Le Roméo et Juliette abstrait de Sasha Waltz à l’Opéra Bastille

Le Roméo et Juliette abstrait de Sasha Waltz à l’Opéra Bastille
Roméo et Juliette – Sasha Waltz © Ann Ray Opéra national de Paris, 2018

Le Roméo et Juliette abstrait de Sasha Waltz à l’Opéra Bastille

La chorégraphe allemande Sasha Waltz, installée à Berlin, revient à l’Opéra Bastille avec sa version de Roméo et Juliette, créée en 2007, sur la partition d’Hector Berlioz. À la lecture politique qu’en fit Shakespeare, la chorégraphe préfère une œuvre plus abstraite et intemporelle du mythe des amants de Vérone où s’explore dans une grâce suspendue, la relation entre l’amour et la mort, la jeunesse et l’innocence.

Structurée par deux plateaux mouvants, la danse se déploie en un jeu de forces et de tensions porteur de la fureur et du danger d’aimer.

L’amour à mort

Elle y incarne – à l’abri d’une scénographie abstraite et fluctuante avec ses différents niveaux, ses angles, et ses ruptures – cette passion maudite immergée dans un environnement hostile marqué par les clivages de la société et l’autoritarisme d’un pouvoir patriarcal qui dressent des clans les uns contre les autres et annihilent toute volonté d’émancipation.

Images saisissantes que celles de Roméo grimpant désespérément la paroi avant d’y être rejeté à chaque reprise (émouvant Hugo Marchand) ou de Juliette recouverte de galets (Amandine Albisson incandescente).

La danse ample et aérienne non dépourvue d’humour, s’imprègne de toute la dimension ardente, et jusqu’au-boutiste du texte du dramaturge, qui voit les corps électriser le plateau en des groupes qui se forment, s’immobilisent et se dispersent, se rejoignent ou s’opposent et des danseuses se contorsionner de manière parodique ou grotesque avant de constituer de nouveau des duos à l’allure classique.

Les mouvements organiques et déliés empruntent à la formation classique des interprètes ainsi qu’à la danse-contact, vocabulaire de la chorégraphe tandis que la sobriété des costumes et l’amplitude des décors, en noir et blanc, qui font corps avec le langage corporel, accentuent encore l’intensité dramatique de l’œuvre et le paroxysme des émotions des jeunes héros.

La distribution est au diapason où le final, dans un dernier élan d’intensité, parachève son homogénéité et consacre la mort des deux amants, à jamais réunis pour l’éternité.

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Dates : du 6 avril au 4 mai 2018 l Lieu Opéra Bastille (Paris)
Chorégraphe : Sasha Waltz

NOS NOTES ...
Originalité
Scénographie
Chorégraphie
Amaury Jacquet
Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.
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