Ah, le vent du large ! Ce 17 octobre 2025, alors que Montpellier s’éveillera encore sous un ciel d’octobre digne du plus bel été indien, le 47e Festival international du cinéma méditerranéen (Cinemed) déploiera ses voiles pour 8 jours qui pulseront au rythme des vagues contemporaines. Pas de nostalgie figée cette année, mais un élan vital qui, face aux tourments du bassin – conflits au Proche-Orient, fractures sociales –, réaffirme la mission du festival : un refuge pour les voix libres, un dialogue tissé de pellicules. Sous la houlette de Christophe Leparc, directeur aux convictions chevillées au corps, Cinemed n’oubliera pas ses racines – ces rives partagées de la Méditerranée, de la mer Noire au Portugal et à la Syrie –, mais les réinvente avec une audace communicative. Comme un sirocco qui chasse les ombres, cette édition honore les contemporains tout en tendant l’oreille aux échos du passé. Prêts à embarquer ? Laissez-vous porter par cette programmation qui, de l’ouverture à la clôture, promet rires, larmes et révélations.
Une ouverture en majuscule : L’Étranger, un miroir camusien sous les projecteurs
Ce vendredi 17 octobre 2025 au Corum, Cinemed s’offrira une ouverture qui frappe comme un uppercut philosophique : L’Étranger de François Ozon, adaptation étincelante du roman d’Albert Camus. En présence du maître français lui-même, le film dressera le portrait d’un Meursault moderne, errant dans un Algérie hantée par l’absurde et l’exil intérieur. Ozon, fidèle à son art de disséquer les âmes avec une précision chirurgicale – rappelez-vous Swimming Pool ou Dans la maison –, signe ici une œuvre qui résonne plus que jamais avec les fractures méditerranéennes actuelles. Cette soirée, que l’on imagine déjà dantesque au niveau de l’ambiance de l’Opéra Berlioz, ne sera pas qu’un prélude : c’est une déclaration d’intention, un appel à l’empathie qui infusera l’ensemble du festival.
En compétition : une « nouvelle vague » qui gronde.
Au cœur battant de cette 47e édition, la compétition des longs métrages de fiction déploie neuf perles inédites, en lice pour l’Antigone d’or – ce trophée de 15 000 euros qui propulse les talents vers les écrans français. Sous la présidence d’Ariane Ascaride, icône des rivages provençaux et complice de Robert Guédiguian, le jury scrutera ces œuvres qui capturent l’essence méditerranéenne : migrations, identités en fusion, colères contenues. Parmi les favoris, La voix de Hind Rajab, de Kaouther Ben Hania, habituée des travées montpellieraines et qui sort d’une ovation de 23 minutes à la Mostra de Venise ! Mais aussi, la découverte de la compétition pour Maryam Touzani, moitié du cinéaste Nabil Ayouch et qui a connu un franc succès avec Le bleu de Caftan, son précédent opus. Rue Malaga semble vraiment plein de promesses méditerranéennes. A retenir aussi, le tout juste lauréat du Festival de San Sebastian, Les Dimanches, de Alauda Ruiz de Azua. De l’Italie au Liban, en passant par des voix arméniennes oubliées, cette sélection nous offrira un kaléidoscope de vitalité : des polars psychologiques qui sondent les abysses familiaux, aux drames intimistes qui célèbrent la résilience. Un immanquable pour qui veut palper le pouls d’un cinéma qui refuse la censure et embrasse la complexité.
Des « Etoiles » qui illuminent les rives.
Et comme toujours, Cinemed sait convier ceux qui font vibrer les écrans d’aujourd’hui, transformant le festival en un salon flottant d’idées et d’anecdotes. Raymond Depardon et Claudine Nougaret, duo mythique du documentaire français, reçoivront un hommage retentissant : une rétrospective exhaustive de leurs odyssées visuelles, de Faits divers à La Vie moderne, où la caméra capture les fractures sociales avec une tendresse rugueuse. Sabrina Ouazani, actrice caméléon aux mille nuances – de L’Esquive à ses rôles plus légers mais pas moins importants –, animera une masterclass le 25 octobre, occasion unique de vivre une de ces moments chaleureux dont le festival regorge. Fernando León de Aranoa, cinéaste espagnol au vitriol éclectique (El buen patron, A perfect day), foulera pour la première fois les planches montpelliéraines, apportant son humour noir sur les inégalités. Sans oublier l’hommage aux 100 ans de Youssef Chahine : trois classiques (Le Destin, Adieu Bonaparte, L’Emigre) pour raviver le feu sacré du cinéma Egyptien.
Des bourrasque de fraîcheur qui gâtent l’amateur pour les avant-premières Cinemed.
Hors compétition, les avant-premières affluent comme une mousson bienfaisante, offrant au public des premières françaises escortées par leurs auteurs – un luxe que Cinemed maîtrise à la perfection. Le Gang des Amazones de Mélissa Drijard injectera une dose d’adrénaline féministe, suivant un crew de braqueuses dans les ruelles algéroises – un polar rythmé qui pulsera au son du raï. Et que dire de L’âme idéale d’Alice Vial, comédie philosophique avec Jonathan Cohen en chercheur d’absolu, projetée en sa présence le 20 octobre ? Un éclat de rire qui allègera les cœurs. Côté séries, les trois premiers épisodes de Los Años Nuevos de Rodrigo Sorogoyen (déjà notre chouchou de l’édition précédente) promettent un thriller temporel haletant. Ajoutez à cela des journées spéciales, comme celle consacrée à l’état des lieux du cinéma syrien, ou encore l’hommage au monstre sacré Dino Risi, et vous avez un festival qui gâtera l’amateur sous toutes ses formes : du bis à l’auteur, du rire aux larmes, le tout en un claquement de doigts.
… et une clôture en majuscule avec Romería, le nouveau film de la surdouée Carla Simon.
Le 25 octobre, le festival tirera sa révérence sur une note de grâce païenne avec Romería de Carla Simón, film-affiche de cette édition qui bouclera la boucle comme une procession andalouse. Ce portrait de ferveur collective, où les corps et les âmes se fondent dans une danse rituelle, incarne l’esprit de Cinemed : un lien indissoluble entre passé et présent, entre rives déchirées et espoirs partagés. En présence de la réalisatrice catalane, la soirée de remise des prix – Antigone d’or en tête – scellera une semaine de ferveur. Cette clôture ne sera pas une fin, mais un écho : comme les vagues qui reviennent inlassablement, le Cinemed nous laisse assoiffé de la prochaine marée.
Du 17 au 25 octobre, au Corum, au Centre Rabelais et dans les cinémas de Montpellier, montez dans le train Cinemed, et ne descendez plus.
Billetterie : https://www.cinemed.tm.fr/billetterie