En avant-première de sa sortie en Blu-Ray et DVD du 24 mars prochain, le chef d’oeuvre qui a inspiré Martin Scorsese est disponible sur Video Club Carlotta du 15 au 19 janvier. Eh oui, Scorsese s’est inspiré du film japonais de 1971 du même nom pour son film de 2016. Avec beaucoup plus de dialogues en japonais mais pas beaucoup de portugais, encore une fois, malgré la présence de jésuites portugais au XVIIe siècle. Le résultat est tout de même poignant avec une chasse aux chrétiens qui ouvre la porte aux plus bas instincts primaires de l’être humain…
Un film historique douloureux
Adapté du roman du même nom de Shusaku Endo, également embauché pour être coscénariste du film, Silence évoque le conflit culturel engendré par la peur que suscitaient les missionnaires jésuites portugais arrivés au Japon lors d’un XVIIe siècle toujours dominé par l’ordre social immémorial des shoguns et des samouraïs. Qu’un nouvel ordre puisse bousculer l’ancien, c’est intolérable pour des seigneurs sans vergogne, avec exécutions et tortures à la clé. Pour ceux qui ne le savaient pas, Scorsese n’a rien inventé et Andrew Galfield accompagné d’Adam Driver ne sont que les successeurs de Francisco Garrpe et Sebastian Rodrigo et 45 ans séparent les deux films. Masahiro Shinoda fut une figure clé de la Nouvelle Vague japonaise, et il n’hésitait pas à questionner la difficulté à faire cohabiter plusieurs cultures avec des natures humaines devenues moins obéissantes à l’ordre ancien. Le grand directeur de la photographie Kazuo Miyagawa (Rashomon d’Akira Kurosawa, L’Intendant Sansho de Kenji Mizoguchi) officie sur le film avec une mise en scène qui fait ressortir l’intense spiritualité de personnages qui tentent de sauvegarder leur foi malgré les perspectives de souffrances et de coercition. Au milieu de magnifiques paysages japonais, le film se déroule comme une chasse aux sorcières qui fait froid dans le dos. Le pays se transforme en territoire insondable avec le regard différent des jésuites portugais, forcément décontenancés par les différences culturelles locales. Le conflit aboutit comme chez Scorsese à un face-à-face magistral entre les pères Rodrigues et Ferreira, et le seigneur japonais qui rappelle la rencontre entre le colonel Kurtz et son futur meurtrier dans Apocalypse Now. La joute verbale est pleine de sens avec une profondeur qui interpelle le spectateur.
Le voyage spirituel est éblouissant et le film Silence laisse un peu plus la place au réalisme que chez Scorsese. Peut-être parce que le réalisateur est japonais, et non pas américain. Le film est à découvrir pour une vraie immersion dans une culture millénaire.
Synopsis: Au XVIIème siècle, deux prêtres portugais débarquent sur les côtes japonaises. Leur but est d’infiltrer la communauté chrétienne contrainte à la clandestinité par les autorités féodales, et de réimplanter l’Eglise dans ce pays insulaire isolé. Bientôt persécutés à leur tour, les prêtres vont découvrir la terrible vérité cachée derrière la disparition d’un autre missionnaire des années auparavant…