« Souvenir », la fable acidulée et ambiguë de Bavo Defurne
L’année 2016 aura été exceptionnelle pour Isabelle Huppert. Son interprétation remarquée pour Elle (d’après le livre de Philippe Djian), un film de Paul Verhoeven, lui vaut plusieurs prix de l’autre coté de l’atlantique, et sa mise nu vertigineuse dans Phèdre(s) de Krzysztof Warlikowski au théâtre de l’Odéon a marqué les esprits.
On l’a retrouve dans Souvenir de Bavo Defurne avec un rôle inattendu. Où elle embarque de toute son ambivalence ce film atypique au parti pris esthétique assumé (choix des couleurs, des décors, des costumes) et qui derrière la simplicité du conte, joue une partition plus grave et plus mélancolique sur l’échec et le succès, l’ombre et la lumière du vedettariat. Une réussite.
Liliane est ouvrière dans une usine alimentaire quand un jeune collègue (Kévin Azaïs) croit la reconnaître pour avoir été jadis une révélation de la chanson avant de disparaître brutalement. Elle nie puis fini par admettre ce passé dont elle s’est éloignée volontairement pour une vie recluse et solitaire.
[…] entre réalisme et onirisme […]
Il lui propose de faire un come-back en s’associant et tombe amoureux d’elle.
La singularité du film tient à son ton entre réalisme et onirisme et à sa mise en scène habile où son esthétique du mélo se dispute à la profondeur qu’il sous-tend. A partir des thèmes de l’accomplissement, du renoncement puis du retour possible, il scrute les bouleversements contrastés qu’il induit chez chacun des personnages aux prises avec le réel et sa fantasmagorie.
Le tout sur des chansons du groupe de Pink Martini interprétées par Huppert qui collent parfaitement au climat acidulé et ambigu de la fable.
Isabelle Huppert d’une vérité désarmante, est troublante à souhait tandis que Kévin Azaïs (révélation des Combattants) impose naturellement sa présence.
Date de sortie : 21 décembre 2016
Réalisateur : Bavo Defurne l Avec : Isabelle Huppert, Kévin Azaïs, Johan Leysen