Top 10 Cinéma : le meilleur de l’année 2022

Réussir ou mourir.

Pandémie, l’année d’après. Que dit le Box Office français ? Pas fou. Oui, ça repart car il y a des locomotives US très viriles dont actuellement l’impressionnant phénomène AvatarCameron qui redémarre. Mais décevant tout de même quand on voit que les 10 premières places sont trustées par des suites-reboots-franchises dont aucune n’est française. Pas cocorico. Et pourtant des perles hexagonales, on en a eu comme le meilleur rôle d’Adèle Exarchopoulos dans Rien à foutre, ou encore les impressionnants Les Promesses ou Un autre monde. Le public est ailleurs. Chez lui ? Cela commence a être une triste réalité accentuée par ces 2 dernières années COVID. Les plus grands ont signés chez Netflix-Apple-Amazon, et les séries depuis le phénomène GOT n’ont plus rien à envier aux longs-métrages. Une chose est sûre, la bataille fait rage et nous ferons tout pour que la salle de cinéma soit pour longtemps encore le symbole de notre exception culturelle.

10 – The Tragedy of MacBeth (Joel Coen – USA).

Sombre est l’avenir, décidé nous avançons.

Joel Coen s’émancipe de son éternelle moitié fraternelle Ethan pour signer un pur bijou pour la plateforme Apple. Une relecture émerveillée et hantée du mythe de MacBeth d’après Shakespeare porté par un toujours impeccable Denzel Washington. Autour de cette figure tutélaire inoxydable navigue un vrai casting de gueule dont l’impressionnant Harry Melling au service de ce dilemme hors du temps servi par le dramaturge anglais. Exit ici le trait d’humour noir si particulier et délectable des Coen Bros, place à une noirceur d’âme et une précision graphique de tous les instants. Le français Bruno Delbonnel nous forge ici parmi les plus belles images de 2022.

9 – The Stranger (Thomas M. Wright – Australie).

En tête à tête avec un ange.

Un autre film de plateforme se distingue cette année, et cette fois sur Netflix. L’australien Thomas M. Wright est loin d’être le plus prestigieux des auteurs à sortir un film sur la plus réputée des plateformes de VOD, et pourtant quel uppercut servi ! Une histoire sombre, prenante, se développe lentement mais surement à travers un narration inspirée et un montage virtuose. Le tout dans l’immensité animale que représente l’Australie et ses grands espaces, offrant des nouvelles vies à qui le veut à coup de milliers de kilomètres de route. Joel Edgerton poursuit sa carrière exemplaire en faisant face au vénéneux Sean Harris, jamais aussi bon que quand il est entouré de mystères. Electrique.

8 – Fièvre Méditerranéenne (Maha Haj – Palestine/Israël).

La thérapie par les maux.

Véritable coup de coeur découvert en compétition au Festival Cinemed de Montpellier, Fièvre Méditerranéenne sait instaurer dès ses premières minutes une tonalité très particulière oscillant entre humour très noir et absurdité. Flirtant régulièrement avec le politiquement incorrect, la cinéaste Maha Haj cultive un vrai amour des mots pour servir cette improbable histoire de voisinage autour du fil rouge de la dépression. Thème éminemment casse-gueule mais qui trouve ici une singularité réjouissante à travers la relation de ces 2 hommes au foyer noyé sous le poids des responsabilités.

7 – Men (Alex Garland – UK).

Woke N Roll.

L’ex-complice de Danny Boyle poursuit son impressionnant parcours de réalisateur après les réussites Ex Machina et Annihilation. Ici le fantastique s’installe de manière plus subtil, prenant la main au spectateur pour la lui serrer de plus en plus fort dans un crescendo que n’aurait pas renié les plus grands noms de l’horreur. La campagne anglaise joue parfaitement son rôle de cocoon ouaté le jour virant au labyrinthe sans fin quand une flopée d’hommes toxiques à têtes de ouf semblent vouloir faire la peau à une pauvre demoiselle sans défense. Si vous vous voulez cauchemarder en 2022, Men est votre chose.

6 – X (Ti West – USA).

Massacre à la sodomie.

