Le sommeil le plus doux, une confession intime d’Anne Goscinny (Grasset)
Anne Goscinny dévoile sous sa plume un récit d’une immense pureté : Le sommeil le plus doux. Pas besoin de vous présenter la fille de René Goscinny qui nous dévoile son sixième roman.
Anne Goscinny écrit son roman à la première personne. Il s’agit d’une jeune femme, Jeanne, qui va à Nice, accompagnée de sa mère et de sa grand-mère. C’est Noël. La mère de Jeanne veut revoir Nice, sa ville natale. En fait, les circonstances sont un peu spéciales. La mère de Jeanne est en phase terminale d’un cancer. Tout le monde le sait, y compris elle-même. Jeanne est hantée par elle, plutôt hantée par cette fichue maladie. Elle ne vit plus que pour sa maman, à travers elle et presque en elle. Le cancer la mine autant que sa mère. Quant à sa grand-mère, elle semble déjà partie dans un autre monde. Un monde où on l’on souffre moins. Un monde où l’on peut se réfugier.
Inutile de se parler, les esprits se rejoignent dans une même communion.
La relation fusionnelle d’une mère avec sa fille est le centre de ce roman, court, mais intense. Pas de mots inutiles. Pas de phrases pour ne rien dire. Même à travers les lignes, on continue à lire. Certains passages sont glaçants de vérité. Pour affronter le cancer, autant le faire en toute connaissance de cause. Anne Goscinny trouve les mots du cœur. Les mots qui mettent en valeur tous les non-dits entre une mère et sa fille. Inutile de se parler, les esprits se rejoignent dans une même communion.
Le soir, alors qu’elle laisse sa maman à l’hôtel, déjà endormie dans son lit, elle sort en ville, à Nice. Histoire de se changer un peu les idées. Elle rencontre un homme, Gabriel. Rencontre improbable. Rencontre qui signifie la vie alors que toute sa vie tend vers la mort. Et là, la vie va être super dominante, l’espace d’une nuit… Comme une énergie vitale alors que la vie s’en va.
Le livre donne la parole à Jeanne mais aussi à cet homme, Gabriel, qui bouleverse la vie de Jeanne. Deux voix s’élèvent alors. Deux voix si différentes et en même temps si proches.
On termine le livre, et on reprend le début, pour être sûr d’avoir bien tout ressenti… Ou tout simplement, pour se rassurer.
Le sommeil le plus doux reste une pépite d’intimité de Anne Goscinny sur les sentiments humains confrontés à la vie, à la mort, à la folie et aussi à l’amour.
« Son sourire aujourd’hui me donne envie de découvrir le monde. Elle oublie, je le vois, l’échéance des trois jours. Elle oublie que le temps est compté, elle oublie l’ombre et son murmure.
Il fait doux, Nice ouvre ses cadeaux. Il n’y a personne dans les rues. Je marche, enveloppée dans un caban trop large. Je ne pense qu’à ma mère. Je sais que la parenthèse se referme sur nous. Ma promenade, au gré du vent, au gré de rien, me conduit dans un joli jardin. Je m’assieds sur un banc, déboutonne mon manteau. Je respire. Trois pastels et mon carnet vont immortaliser le bleu, le vert et l’ocre.
C’est alors que je remarque cet homme. Il est là, tout près, assis sur un banc. Il me regarde. Il se lève. Vient vers moi. »
A. G.
C’est à Noël, sous le soleil d’hiver, qu’Anne Goscinny réunit une mère et sa fille pour un dernier voyage. Un roman poétique et personnel.