LETO, le film qui a fait chavirer la Croisette l’an dernier, sort en DVD/Blu-Ray/VOD.
Liberté ! C’est ce mot unique, cette revendication légitime, cet appel à la révolte qui viennent à l’esprit dès les premiers instants de LETO, film enthousiasmant réalisé par Kirill Serebrennikov, cinéaste qui, il faut le savoir, est assigné à résidence depuis plus d’an pour une raison assez obscure définie par le gouvernement russe. On osera à peine dire que ce n’est qu’une manœuvre destinée à nuire à un artiste jugé libertaire, contestataire. LETO, « L’été » en français, nous raconte l’amitié incandescente entre Viktor Tsoï, jeune musicien en quête de reconnaissance, et Mike Naumenko, leader du groupe Zoopark. De cette rencontre va naître une relation tout en égo et musique, le rapport de maître à élève étant toujours sous-jacent. Tout y est délicieusement filmé en noir et blanc dans un débordement d’énergie et de musique rock des 80’s. On ira même jusqu’à dire que l’esthétisme de l’ensemble est extrêmement pointu et travaillé. Ce joli noir et blanc en format scope que Serebrennikov agrémente d’effets colorés et de surimpressions crayonnées donne un vrai look type clip des eighties. Côté narratif, le cinéaste choisit soigneusement d’éviter le piège du biopic pour lui préférer une suite de variations totalement libres évoquant la scène rock de cette époque-là. Liberté !
LETO est une pure immersion dans l’émulation rock pré-Perestroika.
Tout entier imprégné de musique, LETO prend, à plusieurs reprises, des allures de comédie musicale exigeante et réussie : les passagers d’un train comme ceux d’un autocar se mettent tout à coup à chanter comme dans les meilleurs films de comédie musicale. Comment ne pas penser à Lalaland, ultime référence du genre ayant mondialement cartonné ? À cela s’ajoutent même des éléments d’animation insérés dans l’image, ce qui donne à ces séquences un caractère vivifiant et totalement enchanteur. À d’autres moments, ce sont, par exemple, les paroles d’une chanson qui apparaissent à l’écran, en particulier celles de la chanson titre « Leto ». Le cinéaste ne se refuse rien et nous on adore ce sentiment de liberté où chaque séquence qui se succède semble impossible à prévoir esthétiquement. On adore également découvrir tous ces talents russes qui n’ont pas su ou pu passer le mur. La bande son est dantesque. L’histoire d’amour qui se déroule sous nos yeux est bien plus que celle d’un homme et d’une femme qui se désire. Elle symbolise l’embrasement de cette jeunesse russe spoiliée d’une énergie débordante à l’Ouest, et pour qui tous les moyens sont bons pour prendre une incroyable décharge d’adrénaline via des riffs de guitare ravageurs. Le Festival de Cannes avait été retourné, on comprend largement pourquoi maintenant.
LETO sort le 19 juin en DVD, Blu-Ray et VOD. Un voyage musique complètement fou dans la Russie des années 80. Et le coffret Prestige conçu par Condor est le véritable moyen de vivre pleinement cette immersion. Le film sous 2 formats, la fabuleuse bande originale et un livret d’une centaine de pages vous accompagnement dans cette révolution rock russe. Les bonus ne sont pas en reste avec un riche entretien avec Kirill Serebrennikov entre autres.
Leningrad. Un été du début des années 80. En amont de la Perestroïka, les disques de Lou Reed et de David Bowie s’échangent en contrebande, et une scène rock émerge. Mike et sa femme la belle Natacha rencontrent le jeune Viktor Tsoï. Entourés d’une nouvelle génération de musiciens, ils vont changer le cours du rock’n’roll en Union Soviétique.
Durée : 2h06
Réalisateur : Kirill Serebrennikov
Avec : Roman Bilyk, Irina Starshenbaum, Teo Yoo
Genre : Film musical
Distributeur : Condor Entertainment
Prix : à partir de 19,99 € (DVD)
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