Truman : déambulation amicale au bord de la mort
Récompensé par 5 Goyas (cérémonie qui, chaque année, honore les meilleurs films espagnols) dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur, Truman est une comédie-dramatique hispanique réalisée par Cesc Gay qui sortira en salle le 6 juillet 2016.
La mort. Son mystère et sa toute-puissance. Ce film évoque les instants qui la précèdent : sa préparation et son acceptation. Julian, Ricardo Darin, a un cancer qui fait « du tourisme » dans tout son corps. Fatigué de se battre, il a décidé d’arrêter les soins pour se laisser mourir plutôt que de retarder par traitement lourd l’arrivée inéluctable de la Faucheuse.
La mort est un événement solitaire mais ceux qu’on a aimés et qui restent sur terre souffriront de l’égoïsme du défunt. Il est parti, quel toupet ! C’est le cas de Paula, la sœur de Julian qui n’accepte pas sa décision de céder quelques semaines à la mort alors qu’il pourrait les sauver. C’est le cas de Tomas, Javier Camara, plus circonspect, qui va passer 4 jours au côté de son ami avec pour idée de le dissuader puis simplement de le retrouver et de l’épauler. Ces 4 jours sont l’objet du film.
[…] une future mort ordinaire qui la rend plus bouleversante par son authenticité.
Ce n’est pas un film spectaculaire, ni même émotionnellement bouleversant, pas de scénario étourdissant. Ici, c’est la mort de M. Toutlemonde qui nous est proposée. Pas de coups d’éclats, peu de secrets dévoilés, une future mort ordinaire qui la rend plus bouleversante par son authenticité. Ce sont simplement deux hommes qui acceptent cette fin annoncée. Chacun avale la nouvelle comme il peut, en silence ou armé d’humour. Et Truman arrivera-t-il à l’accepter ? Ce compagnon immensément fidèle, vieux, baveux… il est le seul à être entièrement dépendant de Julian. Il n’a personne d’autre. Le seul qui mérite que Julian s’inquiète pour lui est son chien. Les autres continueront à vivre.
On pénètre donc dans un quotidien banal transformé par la proximité de la fin. Nourrir et promener son chien, aller au café, au restaurant, boire, travailler… Et s’immiscent les actions dictées par la date limite : choisir son cercueil, rencontrer les candidats susceptibles d’adopter son chien, ne pas répondre à sa sœur qui veut encore savoir s’il va bien. Pas évident la vie quand la mort est si proche !
Ce film est également un très bel hommage à l’amitié sincère, discrète mais puissante, de celle qui lie Julian et Tomas – une amitié incarnée avec une telle justesse que les deux acteurs ont reçu un Goya pour leur prestation. Tomas est un ami d’une race qui se raréfie. Un ami qui ne raisonne pas l’autre en pensant toujours mieux savoir. Un ami qui donne inconditionnellement sans compensation et sans rancune. Un ami qui partage des mots mais surtout des silences avec l’autre. Thomas dépense sans compter pour Julian qui lui, ne sort jamais son porte-monnaie. Abus de générosité ? Oui mais ils puisent chacun dans les ressources de l’autre et ce qu’il possède Julian, c’est du courage. C’est de ça qu’il peut donner. Mais ça l’œil ingrat ne le voit pas.
Un film appesanti par l’imminence de la mort, plein d’émotions contenues, pudique. Un film léger aussi grâce à l’amitié et à la force du rire malgré tout.
Julian, un madrilène, reçoit la visite inattendue de son ami Tomas qui vit au Canada. Ils sont loin de se douter qu’ils vont passer avec Truman, le chien fidèle de Julian, des moments émouvants et surprenants…
Sortie : le 6 juillet 2016
Durée : 1h46
Réalisateur : Cesc Gay
Avec : Ricardo Darín, Javier Cámara, Dolores Fonzi
Genre : Comédie dramatique
Truman est le film espagnol phénomène de l’année 2016. Vainqueur de 5 Goyas (Césars espagnols) dont meilleur film, meilleur acteur et meilleur second rôle, le long métrage de Cesc Gay joue assidument sur l’émotion et l’empathie. Deux amis longtemps séparés se retrouvent pour un enchainement de rebondissements… Pour un moment de cinéma familial et plaisant, Truman est une option tout à fait adéquate.
Truman s’appuie sur un duo d’acteurs charismatiques pour enchanter le public de sentiments fleurs bleus mignons tous pleins. Le grand Ricardo Darin (Les nouveaux sauvages, Les 9 reines) migre de l’Argentine vers l’Espagne pour interpréter Julian, un madrilène à la croisée des chemins. Javier Camara (Lucia y el sexo, Parle avec elle) est Tomas, un ami parti à l’étranger et revenu sur l’insistance de Julian. Les rancoeurs anciennes laissent place à une complicité retrouvée dans un contexte pas très simple. Le pathos est un prétexte pour repartir de zéro et vivre de nouvelles aventures; Quant au titre du film, il fait référence au chien fidèle de Julian, vu 5% du film, de quoi douter de sa pertinence. Truman est un buddy movie qui rappelle nombre de films similaires, souvent anglo-saxons.
Le principe du duo est un classique du cinéma. Pêle-mêle on peut citer Sideways, Men in Black ou 21 Jump Street. Deux personnages aux caractères antagonistes évoluent en parallèle et finissent par ne plus pouvoir se quitter. Le sage Tomas tranche d’abord avec le plus exubérant Julian. Les évènements font que Julian a besoin de son ami pour faire face aux évènements. Les retrouvailles les voient discuter, échanger, se comprendre et accepter enfin leurs différences particulières. Le ton est plus souvent à la confidence douce amère qu’à l’agitation passionnée. Le film repose avant tout sur les acteurs plus que sur un scénario finalement assez convenu. L’empathie prend le spectateur par surprise, l’emmenant sur le chemin de l’émotion sans coup férir.
Truman vise le public familial pour une comédie dramatique généreuse et bien scénarisée. Pas le film le plus original de l’année, mais pas le moins agréable.
Truman, film exceptionnel de Cesc Gay dont le thème est centré sur l’amitié et la mort. N’y allons pas par 4 chemins. Julian prévient son meilleur ami, Tomas, de ses intentions de mettre fin à sa vie avant la fin inéluctable de sa maladie.
Rien de choquant dans ce film. Beaucoup de vérités dites avec humour. Truman, le chien, est le bon prétexte pour Julian d’affronter sa propre mort. Non seulement l’affronter mais prévenir aussi ses proches et les préparer.
Ce n’est pas un film pathos, c’est un film vrai. Un film qui ose parler de la mort en face. Une très belle amitié entre les deux hommes font qu’ils se comprennent sans vraiment se parler… Une amitié sans faille. Même si avec Julian, il vaut mieux être très riche…
On rit, on sourit, et on pleure. Mais surtout on admire les acteurs, absolument fantastiques de naturel.
Un très beau film à voir en sachant de quoi il parle… Il est si rare de parler de la mort dans nos sociétés…