Palais de Tokyo jusqu’au 18 novembre 2013
Près de 140 modèles de souliers retracent la carrière de Roger Vivier, plus inventeur que chausseur, qui débuta dans les années 1930. Avec le Fashion Program, le Palais de Tokyo explore des expériences inédites dans le domaine de la mode, de la création ou de la beauté qui marquent la réinvention du visible et modifient notre rapport au corps.
[pull_quote_left]L’exposition, dont le commissariat a été confié à Olivier Saillard et la scénographie à Jean-Julien Simonot, se parcourt comme le pastiche d’un musée voué à la chaussure. Il reprend les archétypes d’un Louvre ou d’un Prado en puisant dans les inspirations de Roger Vivier. [/pull_quote_left]
L’exposition, dont le commissariat a été confié à Olivier Saillard et la scénographie à Jean-Julien Simonot, se parcourt comme le pastiche d’un musée voué à la chaussure. Il reprend les archétypes d’un Louvre ou d’un Prado en puisant dans les inspirations de Roger Vivier.
Le goût pour l’Afrique, l’Orient, le XVIIIe siècle, la peinture française ou anglaise, sont autant de thèmes que le bottier partageait avec les plus vénérables institutions. Le visiteur voyage à travers un paysage de vitrines tel que le XIXe siècle savait en user avec le charme désuet de l’objet conservé. Aux œuvres d’art les chaussures empruntent les titres et les rôles que l’exposition utilise comme un pied de nez à l’art et à la mode.
[pull_quote_center]Roger Vivier voit la chaussure comme une sculpture dont il ne cesse de questionner la forme : « Depuis toujours la ligne me passionne, confiait le bottier, cinq cents fois je refais mon dessin pour vérifier la justesse de l’idée et respecter l’architecture du pied ».
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Les talons sont ses lignes de force, du talon aiguille, qu’il fut le premier à lancer en 1954, au talon «Etrave» (1958), et du talon «Choc» (1959) au sinueux talon «Virgule», voulu comme le manifeste de sa propre griffe dès 1963. Les formes de la chaussure le séduiront tout autant et l’empeigne se redresse alors, en 1958, en bout «Turc» ou «Guitare»…
Rénovateur en structure comme en surface, Roger Vivier ne néglige pas moins la broderie qui élève le soulier au rang d’objet d’art grâce aux savoir-faire séculaires des maisons comme Rébé ou Lesage. La renommée de Roger Vivier est telle qu’il sera en outre le seul collaborateur de Christian Dior, dans les années 1950, à pouvoir apposer sa griffe à côté de celle du couturier. Au même moment, la plupart des défilés de Paris, de Schiaparelli, à Yves Saint Laurent résonnent déjà des pas de créations fortes qui, dès 1963, le décideront à ouvrir sa propre marque.
La postérité retiendra également de Roger Vivier une liste de femmes d’exception. Lui qui signa les souliers du couronnement d’Elisabeth II en 1953, chausse les plus grandes figures de leur temps. Cette aura monarchique attire des clientes parmi lesquelles comptent la Duchesse de Windsor ou la princesse Soraya d’Iran, qu’on imagine côtoyer dans les salons Marlène Dietrich, Elisabeth Taylor, Jeanne Moreau et Brigitte Bardot… Toutes s’arrachent ses créations. Ludiques et surprenantes, elles vont des talons aigus, aux souliers de Catherine Deneuve dans «Belle de jour» de Luis Buñuel en 1967, à l’empeigne signée de la célèbre boucle d’argent.
La maison Roger Vivier tient, depuis 2002, à enrichir son patrimoine par l’acquisition régulière des pièces d’exception de son histoire, gardées précieusement au Musée de la chaussure de Romans et parmi les 140 exposés au Palais de Tokyo.
A ces souliers et accessoires issus des archives de la maison s’ajoutent des prêts issus des plus importantes institutions mondiales, privées comme publiques : le Metropolitan Museum of Arts à New York, le BATA Shoes Museum de Toronto mais aussi le musée de la chaussure de Romans ou encore le Palais Galliera, musée de la mode de la Ville de Paris.
Ces fragments de l’histoire de la mode ont prouvé une nouvelle fois leur actualité sous l’impulsion de Bruno Frisoni qui, depuis 2002, assure la création artistique de la maison Roger Vivier, en perpétuant son rang et sa notoriété mondiale uniques. Avec respect, créativité et modernité, il mue la marque en maison d’accessoires de luxe, symbole d’un chic parisien incarné avec élégance par son ambassadrice, Inès de la Fressange. Designer toujours aux pieds des femmes les plus élégantes, telles Carla Bruni-Sarkozy, Cate Blanchett, Anne Hathaway, Nicole Kidman, Julia Roberts, Bruno Frisoni esquisse avec malice des lignes et formes nouvelles dans les accessoires de la maison, jouant, entre autre, avec l’honorable talon Virgule qu’il consacre comme une véritable ponctuation dans sa création.
[…] Virgule, etc. Dans les pas de Roger Vivier, à Paris | PublikArt – Le Magazine de la Culture (publikart.net) […]