Top 10 Cinéma : le meilleur de l’année 2021

L’humanisme rageur au coeur d’une année de reconquête.

Pandémie année 2 : sommes-nous sur la bonne pente ? La non-fermeture des lieux de culture en ce mois de décembre où tous les curseurs se sont à nouveau emballés peut le laisser penser. Au-delà de célébrer une année presque pleine où Hollywood aura été moins frileux pendant que la grande bataille des salles et de la VOD bat sont plein, il est à surligner d’un marqueur rouge que l’optimisme est grandement de retour après une année 2020 maussade. Certes, LE fameux virus reste plus menaçant que jamais, mais le cinéma, et plus généralement la Culture, ont su tirer leur épingle du jeu. On a jamais été aussi friand de lecture, de concerts, de partages, de conseils, de vie.

10 – Les choses humaines (Yvan Attal – France).

Détendus de pouvoir prendre le métro sans masque.

Yvan Attal commence à se forger une carrière de réalisateur touche-à-tout plutôt intéressante. Passé le trouble de le voir fondu parfaitement en une seule personne avec son ex-compagne Charlotte Gainsbourg, à travers les traits de leur fils Ben, on se laisse agréablement surprendre par ce fait divers au relent très actuel : la question du consentement et où démarre le viol. Se jouant merveilleusement bien du spectateur, avec son approbation, Yvan Attal orchestre un savant mélange des genres et soulève énormément de problématiques en y interrogeant à tour de rôle la célébrité, la culpabilité, la religion, le tabou voire même le voyeurisme à travers nous. La distribution est bluffante, surtout la révélation Suzanne Jouannet. Le réquisitoire final laisse pantois. A travers ses mots, sa direction artistique, l’intensité de ses acteurs.

9 – Falling (Viggo Mortensen – UK).

« Le Républicain, c’est moi ! »

Chose rare : un 2e film réalisé par un acteur dans ce classement. Et ce coup-ci, un néophyte : l’excellent Viggo Mortensen. Et pour corser la difficulté quoi de mieux que de tourner dans son propre premier film ? Et là encore, comme souvent avec le danois, c’est une vraie lumière. Le sujet pouvait être sacrément casse-gueule, surtout après l’excellent The Father sorti cette même année : la dégénérescence de nos aïeux. Et à ce petit jeu, le duo qu’il forme avec le toujours très bon Lance Henriksen n’a rien à envier à la paire Zeller/Hopkins. Bien au contraire, en saupoudrant le tout de mal de sujets d’actualité et en inscrivant papi Républicain dans la place, il y a là matière à autant s’insurger, que s’émouvoir, voire rires aux éclats parfois. Un beau coup d’essai Viggo !

8 – Blue Bayou (Justin Chon – USA).

Une dernière danse avant que Jean rouspète.

Doté d’une photo assez démentielle, Blue Bayou représente presque tout ce que l’on adore dans le cinéma Indie US : des personnages écorchés par leur situation, des décors naturels bien plus proches du revers de la médaille du fameux rêve américain, et surtout un contexte social propre à ce melting-pot permanent qu’il constitue. Même s’il n’échappe pas à un certain manichéisme, Justin Chon fait preuve d’une vraie générosité dans son portrait des immigrants adoptés légaux devenus illégaux par un vide juridique volontaire. Le tout teinté d’une vraie poésie et d’une grande gourmandise artistique. Le final a littéralement emporté le coeur de votre serviteur.

7 – Hive (Blerta Basholli – Kosovo).

Objectif du jour : broyer les conventions.

Vous reprendrez bien une part de avjar ? Mais oui, vous savez bien la fameuse sauce kosovare à base de poivrons rouges grillés rendue célèbre par le film Hive. Cela pourrait bien être le prochain refrain connu par le tout Hollywood lors de la prochaine cérémonie aux Oscars tant cet écrin venu du Kosovo ne fait que briller et ramasser des prix partout où il passe depuis Sundance jusqu’au Cinemed de Montpellier. L’histoire : des veuves « en suspens » depuis le départ à la guerre de leurs maris décident d’unir leurs efforts afin de ne plus être à la merci du patriarcat désobligeant qui règne sur leur quotidien. Quoi de mieux que de bâtir leur entreprise sur ce qu’elles savent faire le mieux : le fameux avjar. Et ce avec toutes les contraintes morales, mentales et physiques que l’Homme peut faire peser sur la Femme. Un vrai film solaire et méditerranéen au contexte difficile.

6 – 007 Mourir peut attendre (Cary Joji Fukunaga – UK).

« James, on devrait s’asseoir sinon Jean sera colère ».

Et si la plus longue saga au cinéma pouvait se résumer au 5 films de Daniel Craig ? Impensable, mais tout de même. Intro brillante sous Martin Campbell, catharsis avec Sam Mendes, avant cette conclusion épique et déroutante chez Fukunaga, l’agent secret le plus célèbre de la planète, j’ai nommé James Bond, ce sera offert une vraie résurrection sous les traits de Daniel Craig. Ce dernier épisode ose tout ou presque comme une ouverture ultra-glaçante digne des thrillers les plus noirs, avant d’enchainer ses péripéties aux couleurs chaudes et réjouissantes des Pouilles et des Caraïbes. La photo de Sandgren y est exceptionnelle. Le Bond Mooresque cotoie celui de Connery avant de s’envoler vers une conclusion qui laissera personne insensible. Pour le meilleur et pour le pire, au service secret de sa Majesté.

