La vie ne danse qu’un instant ou beau portrait de femme-reporter de guerre (Albin Michel)
Theresa Révay nous renvoie dans le passé, juste avant la Seconde Guerre Mondiale, avec son dernier roman historique, La vie ne danse qu’un instant. Par l’intermédiaire d’une jeune journaliste américaine, Theresa Révay remonte à 1936, avec la montée du fascisme dans le Monde.
Histoire et histoires
Si La vie ne danse qu’un instant est un roman, c’est surtout une grande fresque historique qui nous apprend beaucoup sur l’Histoire de toute une époque et de plusieurs pays. L’Italie, le Vatican, l’Espagne, l’Egypte et bien sûr l’Allemagne… Si Alice Clifford est un personnage fictif, elle évolue dans un monde qui a réellement existé. Alice est reporter de guerre pour la revue New York Herald Tribune. Elle aime ça. Elle aime se mettre en danger, jeune, jolie et se sentant immortelle ! Et grâce à elle la romancière nous livre des détails passionnants d’Histoire que l’on ne connaît pas. Que ce soit sur Mussolini, Franco, Hitler, ou même le Pape Pie XI et Pie XII et tout ce qui tramait au Vatican à cette époque. Des allemands, des espagnols, des italiens, de tous bords, Alice n’a peur de rien. Elle est blessée sérieusement en Espagne, et s’en sort par miracle. Du coup, elle retourne chez son père à Alexandrie, pour se ressourcer. Mais Alice ne va pas y rester longtemps et repart en guerre ! Alice vit mille vies durant ces 500 pages et nous dévoile les coulisses de l’Histoire.
Tragédies, secrets et drames réels
La vie ne danse qu’un instant est un long roman (507 pages). Mais jamais le lecteur ne s’ennuie. Bien au contraire. Il faut dire que l’Histoire est bardée de secrets, de rebondissements, et de tragédies. Theresa Révay s’est énormément documentée pour l’écriture de ce roman et colle au plus près de la réalité historique avec une plume toute en finesse. A la toute fin du livre, l’auteure ajoute une note de remerciements : « Ce roman n’existerait pas sans ces travaux d’historiens, de sociologues, de mémorialistes et d’écrivains. La mise en scène des personnalités ayant appartenu à l’Histoire reflète ces mémoires véridiques ». Et c’est là toute la richesse de ce livre, La vie ne danse qu’un instant.
Theresa Révay fait vivre Alice à toute vitesse, et ses rencontres amoureuses sont toutes autant passionnelles les unes que les autres. Jusqu’à la dernière page, on craint pour elle qui brave tous les dangers. Vraiment un très bon roman chargé d’Histoire, de notre Histoire à tous ! Le coup de coeur de Publik’Art !
Quelques extraits :
p.137 : Ce mois de mars 1937 est à marquer d’une pierre blanche ! Celui où le Saint-Siège torpille les totalitarismes. Je regrette d’autant plus de n’avoir pas pu rencontrer le cardinal Pacelli. Je suis persuadée qu’il a aidé à la rédaction de l’encyclique contre le nazisme.
p.249 : De l’Egypte, sa terre d’élection, Alice avait hérité la ferveur et la capacité d’envoûtement. C’était la raison pour laquelle elle tournait la tête aux hommes. Lorsqu’elle vint vers lui, pieds nus sur les dalles, Umberto retint son souffle, respira un parfum fleuri et évanescent qui ne lui ressemblait pas, et il songea que cette femme ne cesserait jamais de le surprendre.
P255 : – Personne, en Europe, ne veut regarder la réalité en face, personne ne veut prendre les armes contre l’Allemagne pour anéantir ce dictateur avant qu’il ne soit trop tard.Alma a raison. La seule solution serait de l’abattre.
p.364 : […] Je ne peux pas vous dévoiler les démarches du Saint-Père que son action oblige à la plus grande prudence. Sachez cependant que chaque fois qu’il a parlé des juifs, les représailles nazies ont été terribles, et lorsqu’il a protesté en janvier 1940 dans les bulletins de radio Vatican contre les atrocités commises envers le clergé polonais, celles-ci se sont intensifiées.
p.418 : Une guerre menée pour assouvir l’ambition dévorante d’un seul homme alors que personne n’avait voulu de ce conflit, ni le peuple ni la monarchie, ni même la plupart des hiérarques fascistes.
Rome, 1936. Alice Clifford, la correspondante du New York Herald Tribune, assiste au triomphe de Mussolini après sa conquête de l’Abyssinie. Sa liaison avec Don Umberto Ludovici, un diplomate proche du pouvoir fasciste, marié et père de famille, ne l’aveugle pas. Son goût pour la liberté l’empêche de succomber aux sirènes des dictatures.
La guerre menace, les masques vont tomber. Alice découvre les conspirations qui bruissent dans les couloirs feutrés du Vatican et les rues ensanglantées de Berlin. Son attirance pour un journaliste allemand au passé trouble révèle les fêlures de son passé. Si l’aventurière ne renie jamais ses convictions de femme moderne, toute liberté a un prix. Jusqu’où ira-t-elle pour demeurer fidèle à elle-même ? Des palais de Rome à la corniche d’Alexandrie, des montagnes d’Éthiopie aux plaines de Castille, une Américaine intrépide et passionnée témoigne d’un monde qui court à sa perte. Theresa Révay nous offre l’inoubliable portrait d’une femme pour qui la vie ne brûle et ne danse qu’un instant.
Date de parution : le 3 avril 2017
Auteur : Theresa Révay
Editeur : Albin Michel
Prix : 22,90 € (512 pages)
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