Une jeune fille vit ses premiers émois d’adolescence au contact de son demi-frère atterri de nulle part. Les accents anglais sont à couper au couteau, les jeunes hommes vivent de petits larcins et les jeunes filles s’apprêtent pour leur plaire. Tout sent l’apprentissage de la vie dans ce petit film charmant et envoutant. Les jeunes acteurs n’en font pas des tonnes et le courant passe avec un spectateur attiré par cette bluette inconséquente.
Il faut bien que jeunesse se passe
L’envolée se nomme Perfect 10 en VO et la réalisatrice écossaise Eva Riley y livre un premier long métrage remarquable de sincérité. Rien ne fait forcé dans l’histoire de Leigh, 14 ans, adolescente gymnaste douée et mal dans sa peau. Constamment agressée par les regards en coin et les réflexions acides de ses congénères, elle va se réfugier dans le petit monde offert par Joe, demi-frère débarqué dans son univers étriqué. Aussi futé qu’elle semble effacée, ils vont trouver un terrain d’entente après des premiers temps remplis de doutes et de méfiance mutuelle. Le film ne vole pas plus haut qu’un conte sur l’adolescence mais il remplit tout le cadre et ne connait aucune fausse note tout au long de ses 82 minutes. La jeune Frankie Box et le tout aussi jeune Alfie Deegan trouvent le ton juste pour figurer les hésitations d’un âge de transformation rempli de tourments existentiels. La gymnaste douée mais renfermée exprime enfin tout son potentiel quand elle cesse de se faire des nœuds au cerveau. Qui n’a pas connu cette période ingrate où rien ne va malgré les encouragements à se dépasser? L’adolescence est exprimée avec justesse et profondeur avec trois fois rien, sans esclandres au-delà des bruits de scooter qui pétaradent et les quelques erreurs de jeunesse faites de petits larcins et d’injures faciles. La ville de Brighton se transforme en station balnéaire langoureuse où le mal de vivre fait loi pour une jeunesse en quête de sensations et de sens à sa vie. Les doutes accompagnent la difficulté à s’accomplir face à un autrui perçu comme une menace constante. L’anxiété de la sportive renvoi constamment au mal-être intérieur, en perte d’équilibre là où il faudrait placer des cabrioles acrobatiques.
L’envolée est une première ébauche réussie d’ambition cinématographique collée à la réalité du quotidien. Eva Riley réussit à captiver avec une histoire minuscule qui s’élève à l’universalité de l’adolescence universelle. Le film sera à découvrir le 8 juillet en salles lorsque les cinémas seront enfin ouverts, il sera plus que temps.
Synopsis: Leigh, 14 ans, vit dans la banlieue de Brighton avec un père souvent absent. C’est une gymnaste douée qui s’entraîne intensément pour sa première compétition. Lorsqu’un demi-frère plus âgé apparait une nuit sur le seuil de sa porte, son existence solitaire vacille. La méfiance fait place à des sensations inconnues et grisantes. Leigh s’ouvre à un monde nouveau.