« Oncle Vania » d’Anton Tchekhov, mise en scène par Eric Lacascade, à Sceaux

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Les Gémeaux / Scène Nationale du 8 au 19 octobre 2014
49, avenue Georges Clemenceau
92330 Sceaux

Le metteur en scène Eric Lacascade revient à son auteur de prédilection Anton chekhov avec « Oncle Vania » dans une adaptation qui s’inspire également de sa version initiale « L’homme des bois », amplifiant les considérations écologistes et avant-gardistes de la pièce. Il nous offre un formidable travail de troupe qui brûle de ces âmes inaccomplies aux destins étouffés où le plateau en perpétuel mouvement est constamment habité, vibrant et parfois drôle.
[pull_quote_center]De ces personnages en crise suspendus entre l’illusion de leurs vies et la solitude implacable de leurs conditions, on côtoie le tragique et le comique dans ce grand désordre qu’est la vie et que la mise en scène circulatoire d’Eric Lacascade restitue à merveille.[/pull_quote_center]

Le premier acte s’ouvre sur une ambiance festive, collective où sous les feux de l’ivresse les ambitions et les rêves se déversent à l’instar de cet impressionnant tréteau-balançoire en zinc qui voit les verres se remplir et glisser jusqu’à son convive.

Pour ensuite faire place à une scénographie plus oppressante aux lignes géométriques où chacun des protagonistes confronté à ses tourments existentiels, ses rancœurs va faire entendre et éclater un morceau de sa vérité, de sa déception, et de son désir.

Vania vit à la campagne, dans la propriété de sa défunte sœur, avec sa mère, sa nièce, Sonia, et quelques amis. L’arrivée de son beau-frère, le professeur à la retraite, Alexandre Sérébriakov, et de sa jeune épouse, Eléna, va bouleverser cette simple vie quotidienne. La plupart des personnages sont des insatisfaits : Astrov le médecin qui ne vit que pour ses patients et ses forêts, Sonia amoureuse sans retour, Elena épouse obéissante, Serebriakov, tyran domestique et Oncle Vania qui se découvre amoureux de sa jeune belle sœur…

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De ces personnages en crise suspendus entre l’illusion de leurs vies et la solitude implacable de leur condition, on côtoie le tragique et le comique dans ce grand désordre qu’est la vie et que la mise en scène circulatoire d’Eric Lacascade restitue à merveille.

Chorégraphie des corps et de l’espace qui fait vivre et respirer ce déferlement d’humanité où se mêlent et s’entrechoquent les passions naissantes puis avortées, les espoirs déçus, les trahisons, les doutes, les peurs, la conscience aiguë de la perte, le renoncement et l’emportement.

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Et les comédiens sont à l’unisson dans ce spectacle choral pour porter cette parole profonde et paradoxale. Alain d’Haeyer, est un Vania poignant et intense tandis qu’Ambre Kahan campe avec profondeur une Elena à la fois séductrice et soumise. Quant à Sonia interprétée par Millaray Lobos Garcia, elle est gracieuse de fragilité et d’humanité.

On est littéralement saisi par la scène finale magistrale où Vania apparait seul et prostré dans la maison abandonnée de tous où s’accompagnant d’un air de bandonéon, il hurle sa résignation.

Car il faut vivre, malgré tout…

Amaury Jacquet
Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

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  1. Oncle Vania dans la superbe mise en scène d’Eric Lacascade sera également à l’affiche de La Passerelle, scène nationale de Saint-Brieuc mercredi 5 et jeudi 6 novembre à 20h30 http://www.lapasserelle.info/oncle_vania.html

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