5 – Teddy (Ludovic & Zoran Boukherma – France).

Quand la 26e vague arrive …

Attention, nouveau talent en approche ! En l’occurrence, on peut l’écrire au pluriel pour les jumeaux Boukherma. Biberonnés au film de genre, quoi de plus logique pour un premier film que de dépoussiérer le mythe du Loup Garou. Et l’une des plus grande réussite de cette entreprise est de ne pas le faire ressembler à un film de monstre dans sa globalité mais plutôt à un mix très réussi convoquant aussi bien Bruno Dumont, pour son humour absurde et sa contextualisation sociale, que M. Night Shyamalan pour son rapport aux personnages et la gestion du suspens. Un coup d’essai virtuose porté par celui qui fait un début de carrière sans faute : Anthony Bajon.

4 – St Maud (Rose Glass – UK).

« N’oubliez pas de faire vos prières du soir ».

Le film de genre le plus haut placé cette année est une antithèse de ce qu’on attend de lui. Certes, il y aura bien des vertèbres qui craquent, des noms d’oiseaux pas très catholiques ou encore des châtiments plutôt sévères, mais St Maud est bel et bien le verso de L’Exorciste et toutes sa déclinaison de film vomitif. Un contrepied brillant qui installe le mal-être par petite touche et distille son venin dans une relation aussi toxique pour le patient que le curateur. En l’occurrence, la troublante infirmière campée par l’incroyable talent de Morfydd Clark, véritable définition de la dévotion et du fanatisme. La réalisatrice Rose Glass nous guide inéluctablement vers un crescendo halluciné qui n’a rien à envier à celui d’Hérédité d’Ari Aster. On lui souhaite la même carrière.

3 – Minari (Lee Isaac Chung – USA).

Steven Yeun & Free.

Une vraie pépite humaniste se cache derrière Minari. Du nom de la petite bourgade dans l’Arkansas dans laquelle vienne de s’installer cette famille coréenne. La pure ruralité les y attend avec ce que cela comporte comme difficulté logistique et sociale. Pour surmonter ces péripéties, ils pourront compter sur la grande-mère fraichement débarquée de Corée. S’y ajouteront les mésaventures de l’âge, de la langue, des traditions, de l’insertion et évidemment de l’argent. Le magnétique et communicatif Steven Yeun porte alors sur ses épaules cette construction du Rêve Américain aux échos très contemporains et aux résonnances très Fordiennes à la fois.

2 – DUNE (Denis Villeneuve – USA).

Vole comme un Harkonnen, pique comme un Atréides.

Et si Denis Villeneuve réussissait l’impensable : adapter le chef d’oeuvre littéraire SF Dune. Lynch s’y est essayé avec un succès relatif. Jodorowsky n’est pas arrivé au bout. Après 2h36, force est de constaté que le Canadien semble pourtant bien parti pour inscrire sa saga parmi les classiques du 7e Art. On pourra lui reproché sa froideur ou la puissance dévastatrice et assourdissante de sa bande son. Mais c’est aussi ce qui forge sa légende. Autant que son esthétisme hallucinant de beauté dans la conception et la réalisation d’univers unique et si impactant visuellement. Le casting n’est pas en reste, convoquant ce qu’Hollywood fait de mieux, y compris les jeunes premiers Chalamet et Zendaya jusqu’à l’overdose. Vivement la suite !

1 – Sound of Metal (Darius Marder – USA).

Riz Ahmed légendaire !

Co-scénariste des premiers films de Derek Cianfrance, Darius Marder s’émancipe derrière la caméra sous les drums agressifs et déchargés de Riz Ahmed. Sound of Metal, c’est son histoire. C’est plutôt l’histoire de Ruben et Lou, écorchés par la vie pour diverses raisons, mais sur la voie de la rédemption. Leur couple enchaine les concerts jusqu’à ce que la surdité fait son apparition. Le crash de trop pour ses deux êtres lumineux à fleur de peau. La suite sera une merveille de film Indie qui sait croquer au plus près les âmes souffreteuses de l’Amérique contemporaine. A la qualité d’écriture du film s’ajoute une puissante exploration du handicap et de ses conséquences à l’heure de Big Pharma. Une immersion totale portée par deux des meilleurs interprètes de l’année 2021, Olivia Cooke et Riz Ahmed.

NOS NOTES ...
Originalité
Mise en scène
Jeu des acteurs
Plaisir de la séance
Jean-Marie Siousarram
Manipulateur de mots pour la presse web depuis quelques années. Cinéphage compulsif, féru de culture en tout genre, de voyages, de musique électronique, de foot. Rejeton de Chaplin & Hitchcock.
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