© Nathalie Hervieux
Théâtre de l’Atelier du 25 mars au 5 juillet 2014
Ecrite en 1968 par Jean-Claude Carrière, cette comédie sur le couple est contemporaine du théâtre très british d’Harold Pinter avec sa part d’étrangeté et de mystère.
La pièce raconte la rencontre improbable entre une inconnue fantasque, sans aucune gène, sortie de nulle part qui s’invite chez un vieux garçon maniaque à la vie bien rangée et dont le sens inné de la rigueur le pousse à tenir un registre de ses conquête dans un aide-mémoire.
[pull_quote_center]Une complicité évidente pour une histoire de cœur que la raison ignore[/pull_quote_center]
L’appartement parfaitement ordonné se laisse rapidement envahir par les effets personnels de Suzanne et sa personnalité troublante qui bouscule les habitudes et la vie solitaire de Jean-Jacques.
© Nathalie Hervieux
Un rapport de force intriguant s’instaure entre les protagonistes où la peur d’aimer et de se reconnaitre s’expriment chez elle à travers une dureté, une imprévisibilité, une marginalité alors que chez lui, elle fait place à un accablement et à une fuite de la réalité.
La mise en scène stylisée de Ladislas Chollat restitue cette part d’onirisme avec un très beau décor qui offre un corridor s’ouvrant sur un dressing démesuré aux portes coulissantes et dont la profondeur à partager aux couleurs pastels, changeantes au gré de l’intrigue, constitue un échappatoire à cet enfermement psychologique.
Sandrine Bonnaire insuffle tout son naturel et sa présence solaire. A l’abri d’un jeu immédiat, elle incarne cette Suzanne jusqu’au-boutiste et ambiguë. Quant à Pascal Greggory, il est ce juriste austère mais aussi lunaire qui nous émeut face à ce rapprochement irrationnel mais pourtant bien réel dont il prend progressivement conscience.
Une complicité évidente pour une histoire de cœur que la raison ignore…