Les Combats d’une reine, mise en scène de Françoise Courvoiser, à Paris

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La Manufactures des Abbesses du 28 août au 19 octobre 2014
7, rue Véron
Paris 18ème

« Les Combats d’une reine » évoquent le parcours singulier de Gisélidis Réal qui fut à la fois écrivain et prostituée, et dont l’œuvre est aujourd’hui éditée chez Verticales.

Françoise Courvoisier (convaincante), Judith Magre (impériale) et Magali Pinglaut (sensible) portent à la scène la parole libre de cette femme rebelle, capable de passer avec la même sincérité du trottoir à la plume.

[pull_quote_center]Un bel hommage à l’insoumission et à son verbe souverain[/pull_quote_center]

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Ecrivain dans l’âme et femme engagée qui n’aura cesse de revendiquer sa liberté, on est saisi par la puissance évocatrice des mots, leur versant abrupt, où s’impriment une incorrigible lucidité et une lutte caustique contre le conformisme. Mais on entend aussi ses coups de cœur pour des amants fébriles comme ses coups de blues lorsque la prison l’étouffe ou que, plus tard, la maladie la rattrape.
Grisélidis Réal aimait marcher la nuit. Elle aimait rire, discuter, danser, peindre, philosopher, lire, savourer un bon vin, en un mot vivre par dessus tout.

Si trois périodes marquantes de la vie de l’héroïne sont retracées dans le spectacle, un même sentiment de révolte l’habite, qui jamais ne l’abandonnera, et dressé contre l’hypocrisie morale, les préjugés où l’audace de l’écrivain toujours combative se dispute à un extrême appétit de vivre.

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On retrouve sur la plateau la jeune prisonnière de 35 ans (interprétée par Magali Pinglaut) qui se bat pour la liberté avec quatre enfants laissés à la maison et un amant qui ne reviendra pas, la militante de 50 ans (Françoise Courvoisier) se reconnaissant une mission sociale contre la misère sexuelle et qui prend la tête d’un mouvement de défense des droits et de la dignité des travailleurs du sexe, et la femme de 75 ans affrontant avec candeur et parfois dérision le cancer dans un ultime combat pour la vie (Judith Magre).

Trois épisodes donc pour trois lieux suggérés par une valise, un comptoir de bar, une table bureau où chacune des actrices se glisse avec intensité, à l’abri d’un jeu fluide en parfaite harmonie offrant entre elles des allers-retours sur un destin en dehors des clous, dans le costume unique mais pluriel de cette pasionaria.

Un bel hommage à l’insoumission et à son verbe souverain…

Amaury Jacquet
Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

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