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Amaury Jacquet

Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

“La Mouette” de Brigitte Jaques-Wajeman, un vol captivant

Dans La Mouette, Anton Tchekhov (1860-1904) fait de l’art et de l’amour le terrain de prédilection des passions inaccomplies et des désillusions. Celles notamment de Nina, une jeune fille qui rêve d’être actrice mais dont la vocation sera détruite par une trahison amoureuse, ou celles de Constantin Treplev, épris de Nina qui en regarde un autre. Treplev est jeune auteur épris d’absolu en quête de reconnaissance et de l’amour d’Irina, sa mère, comédienne célèbre, qui le méprise ouvertement et n’a d’yeux que pour l’écrivain en vogue, Trigorine, son amant. Une relation fils/mère irrésolue qui aurait à voir avec la tragédie d’Œdipe et dont les contours qui irriguent toute l’intrigue sont aux prises avec des destins contrariés et opposés.

« Poquelin II » ou Molière en flamand dans le texte par les Tg Stan !

Le collectif flamand tg STAN connaît bien l’œuvre de Molière. En 2003, il créait Poquelin, un spectacle qui puisait son matériau dans plusieurs pièces du génie comique du 17e siècle : Le Médecin malgré lui, Sganarelle et Le Malade imaginaire. Selon le même procédé, il récidive aujourd’hui avec Poquelin II, un montage de passages empruntés au Bourgeois gentilhomme (1670) et à L’Avare (1668). Dans ces deux pièces, Molière pointe l’inanité de quêtes ridicules : celle de M. Jourdain, un bourgeois aisé et vaniteux — un nouveau riche, dirait-on aujourd’hui —, qui multiplie les efforts pour imiter le style de vie de la noblesse ; celle d’Harpagon, à ce point obsédé par l’argent qu’il se mue en usurier et en tyran domestique prêt à sacrifier le bonheur de ses enfants. Autant d’absurdes petits arrangements financiers et moraux qui constituent le fil rouge du spectacle.

« Ils nous ont oubliés » : le grand geste de Séverine Chavrier

L’œuvre de Thomas Bernhard brûle d’une rage dévastatrice et se débat à la fois contre et avec le poids d’une culture empreinte de traditions, de chaos et de contradictions. Une hargne propre à dénoncer la persistance et le camouflage des réflexes et des tentations fascisantes, tout comme des traumas liés à l’histoire trouble du XXème siècle. C’est encore cette douleur ravageuse qui est à l’œuvre dans "Ils nous ont oubliés" où à travers un redoutable huis-clos s’explore toutes les névroses, frustrations et empêchements que provoque le couple et son enfermement mortifère.

Nadine Sierra (Violetta) en état de grâce dans cette Traviata hyper-connectée et de retour à Paris

Une Traviata à l'aune des réseaux sociaux de retour à Paris, magnifiquement portée par la soprano Nadine Sierra et le ténor René Barbera, dans la mise en scène audacieuse et réussie de Simon Stone.

« Les Emigrants », le théâtre total de Krystian Lupa

"Les Emigrants", le théâtre total de Krystian Lupa Créateur de théâtre total, Krystian Lupa s’impose à la fois comme concepteur d’adaptations, plasticien (il signe lui...

« La Réponse des hommes », fragments d’une humanité

"La Réponse des hommes", fragments d'une humanité Dans "La Réponse des hommes", Tiphaine Raffier confronte les Œuvres de miséricorde aux affres de la nature humaine...

A l’Opéra Garnier, Gil Roman en haute fidélité à Béjart

A l'Opéra Garnier, Gil Roman en haute fidélité à Béjart Le Béjart Ballet Lausanne est l’invité en ce début d'année de l’Opéra Garnier avec au...

Top 10 Théâtre : le meilleur de l’année 2023

Comme pour chaque fin d’année et sa rétrospective, nous nous sommes livrés au classement traditionnel des 10 meilleures spectacles de  l’année 2023. Le classement retenu s’attache à des écritures théâtrales nouvelles, singulières, audacieuses, revisitées ou plus intimes, portées par une qualité de jeu toujours extrême pour un théâtre qui parle forcément de nous pour mieux parler des autres et donc du monde. Excellente année 2023 à tous.

Notre Sélection

« I will survive » : rire nerveux et malaise garanti

Avec I Will Survive, Les Chiens de Navarre rappellent une vérité simple : quand la réalité devient trop absurde pour être racontée, il ne reste plus qu’à l’exagérer pour qu’elle redevienne audible. Jean-Christophe Meurisse l’a bien compris : l’outrance n’est pas une facilité, mais un outil — une loupe déformante pour mieux scruter les recoins les plus gênants de la société française. Et c’est justement parce qu’il observe si finement qu’il grossit si fort.

Une École de danse d’une troublante modernité à la Comédie-Française

Il arrive que le théâtre ressuscite des œuvres qu’on croyait promises à l’oubli. Avec "L’École de danse", Clément Hervieu-Léger réalise précisément cela : redonner souffle à une comédie que Goldoni retira de l’affiche après deux malheureuses représentations. Un naufrage originel, devenu aujourd’hui matière à renaissance.