L’Or et la Paille de Pierre Barillet et Jean-Pierre Grédy, mise en scène par Jeanne Herry, à Paris (prolongation jusqu’au 15/04/2015

Théâtre du Rond-Point du 4 mars au 5 avril 2015

En 1956, Pierre Barillet et Jean-Pierre Gredy, duo emblématique du théâtre de boulevard, crée L’Or et la Paille avant Folle Amanda, Potiche, ou Fleur de Cactus, rôles indissociables de l’interprétation qu’en ont donné Jacqueline Maillan, Catherine Deneuve et Lauren Bacall.

Et dans cette histoire, pas de morale, pas de victimes mais quelques abuseurs abusés.

Un peu plus de cinquante ans plus tard, Jeanne Herry, comédienne formée au conservatoire et révélée dernièrement en tant que réalisatrice pour son premier film « Elle l’adore », succès public sorti à l’automne dernier, met en scène cette pièce avec un vrai regard. En revisitant les codes du genre à l’abri d’un ton décalé, ludique et poétique, Jeanne Herry en exploite toute la force comique et les enjeux qui renvoient à notre époque non dénuée de cynisme et de superficialité. Une réussite.

Alerte, la mise en scène fait la part belle aux joutes verbales et à la cocasserie du marivaudage sur fond de culte des apparences, d’argent facile et de pertes des valeurs. Dans un décor rajeuni, propice à l’air de jeux  surréaliste et aux dérapages, chacun des protagonistes poursuit ses obsessions et exprime ses frustrations entre les jeunes gens avides de réussite matérielle et les vieux riches prêts à tout pour combler leur solitude affective.

« Donne-moi de l’argent » ! réclame Géraldine à Thierry dès sa première réplique sur le plateau et révélatrice du fil conducteur de la fable où entre amour et argent, leur cœur balance sans foi ni loi !.

Car le couple, oisif, n’a pas d’argent et squatte l’appartement d’un ami où pour financer leurs rêves de grandeur, ils échafaudent un plan machiavélique en séduisant, chacun de leur coté, un riche timide magnat de l’industrie du tuyau et une veuve multimilliardaire, ancienne meneuse de cabaret.

Tandis qu’ils s’affairent à leurs mariages blancs leur permettant de prétendre à la fortune de leurs conjoints, le jour des noces de Thierry avec sa veuve, Géraldine réapparait et lui fait part de ses doutes.

Entre temps, les deux vieux prétendants, victimes de leur stratège, se rencontrent et retombent amoureux car ils s’étaient connus jeunes mais s’étaient manqués sur un malentendu…

Alerte, la mise en scène fait la part belle aux joutes verbales et à la cocasserie du marivaudage sur fond de culte des apparences, d’argent facile et de pertes des valeurs. Dans un décor rajeuni, propice à l’air de jeux  surréaliste et aux dérapages, chacun des protagonistes poursuit ses obsessions et exprime ses frustrations entre les jeunes gens avides de réussite matérielle et les vieux riches prêts à tout pour combler leur solitude affective.

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La distribution est au diapason avec dans le rôle du couple diabolique : Céline Martin-Sisteron et Loïc Riewer au jeu très maîtrisé et rythmé, qui se montrent tour à tour séducteurs et manipulateurs à souhait. Hélène Alexandridis porte à merveille la candeur et la démesure de Cora, cette ancienne chanteuse de music hall devenue richissime grâce à son mariage et dont la scène de reconnaissance avec son double d’infortune Raoul, sur fond d’une chorégraphie chantée “La chicorée frisée”, est un grand moment. Quant à Olivier Broche, l’ex des Deschiens, il incarne un Raoul aussi désopilant que faussement naïf.

Et dans cette histoire, pas de morale, pas de victimes mais quelques abuseurs abusés…

Amaury Jacquet
Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

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