Un bon début est tout bonnement un documentaire nécessaire. Certains jeunes ne sont pas faits pour le système scolaire lambda, ils nécessitent un suivi plus serré et surtout plus personnalisé avec des enseignants capables de droiture, de modestie et qui font vivre au quotidien ce qui est pour eux une véritable vocation. Un bon début suit 15 jeunes en totale rupture scolaire. Alcool, fugues, trafic, ils ne s’en sortent pas. Admis à Grenoble dans une classe unique en France du nom de Starter, ils réapprennent à avoir confiance en eux pour reprendre leur vie en main. Admirable.
Un bel exemple de résilience et de persévérance
La réalisatrice Agnès Molia a entendu Antoine, instituteur de formation, parler à l’enterrement d’un ami de Xabi Molia, Matthieu, tué au Bataclan. Spécialisé dans le soutien d’élèves en grande difficulté, Antoine l’a séduite par son parler vrai. Son expérience est un enchainement de rattrapages de profils ramassés à la petite cuillère à cause les coups de la vie et remis en selle au sein de Starter. Lors de sa visite dans l’établissement, gros choc pour la réalisatrice face à des élèves intenses et dont les vies sont remplis d’un degré d’urgence inattendue. Urgence de trouver des solutions, urgence de leurs vies personnelles cabossées, urgence des situations familiales difficiles. De quoi lui donner immédiatement de faire un film. Déjà à l’œuvre dans son premier opus Le Terrain, elle a ressenti cette même envie de parler de l’adolescence, ce temps de transition si difficile à relever pour certains jeunes pas encore adultes et plongés dans l’incertitude. Comme expliqué dans les prospectus du dispositif, Starter est implanté depuis 2012 dans le lycée professionnel Guynemer, à Grenoble. Le dispositif public accueille des élèves de 14-15 ans, qui habitent dans l’agglomération et sont en situation de décrochage scolaire. Ces élèves passent leur année de 3e sous la responsabilité d’un enseignant spécialisé, coordonnateur du dispositif, et de deux professeurs (français/anglais et mathématiques). Pendant cette année scolaire, les élèves effectuent 10 semaines de stage dans le monde du travail, ce qui les aide à ébaucher un projet d’orientation professionnelle. Xabi Molia et Agnès Molia ont réalisé de longs repérages initiaux pendant 1 an et demi. De quoi suivre 2 promotions avant de suivre la troisième avec 15 élèves plus spécifiquement mis sous les projecteurs du documentaire. Chaque histoire particulière est une somme de difficultés à surmonter. Des apparences frêles mais des volontés de fer, tel est le sentiment impossible à ne pas ressentir à la vue des images. Rien de facile pour Tamara la fugueuse à répétition ou Nels, mais ils vont tenir jusqu’au bout grâce à l’accompagnement sans faille du corps enseignant. Les parents ont également joué le jeu pour s’approcher encore plus du réel. Les images sont d’une proximité totale avec des jeunes qui se livrent et font tout leur possible pour réussir quelque chose dans la vie.
Un bon début fait vivre le quotidien de jeunes que la vie n’a pas aidé, mais qui ont l’envie de s’en sortir pour construire leur existence grâce à la patience et à l’investissement de quelques professeurs dévoués. Le documentaire alterne scène difficiles et moments d’espoir dans un déroulé passionnant. Le film est à découvrir absolument le 7 mars en DVD!
Synopsis: Ils ont l’âge d’entrer en troisième et déjà une réputation d’irrécupérables. Pendant des mois, ils ont vécu loin du collège, en rupture presque totale avec la vie scolaire. A Grenoble, une classe unique en France du nom de « Starter » leur ouvre ses portes. Pendant cette année particulière, Un bon début a filmé leur adolescence, difficile et malmenée – mais dont le cours peut encore changer.