Noémie Lvovsky et Yvan Attal : un duo de choc au Festival de Ramatuelle
Sébastien Thiéry, comédien, est aussi auteur de pièces de théâtre où son écriture féroce, désopilante et affranchie de toute morale, cohabite avec la comédie de boulevard, n’hésitant pas à déstabiliser le spectateur.
Un as en la matière qui n’a pas son pareil pour démasquer et se moquer avec la perfidie qu’on lui connait, de la folie et de l’hypocrisie d’une époque toujours plus déréglée et désincarnée.
On se souvient de sa comédie noire et hilarante « L’origine du monde », montée au Théâtre du Rond-Point en 2013, dans une mise en scène de Jean-Michel Ribes, où s’imaginant condamné à mourir, il devait dans un défi aussi improbable que psychanalytique pour éviter la mort annoncée, prendre une photo du sexe de sa mère jouée par Isabelle Sandoyan !
Aujourd’hui, c’est à un couple de bobos parfaits (enfin presque !) qu’il s’attaque en questionnant l’épineuse question de la transparence au sein du couple. Tout un programme…
Justine (Noémie Lvovsky) et Jean-Marc (Yvan Attal), mariés depuis vingt-cinq ans, sont dans leur cuisine dînatoire quand ils reçoivent par mail des vidéos dévoilant leur quotidien. Une mystérieuse webcam les aurait filmés à leur insu.
La pièce impose dès les premiers instants cette situation ubuesque qui voit les personnages de plus en plus paniqués, perdre pied à l’aune des révélations compromettantes découvertes, et révéler la face cachée et pas très glorieuse de leur relation.
De l’absurde au comique, il n’y a qu’un pas…
L’absurde de la situation – d’un comique irrépressible – est un cauchemar parce que les personnages ont conscience de vivre une situation impossible et surréaliste.
La mise en scène enlevée, rythmée de Jean-Louis Benoît accompagne de concert la situation qui se tend crescendo et dans un délire savamment orchestré entre joutes verbales, l’apparition d’un gorille (Paolo Mattei), et une danse endiablée en 3D du couple sur la musique d’Electricity.
Le duo Noémie Lvovsky et Yvan Attal fonctionne à merveille. À la fois solaire, humaine et malicieuse, Noémie Lvovsky est d’une justesse parfaite. Quant à Yvan Attal, il se montre aussi fourbe que retranché dans ses certitudes où chacun des protagonistes tour à tour paniqué et ébranlé, se débat avec sa mauvaise foi, ses mensonges et ses coups bas. Bravo !
Date : le 05 août 2024 à 21h30 – Lieu : Festival de Ramatuelle
Metteur en scène : Jean-Louis Benoît