Le trio incandescent de Jean-Claude Gallotta

 Le trio incandescent de Jean-Claude Gallotta

Le trio incandescent de Jean-Claude Gallotta

Jean-Claude Gallotta, en deuil de sa propre mère, s’est remémoré la lecture de L’Etranger d’Albert Camus dont la perte catalyse chez Meursault une réalité impossible à vivre et des sentiments tumultueux.

À l’écriture blanche de l’écrivain, le chorégraphe fait écho par des corps en mouvement à la jeunesse séductrice de sa mère passée à Oran et à sa propre enfance en Algérie. Envoûtant.

Il sélectionne quelques passages lus en voix off en chronologie avec le récit où sont aussi projetés en fond de scène des photos de sa mère, des images documentaires et de courts extraits de films de Tarkovski, Visconti, Fellini ou Capra. Ce matériau vient en résonance avec cette part d’intimité dévoilée et la couleur du roman : mystérieuse, sensuelle, énigmatique, et dont la rencontre donne court à la force de l’imaginaire.

Le tout sur une bande son captive qui emprunte à la musique orientale traditionnelle au heavy metal en passant par l’électro.

[…] une réinterprétation intime et vibrante […]

Et rien d’illustratif dans la chorégraphie qui se cale sur la structure narrative du livre : la mère, Marie, Salamano (le voisin), le chien, le proxénète, la mort. Elle fait la part belle à des duos et des trios investis, propices à une gestuelle abstraite, rapide, organique et à cet embrasement fiévreux des corps aux prises avec leur antagonisme

Le trio incandescent de Jean-Claude Gallotta

Mouvements incessants et virevoltants composent l’espace emprunts d’élans qui s’entrechoquent et se cognent à cette étrangeté au monde, son absurdité, évoquée par l’écrivain.

Les trois danseurs, membres permanents du Groupe Emile Dubois (la compagnie de Jean-Claude Gallotta), hypnotisent la scène, en passant alternativement d’un personnage à l’autre, Thierry Verger jouant tour à tour Meursault, Salamano et l’Arabe; les deux danseuses Ximena Figueroa et Béatrice Warrand interchangeant entre Marie, la mère, des prostituées et des ombres féminines.

Un trio puissant pour une réinterprétation intime et vibrante de l’œuvre de Camus.

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Dates : du 23 février au 5 mars 2016 l Lieu Théâtre des Abbesses (Paris)
Chorégraphe : Jean-Claude Gallotta

NOS NOTES ...
Originalité
Scénographie
Chorégraphie
Amaury Jacquet
Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.
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