L’ Art et la manière d’Alex Vizorek : ad vitam aeternam
Dernières dates parisiennes pour le dernier spectacle d’Alex Vizorek dont on se souvient qu’il avait tourné pendant presque 10 ans avec son premier opus « Alex Vizorek est une œuvre d’art ». En discourant sur le monde de l’Art, il avait tout de suite imposé sa marque : une élégance déconcertante et un sens de l’absurde très singulier. Car avec Vizorek, on rit mais on réfléchit aussi. Il fallait donc à nouveau un sujet qui soit matière à son érudition et à son espièglerie qui vont de paire.
En entrant dans le théâtre, on découvre des citations qui défilent sur un grand écran du plateau : « Ne nous prenons pas au sérieux, il n’y aura aucun survivant » (Alphonse Allais), « Tous les jours vont à la mort, le dernier y arrive » (Montaigne), « Quand on est mort, c’est pour longtemps » (Zola), « Le sexe est une des neuf raisons qui plaident en faveur de la réincarnation. Les huit autres sont sans importance » (Henry Miller).
La mort joyeuse
Alex Vizorek l’annonce dès les premières minutes, le thème de ce spectacle est la mort. Mais si cette thématique peut apparaître funeste au premier abord, l’humoriste s’en défend car elle est abordée ici dans toutes ses nuances et propice of course, à rire de nos angoisses.
A l’instar d’une conférence, s’enchaînent sur le plateau différentes réflexions philosophiques souvent absurdes, parfois improbables, toujours drôles, sujettes à discussion avec le public, qui vont de nos comportements conformistes aux enterrements, de la mort en philosophie, de la petite mort, des différents systèmes de reproduction animaliers en passant par les fantasmes, de la mort dans l’art qui a inspiré énormément d’artistes ! Tout un programme…
Sans être jamais donneur de leçons, et sans aucune arrogance, Vizorek, classieux et brillant, convoque alors pêle-mêle sur le plateau Heidegger et son concept du Dasein, Epicure, Bruegel ou encore Baudelaire sans oublier Sophie Calle plasticienne devant l’éternel, tout en dissertant sur l’orgasme et la reproduction des animaux, le processus d’humusation, et nous régale de ses saillies désopilantes, entre candeur malicieuse et ironie bien sentie.
Sa propre oraison funèbre, minutieusement mise en scène (dos au public et face caméra), est un grand moment de théâtralité désopilante.
Entre envolées littéraires et petites piques mâtinées d’humour noir, jeux de mots et blagues potaches sans omettre quelques petites références à l’actualité, Vizorek orchestre à l’envi le show. Le tout est porté par une écriture ciselée et un style désinvolte qui n’appartient qu’à lui. Bravo l’artiste !
Dates : du 21 au 23 novembre 2024 – Lieu : Casino de Paris
Mise en scène : Stéphanie Bataille