Quand vient la nuit, un film de Michael R. Roskam

Quand-Vient-La-Nuit-Affiche-France

Sortie le 12 novembre 2014

Durée : 1h47

Synopsis :

Bob Saginowski, barman solitaire, suit d’un regard désabusé le système de blanchiment d’argent basé sur des bars-dépôts – appelés « Drop bars » – qui sévit dans les bas-fonds de Brooklyn. Avec son cousin et employeur Marv, Bob se retrouve au centre d’un braquage qui tourne mal. Il est bientôt mêlé à une enquête qui va réveiller des drames enfouis du passé…

Michaël R. Roskam, réalisateur d’origine belge qui a signé en 2011 le premier long métrage très remarqué Bullhead, nous revient avec Quand vient la nuit, un second film qu’il a tourné en amérique et dont l’intrigue prend place à Brooklyn. Quand vient la nuit est au départ une nouvelle de l’écrivain-scénariste à succès Dennis Lehane et intitulée « Animal Rescue » qui va devenir le scénario de Quand vient la nuit, et au passage le premier script original que signe l’écrivain pour le cinéma, car jusque-là ce sont ses romans qui ont servi de base aux films de grands réalisateurs comme Clint Eastwood  avec Mystic River, Martin Scorsese avec Shutter Island ou Ben Affleck avec Gone Baby Gone.

 

025491.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx

Décrivant un univers noir dans lequel évolue des personnes, prisonniers d’un passé douloureux qui les condamne à la solitude. C’est le cas de Bob incarné magnifiquement par Tom Hardy (Locke, The Dark Knight Rises), un barman retiré du monde et qui a mis toute émotivité en hibernation depuis des années, ce sera la découverte d’un petit chiot qui lui fera rencontrer la douce et mystérieuse Nadia incarné non moins superbement par Noomi Rapace (Millénium, Prometheus). La jeune femme, solitaire et en proie à des traumatismes cachés elle aussi, l’aidera à s’occuper du chien tout en nouant avec Bob une relation sentimentale très subtile et originale, le faisant peu à peu revenir parmi les humains. Les deux comédiens charismatiques sont pour beaucoup dans la réussite du film. Mais Quand vient la nuit n’est pas seulement une histoire d’amour, c’est aussi et surtout un polar, un vrai, avec des personnages et des intrigues secondaires tout aussi forts. Ainsi, le regretté James gandolfini (Les Soprano, Cogan : Killing Them Softly) prête sa carrure et sa bonhomie au personnage du cousin de Bob, Marv, propriétaire du bar dans lequel les deux hommes travaillent et qui sert en fond à des trafics de blanchiment d’argent et à la préparation d’un braquage. Leurs manœuvres vont attirer le soupçon qui réveillera de douloureux souvenirs d’un passé où la violence menace de ressurgir. Après Bullhead, c’est aussi la seconde collaboration du réalisateur avec le jeune et talentueux comédien Matthias Schoenaerts (De rouille et d’os). Ce dernier est Eric, une petite frappe qui fait une fixette sur Nadia, (spoiler) qui s’avère être son ancienne petite amie, et son arrivée annonce le drame qui va suivre. Notamment quand Eric rencontre Bob pour l’informer que son chiot lui appartient, simple prétexte qui entraînera des révélations et un déchaînement de violence, faisant tomber les masques et causant des victimes dans un bain de sang en forme de règlement de compte. Une mise en image parfois digne des premiers Scorsese, dont la réalisation portée par une superbe photographie de Nicolas Karakatsanis, inspirée des tableaux du Caravage et de Vermeer, évoque par instant le travail et l’univers. Le film rappelle également Drive (2011) de Nicolas Winding Refn, à travers la relation amoureuse singulière de ces deux anti-héros solitaires que sont Bob et Nadia, dont le premier cherche à protéger la seconde.

 

030179.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx

Bien que l’intrigue criminelle ne soit pas la dimension la plus originale vu à l’écran, c’est dans la psychologie très complexe des personnages que cet excellent film noir contemporain qu’est Quand vient la nuit trouve le ton et s’avère une œuvre profondément forte et attachante.

Thierry Carteret
Cinéphile passionné, Thierry est chroniqueur cinéma et DVD depuis 2006 en ayant collaboré auparavant pour des webzines comme Kinok ou La revue du cinéma. En parallèle de son activité de chroniqueur, il exerce également les fonctions de scénariste et storyboarder sur des projets de courts, longs métrages et séries de fiction.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici