« Outsider » : l’envolée chorégraphique de Rachid Ouramdane
Rachid Ouramdane est un habitué des projets à la croisée des disciplines qui aime explorer de nouveaux territoires, sensoriels comme imaginaires, et repousser les limites du chorégraphique.
Avec « Outsider », le chorégraphe mêle quatre sportifs de l’extrême aux fugues des 21 danseurs et danseuses du Ballet du Grand Théâtre de Genève, où s’explorent les thèmes de la fragilité, du risque et du dépassement.
Travaillant sur la murmuration, ces nuées d’oiseaux composant et recomposant de savantes figures dans le ciel, Rachid Ouramdane invite à une pièce où tout s’enchevêtre. Faisant dialoguer à l’envi les déplacements groupés de ses interprètes avec, à la fois, le jeu du volume créé par l’espace et sa tension, les lumières et la musique répétitive et hypnotique du compositeur américain Julius Eastman, figure du bouillonnement new-yorkais des années 70 et du minimalisme avant-gardiste, dont les compositions pour quatre pianos impriment une pulsation lancinante et envoûtante.
Au dessus des danseurs, quatre highliners. Sur des sangles tendues d’un côté à l’autre du plateau, ils évoluent et interagissent entre le ciel et le sol.
On assiste à une succession de variations dont les mouvements continus sont saisissants de fluidité, de légèreté, d’expressivité, où l’action se déroule comme une réaction en chaîne. Un territoire sensoriel empreint de poésie et de prise de risque avec son continuum d’espace-temps qui voit les corps s’entremêler et se défaire dans une synergie parfaite.
Des chaînes humaines et aériennes
Les figures sont propices à l’élan comme à l’envol et font la part belle aux enchevêtrements, jaillissements, courses, saltos, glissés, portés, où la relation entre l’individu et le collectif ne cesse de se compléter, entre ciel et terre.
Une chorégraphie en dialogue total avec la musique et sa pulsation rythmique, où des vagues de corps envahissent le plateau avant de le quitter tout aussi rapidement, où se forment aussi des chaînes humaines aériennes et organiques, en mouvement constant, dans lesquelles chaque interprète affirme sa position en coordination avec la circulation d’ensemble.
Le tout porté par une ferveur et une dynamique des corps, où la relation entre l’individu et le collectif ne cesse de se questionner, de se rapprocher dans une profonde et essentielle solidarité.
Courir, s’élever, se rattraper, se rassembler, se détacher, s’abandonner, se relever encore, s’élever toujours, tels sont les mots d’ordre de ce spectacle pour un emportement total.
Dates : du 21 au 24 juin 2024 – Lieu : La Villette (Paris)
Chorégraphe : Rachid Ouramdane