Odéon – Théâtre de l’Europe
Ateliers Berthier jusqu’au 1 février 2014
8, bl Berthier Paris 17e
Après Jean Bellorini, la nouvelle génération est à nouveau à l’honneur aux ateliers Berthier avec le metteur en scène Benjamin Porée de moins de trente ans, qui présente sa nouvelle création : Platonov.
Pièce écrite à dix-huit ans par Tchekhov, réputée injouable, elle propose un texte fleuve où l’œuvre à venir du dramaturge russe est en gestation. On y côtoie déjà la vacuité de l’existence et le mal-être d’une génération en mal de pères comme en quête de repères où Platonov est la figure multiple et noire. Où tout l’enjeu dramaturgique se concentre sur cette question : « Vivre, comment faut-il faire ? » dans une fuite en avant aussi absolue qu’illusoire.
A l’abri d’une approche très cinématographique et d’une appropriation réussie du temps et de l’espace (4h30 de représentation, 15 comédiens + 16 figurants), Benjamin Porée fait entendre au plus près cette recherche de vérité où chacun des protagonistes se confronte, s’abandonne et se perd.
Platonov est donc un drame de jeunesse. L’évocation d’un ordre sociétal aux prises avec son incommunicabilité tant au niveau du groupe que de l’individu lui même et porteur de sentiments extrêmes, traversé d’actes radicaux, pétri de contradictions et d’illusions perdues. Autant d’indices et de stigmates pour une vie d’homme qui se cherche à coups de pensées irréductibles et de questionnements existentiels.
Entre comédie et tragédie, l’écriture du dramaturge se révèle fiévreuse, chaotique, consumée dans un étirement où se mêle l’amour, la haine, l’action, la violence et la perte.
Dans une première partie, on découvre Platonov à la personnalité séductrice, manipulatrice, désabusée, destructrice et son emprise sur une petite société provinciale dont la jeune veuve, Anna Petrovna, sa muse protectrice. Elle offre un espace ouvert sur l’extérieur et festif dont sait jouer le metteur en scène avec des premiers et arrières plans très visuels, le tout propice au sentiment d’étourdissement, d’enivrement, que fait naitre l’appartenance au groupe et par la même son dépérissement.
Benjamin Porée fait entendre au plus près cette recherche de vérité où chacun des protagonistes se confronte, s’abandonne et se perd
Puis, dans une seconde partie, on se focalise sur des espaces intérieurs toujours très composés qui cristallisent la perdition et son appel vers le néant.
Une traversée au cœur de l’âme russe et de son embrasement pour un spectacle à la fois pluriel et singulier…
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