Un Don Juan endiablé et revisité par le chorégraphe suédois Johan Inger, à Chaillot
A la fois désinvolte et cynique, Don Juan n’accepte aucune entrave à sa liberté et à son emprise. Les femmes qui lui cèdent ne se relèvent jamais. Il est en route pour les enfers et le fait sans fléchir. De cet emportement charnel et démoniaque au désespoir terrestre, Don Juan franchit toutes les étapes, jusqu’à l’ultime.
C’est à cette figure à la fois complexe et intrigante, que s’attaque le chorégraphe suédois Johan Inger, en revisitant sur la musique de Marc Alvarez, le parcours de ce serial lover dont il explore ici l’influence de la mère et le duo en miroir mais aussi ambigu formé avec son valet Leporello, devenu Leo, qui fait place à une attraction réciproque.
Un embrasement des corps
A l’abri d’un clair-obscur et d’une course-poursuite effrénée, le chorégraphe scrute sans relâche les ressorts d’un pouvoir prédateur. Où la figure héroïque sévit à travers un espace fluctuant, constitué d’une dizaine de panneaux, offrant un dédale aux protagonistes qui se rencontrent, se séduisent, se poursuivent, s’affrontent, se dissimulent et s’échappent.
La danse résolument contemporaine et son élan s’inscrivent à merveille dans cette fuite en avant, ponctuée de moments intimes, où interagissent Don Juan et ses conquêtes qu’il séduit lors de son périple, le tout propice à des pas de deux composés de courses, de portés légers, et de corps à corps suspendus.
Dans cet emportement irrépressible où les 16 danseurs électrisent le plateau de leurs pas amples, sauts et courses folles, le rapport à l’autre donne alors toutes les armes à Don Juan pour s’affranchir de tous les interdits et manipuler, corps et âmes, des proies sous sa domination.
Des scènes de groupe sont aussi marquantes comme celles du mariage qui voit le bourreau des cœurs prendre la fuite avec la jeune épousée ou encore ce bal masqué, dernier acte avant la perte.
Dates : du 14 au 17 octobre 2020 – Lieu : Théâtre National de Chaillot (Paris)
Chorégraphe : Johan Inger