Et si le meilleur film qui rendait hommage à la saga du grand Leatherface n’avait rien à voir avec ? Très vite, Ti West ne nous laisse aucune place au doute. Ambiance 70’s, van peuplé de créatures inconséquentes, ambiance moite et poisseuse. A une chose prêt : on est là pour tourner un film pornographique. Et cela va contribuer à créer une nouvelle ambiance qui se mêle alors avec délectation à celui du survival horror pour mieux perdre ou prendre le spectateur. Saupoudrez le tout d’une qualité photo assez démentielle, de gérontophilie appuyée et d’une qualité d’écriture au-dessus de la moyenne pour ce genre de production, et vous obtenez la meilleure virée en enfer de l’année.

5 – Top Gun : Maverick (Joseph Kosinski – USA).

Je suis une légende.

Les vrais héros ne meurent jamais. En plein gloubi-boulga overdosé du Métaverse, jamais le parallélisme rôle-acteur n’aura autant atteint son paroxysme que quand l’inoxydable Tom Cruise reprend le casque de Maverick. La soixantaine toute atteinte ne semble même pas l’effleurer dans son uniforme pimpante de Top Gun. Et on en prend plein les mirettes. Jamais les vols en avion de chasse n’ont paru aussi immersifs. Hollywood nous sert un blockbuster à l’ancienne comme si la firme Marvel-Disney n’était pas passée par là. Bande son, répliques cultes, photo léchée. Et on en redemande tellement que c’est d’une générosité communicative à tous les niveaux. Tom Cruise quoi !

4 – Red Rocket (Sean Baker – USA).

Bombe à fragmentation incoming.

Sean Baker est LE cinéaste du néo-réalisme américain, et son inspiration puisée au pays le lui rend bien. Après le criard et électrique Tangerine et le lumineux The Florida Project, ses caméras se faufilent en plein coeur du Texas pour nous narrer les délicieuses mésaventures de Mikey Saber, looser magnifique qui tente de se refaire la chique après avoir perdu la trique. L’ex-acteur de film X, Simon Rex campe brillament ce personnage mi attachant, mi détestable au milieu d’une Amérique des laissés pour compte qui prend bien mieux la température du pays que tout ce qu’on trouve dans les chaines d’info en continu. Une vraie pépite Indie.

3 – The Green Knight (David Lowery – USA).

Le saigneur de l’agneau.

Messieurs, vous pouvez poser vos caméras pour 2022, Andrew Droz Palermo a cassé le game. Epoustouflant dans tous ses instants est le nouveau film de David Lowery, qui s’installe définitivement dans le cercle des réalisateurs qui comptent. Tout comme le film de Joel Coen, le choix d’une direction artistique étincelante est le fil rouge de cette relecture de la populaire légende de Sir Gawain. Matinée de noirceur et de fantastique, la vision de Lowery vous hantera encore pendant pas mal de temps après la projection.

2 – The Batman (Matt Reeves – USA).

Une chauve-souris, tout simplement.

Le pari n’était pas des plus simples malgré la matière première démentielle fournie : succéder à la trilogie de Nolan tout en revigorant un personnage récemment perdu dans la médiocrité du DC Universe. Et qui mieux que Matt Reeves, l’homme qui a contribué à la meilleur saga des 2010 (… Of The Apes), pour le relever et avec gourmandise et générosité. Pur polar policier, The Batman distille une noirceur qui colle avec évidence au personnage et à la fameuse Gotham City. Saupoudrez le tout d’images d’Epinal parmi les plus folles de 2022 et d’une bande son à tomber et vous aurez LE blockbuster de l’année.

1 – Decision to leave (Park Chan-Wook – Corée du Sud).

Quand la perfection pourrait presque avoir sa définition sous forme cinématographique. Quand le plus furieux des cinéastes coréens Park Chan-Wook pose ses caméras pour disséquer une sombre histoire de meurtre où la principale suspecte est la femme de la victime, c’est pour nous sortir un objet filmique où le moindre centimètre, le moindre bruit, le moindre mot est placé avec délicatesse sur une partition impeccable. Un tel degré d’exigence semble impossible à atteindre, et pourtant, Decision to leave s’évertue, au fur et à mesure de l’avancé de son intrigue, à nous infuser dans un nectar de virtuosité qui ne quittera l’écran qu’à l’apparition du générique final.

NOS NOTES ...
Originalité
Mise en scène
Jeu des acteurs
Plaisir de la séance
Jean-Marie Siousarram
Manipulateur de mots pour la presse web depuis quelques années. Cinéphage compulsif, féru de culture en tout genre, de voyages, de musique électronique, de foot. Rejeton de Chaplin & Hitchcock.
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