Le vertige du Net selon Marion Siéfert

Le vertige du Net selon Marion Siéfert
© Matthieu Bareyre

Le vertige du Net selon Marion Siéfert

Avec « Daddy » sa nouvelle création, Marion Siéfert nous plonge dans l’univers pervers des jeux vidéos et cette dualité entre le virtuel et la vie réelle où si les frontières s’annihilent jusqu’à s’y perdre, le pire reste quant à lui bien réel. Un coup de maître.

Mara, treize ans, veut devenir actrice et s’évade dans des jeux de rôle en ligne. Lorsque son avatar y rencontre celui de Julien, vingt-sept ans, il lui propose de participer à un nouveau jeu « Daddy », dans lequel elle peut s’y investir avec son vrai corps. Grâce aux compétences et tenues que julien lui achète, Mara va pouvoir réaliser son rêve de devenir actrice et donner envie à sa fan base de miser sur elle mais pas sans contreparties…

Une traversée vertigineuse

Théâtre dans le théâtre donc où les acteurs jouent d’abord des personnages réels puis leurs avatars, propulsés dans un monde virtuel, sans foi ni loi, dans lequel tout est jeu et sans limites, mais qui n’en demeure pas moins réel, avec cette confusion des deux espaces incarnés entre le faux (le meurtre des parents) qui côtoie le vrai (le viol de Mara), imprimant toute la force, le trouble et l’originalité du spectacle, servi par une mise en scène aussi foisonnante que percutante.

Au sein du jeu Mara va s’essayer à tous les genres : comédie musicale, drames, films de vampires, tandis que le piège de l’emprise, inexorablement, se referme sur elle.

Cette immersion est propice à une théâtralité débridée et rythmée, toujours à bonne distance, accompagnée par des musiques et des chansons qui renvoient à toute une histoire patriarcale, de Marilyn Monroe à Snoop Dogg, porteuse d’une objectification du corps des femmes et d’une domination masculine.

La pièce parle aussi du rapport de classe et de la violence induite par le capitalisme numérique, en construisant la fiction d’un jeu dans lequel la personne humaine, dans sa partie ou dans sa totalité, est mise en vente et devient l’objet de spéculations. Et c’est cette fuite en avant qui rend possible l’abus et l’organise de par sa conception même.

Les comédiens emmenés par le duo Lila Houel (Mara) et Louis Peres (Julien) sont à l’unisson pour nous plonger dans cet univers de chimères mais non sans danger et dont la scène finale, mémorable, consacre son échappatoire. Bravo !

Dates : 15 et 16 mai 2024 – Lieu : Théâtre des Louvrais (Pontoise)
Mise en scène : Marion Siéfert

NOS NOTES ...
Originalité
Scénographie
Mise en scène
Jeu des acteurs
Amaury Jacquet
Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.
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