Chatons violents
Comédie des Boulevards, 39 rue du sentier
Tous les mardi et mercredi à 20h
www.comediedesboulevards.com
Océanerosemarie est une « lesbienne à chats ». Dans son spectacle « chatons violent », dont l’affiche est aussi décalée que d’un autre genre, elle parle de chats, mais aussi de bobos et de racisme. Un spectacle parigo-parisien qui fait beaucoup rire.
Après « la lesbienne invisible », Océanerosemarie, jeune auteur comédienne et féministe (entre autre), revient sur le devant de la scène avec son « chatons violents ». Dès les premières minutes du spectacle, elle nous embarque dans son univers quelque peu hystérique de jeune femme en couple (avec une femme, et oui) devenue fan de chats et mère adoptive d’un Maine Coon et un Sacré de Birmanie. Le passage chatons-couples de son spectacle est plein d’autodérision, totalement burlesque. On regrette qu’il ne dure pas plus. Crakinette et Froustinette n’ont que des seconds rôles, et c’est bien dommage.
Très vite, l’histoire change de ton, de sujet. Car le fond du spectacle d’Océanerosemarie cette fois-ci, ce sont les parisiens. Et plus particulièrement les « BBB », les bons bobos blancs (un bon gros pourcentage des personnes présentes dans la salle, certainement). Ceux que Renaud définissait de « nouvelle classe entre les bourges et les prolos ». Ou ceux qu’on appelle parfois la gauche caviar, peut-être. Ils ont grandi avec SOS Racisme et « Touche pas à mon pote », connu Mitterrand et loué les discours de Badinter, ils aiment les haies en bambou et s’exilent à Marseille ou à Montreuil. Les bobos, pour Océanerosemarie, ce sont des gens de gauche qui, sans le savoir ou malgré eux, sont un peu racistes. Ils n’aiment pas la guerre parce que « c’est naze », ils aiment twitter parce que « c’est cool », ils vont voir des expos sur l’esclavage et ils culpabilisent en voyant des roms mendier dans le métro. Mais ils rangent quand même leur iPhone6 en passant à côté d’eux.. Ils sont de gauche, écolos quand ça les arrange, et cette affirmation donne réponse à tout. C’est toute cette classe de « bobos », dont elle fait d’ailleurs partie (on n’est pas chroniqueuse sur France Inter sans être un peu bobo…), qu’Océanerosemarie nous décrit avec beaucoup d’humour. Le spectacle est dense, très dense. La comédienne excelle dans le débit de blagues et de subtilités, elle improvise des sketchs sur l’actualité du jour avec un naturel incroyable. Les sujets sont parfois graves (du port du voile au conflit israélo-palestinien) mais sans jamais devenir barbants. On revient très vite à un humour léger, tout en finesse.
Un spectacle communautaire. Voilà comment Océanerosemarie décrit la soirée et invite ses spectateurs à ne conseiller son show qu’à des gens de choix. Des bobos.
En fait, ce sont peut-être eux, les chatons violents.