs méfaits, nous pataugions. Nous étions, sous ses yeux, le triste résultat d’un déclin progressif de l’école publique, qui n’avait même pas pu nous enseigner les bases […] p.40

L’infirmerie scolaire était pour les élèves la dernière frontière avant le précipice. Y passer, c’était presque mourir ; son sinistre dortoir confinait à la morgue ; des plaintes de détresses venaient de tous côtés, chétives et déchirantes, les mourants de fatigue s’empilaient à tout va dans des chambres étroites et toujours surchargées. P.40

[…] il annonçait tout haut la note qui tombait ; puis, sans élever la voix, il faisait des remarques sur les fautes grossières que l’on avait commises, sur les égarements qu’on eût pu éviter, sur tout ce qui faisait de nos humbles travaux d’immondes petits torchons ; on aurait dit une hyène rôdant parmi les chats. P.48

C’était un monastère, d’esprit et de structure. On y entrait, innocent enfant de chœur ; on en sortait perverti, transi de quelque fanatisme littéraire gâteur de libres pensées. Le génie flétrit sous les coups de l’autorité. P.71

[vc_text_separator title= »RESUME DE L’EDITEUR ET INFOS » color= »custom » border_width= »5″ accent_color= »#1e73be »]

« Vous, Mademoiselle, dites-nous ce que vous en pensez, vous qui avez raté votre devoir. » Aucune forteresse ne résiste à cela. Blême, frissonnante, l’expression fissurée par la déflagration, l’estomac enfoncé, l’espérance perdue, elle se faisait violence avec un héroïsme en tous points admirable pour ne pas fondre en larmes ou sombrer sous la table.
Sans complaisance, un étudiant décrit le quotidien d’une année d’hypokhâgne, sacro-sainte filière d’excellence qui prépare au concours d’entrée à l’École normale supérieure. Face au bachotage harassant, au formatage des esprits et aux humiliations répétées de professeurs sadiques, la révolte gronde dans l’esprit du jeune homme…
Féroce et virtuose, La Purge dénonce la machine à broyer les individus qu’est l’éducation élitiste à la française. Avec pour toutes armes la tendresse d’un Prévert et les fulgurances d’un Rimbaud, Arthur Nesnidal y taille en pièces l’académisme rance de ses professeurs et retourne contre l’oppresseur sa prose ciselée. Dans la plus pure tradition du roman d’apprentissage, un manifeste pour la liberté.

Date de parution : le 16 août 2018
Auteur : Arthur Nesnidal
Editeur : Julliard
Prix : 16 € (160 pages)
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NOS NOTES ...
Originalité
Scénario
Qualité de l'écriture
Plaisir de lecture
Bénédicte de Loriol
En fonction depuis 2010, Bénédicte est notre directrice déléguée. Elle partage son expertise en de nombreux domaines. Elle dévore les livres comme d'autres dévorent le chocolat. Responsable des rubriques Littérature et Cinéma, elle gère aussi les opérations concours réalisées avec nos partenaires. Elle est notamment membre de l'Union des Journalistes de Cinéma (UJC).
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9 Commentaires

  1. Bah en voilà du génie employé à bon escient !

    Pour l’avoir vécu chez les matheux, faut s’armer de dérision tant le modèle est nocif… mais la France pense former en fouettant et en dégradant, comme si en nous enfonçant si bas, on allait atterrir en haut. C’est aussi un moyen pour le professeur de se persuader que l’élève ne sera jamais plus brillant que le maître. Apparemment, Arthur vient de prouver le contraire 😉

    Bravo!

  2. N’est pas Victor Hugo qui veut… Ce livre est une belle déception à bien des égards. Sa garrulité est pathétique et traduit sans doute les nombreux complexes de l’auteur. Sa haine de l’autre rend inaudible le sujet.
    De type 7 sur l’échelle de Bristol !!!

  3. Je m’interroge franchement sur les compétences de la maison d’édition à ce stade. Visiblement séduits, les éditeurs n’ont pourtant pas du vraiment lire cet ouvrage. C’est un enfer de complexités grammaticales inutiles et épuisantes, qui finissent par faire rire : j’ai cru un temps que c’était là une marque d’ironie de la part de l’auteur, qui par ailleurs, affirme vouloir « écrire pour tous ». Mais non, l’auteur se prend complètement au sérieux, et cette écriture stérile et pénible est voulue, travaillée,… Beaucoup d’égocentrisme pour un primo-romancier, qui a l’air de prendre de haut beaucoup de monde, y compris son lecteur ! Nul.

  4. Une imposture ! L’auteur prétend dénoncer l’élite intellectuelle bourgeoise, mais que fait-il d’autre que reproduire les mécanismes de cette élite, en publiant un livre aussi prétentieux ? Le lecteur est écrasé en permanence par un style surchargé en métaphores obscures, références pompeuses, servies dans une syntaxe ampoulée et précieuse. L’auteur se veut accessible à tous mes étouffe son lecteur par son érudition et sa rhétorique ronflante si bien que la lecture relève du tour de force. Par ailleurs les portraits tous plus haineux les uns que les autres décridibilisent le propos et l’on soupçonne fortement l’auteur d’être davantage guidé par le ressentiment et la jalousie personnels que par un réel souci de vérité, comme il le revendique pourtant. Dommage…

  5. Entre le mauvais pastiche d’un Zola post-apocalyptique et la diffamation mensongère d’un système au sein duquel l’auteur a échoué, « La Purge » porte bien son nom pour le lecteur, qui contemple ici le travail d’un homme qui s’écoute parler, ignorant les faits, aveugle de ses propres erreurs et parfois étonnamment condescendant pour quelqu’un qui se veut le défenseur du « petit peuple ». Ca se vendra bien, parce que la plume acerbe va nécessairement attiré le lectorat, mais pour ma part, je n’en retiendrai qu’un torchon imbuvable et méprisant.

  6. Je m’étonne de la prodigalité avec laquelle Bénédicte de Loriol recommande cette lecture. Il faut être un bien piètre connaisseur en littérature pour pouvoir qualifier la plume de cet auteur « d’indéniablement époustouflante » tant la médiocrité de son écriture est criante. On ne peut objectivement pas cautionner un pareil exutoire de haine et de rancœur dont le fond et la forme sont tous deux aussi mauvais l’un que l’autre. La lecture de ce torchon infamant est insupportable.

  7. Ce livre est pour moi une caricature. Pour l’auteur tout est mauvais , répugnant, que ce soit la rue, l’école , les professeurs etc…
    Certaines phrases sont incompréhensibles même avec un dictionnaire.
    Ancienne élève d’hypokhâgne, il y a fort longtemps, j’ai plutôt souvenir d’un enseignement d’excellence sans la moindre humiliation même si j’admets que c’était très difficile et le travail à fournir colossal.

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