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Amaury Jacquet

Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

Sandrine Bonnaire, éperdument « durassienne » dans L’Amante anglaise

Avec L’Amante anglaise, Marguerite Duras revisite un meurtre qui a eu lieu à la fin des années 1940. Par le biais d’un double interrogatoire, d’un double dialogue, elle creuse l’idée du mystère, de l’incompréhension, de la perdition d'une âme, au regard de l’acte criminel. Et elle nous place face à une énigme que l’on essaie de comprendre. Elle use d’une forme de suspens, tout en déployant les grandes thématiques de son écriture, comme la folie et l’amour, qui sont les deux pierres angulaires de L’Amante anglaise.

Catherine Frot et Michel Fau, un duo d’enfer !

Catherine Frot et Michel Fau se retrouvent sur scène, sept ans après le succès de Fleur de Cactus (qui avait valu à l'actrice le Molière de la comédienne dans une pièce de théâtre privé). Ils interprètent ici un couple gratiné de l’après-guerre, pétri de préjugés, dont la vie bourgeoise et stricte va être déréglée par des évènements inattendus. Un réjouissement ! On connait la passion de Fau pour le théâtre d’André Roussin qui offre une peinture acide de la bourgeoisie française et de la folie humaine à travers des personnages d’une mauvaise incomparable qui se débattent sans merci avec leur petitesse et leur monstruosité.

Isabelle Carré, une « Serva amorosa » en majesté

Catherine Hiegel s’empare avec le talent qu’on lui connait, d’un grand rôle féminin en confiant à Isabelle Carré (exceptionnelle) le personnage de « La Serva amorosa », une femme libre et indépendante avant l’heure imaginée par Goldoni. Une femme stratège aussi qui, en usant de toutes les ruses, rétablira son maître, injustement déshérité, dans la place sociale qui lui revient. A travers cette farce mais pas que, Goldoni inverse le rapport de domination entre maîtres et valets. Il dessine des personnages à la fois inspirés de la commedia dell’arte mais aussi profondément humains, inspirés de l’observation de ses contemporains.

« Chers Parents » ou la vraie fausse harmonie familiale ! sur France 4

Emmanuel et Armelle Patron (frère et sœur dans la vie ça ne s’invente pas) signent une comédie enlevée au ton vif et drôle ayant pour cadre la cellule familiale et sa vraie fausse harmonie. Réjouissant !

« Contre » au Vieux-Colombier, John Cassavetes et Gena Rowlands, un couple en toute indépendance

Couple emblématique du cinéma américain indépendant, John Cassavetes et Gena Rowlands, disparue en août dernier, sont mis en scène au Vieux-Colombier avec les acteurs et actrices, producteurs et critiques qui les entouraient. "Contre" raconte la fabrication d’une œuvre sous l’angle du film "Une femme sous influence", en rupture avec l’industrie hollywoodienne, par un groupe d’artistes qui s’acharnent à rester libre et créatifs envers et contre tout.

« Le ciel de Nantes » ou l’art et la manière de Christophe Honoré, sur France 4

Il y a 20 ans déjà, Christophe Honoré s’était lancé dans l’écriture d’un long-métrage sur sa famille, qui n’avait pas abouti. Trop vampirique sans doute cette branche maternelle issue de la classe populaire. Aujourd’hui, dans une salle de cinéma d’une autre époque, là où la scène devient le lieu magnifique d’un film impossible, porté par un art scénique et une désinvolture qui n’appartiennent qu’à lui, Christophe Honoré convoque les siens pour raconter et chanter leur histoire. Il mêle théâtre et cinéma qui focalisent l’emprise du temps et sa distanciation entre réel et fiction, offrant une voix décomplexée et intense à sept membres emblématiques de cette lignée (sur trois générations) que les drames personnels mais aussi l’Histoire n’ont pas épargnée.

« Faust » le deal parfait de Tobias Kratzer avec le diable !

L’opéra de Gounod revisité par le metteur en scène allemand Tobias Kratzer est une réussite totale. On y retrouve le vieux Faust en quête de jeunesse éternelle, mais celui-ci (le ténor français Benjamin Bernheim) en appelle à Satan (Christian Van Horn) par lassitude de payer des call-girls. Il vend donc son âme au diable dans l’espoir de gagner l’amour d’une Marguerite (la soprano Ermonela Jaho) qui danse en boîte de nuit ou se retrouve dans le métro. Une relecture qui fait écho à la relecture du Faust de Goethe par Charles Gounod, qui ancre les raisons de la vente de son âme au diable dans la recherche de l'amour et de la jeunesse plutôt que dans la volonté de connaissance dans l'esprit faustien allemand.

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