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Amaury Jacquet

Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

Une plongée en absurdie : hilarante ! sur C8, le 2 juillet 2022

Sébastien Thiéry, comédien, est aussi auteur de pièces de théâtre où son écriture portée plutôt vers l’absurde et affranchie de toute morale, cohabite avec la comédie de boulevard, n’hésitant pas à déstabiliser le spectateur. C’est à une une crise d’identité aussi kafkaïenne que loufoque que nous convie Sébastien Thiéry avec un couple Jean-Claude et Nicole Bélier qui va devenir à l’insu de son plein gré, Henry et Nadine Schmitt !

Angelin Preljocaj joue avec la gravité : planant

Elle est invisible, impalpable et imma­nente. Qui ? La gravité bien sûr, cette force essentielle que le chorégraphe Angelin Preljocaj questionne avec brio dans son ballet pour treize danseurs.

« Nosztalgia Express », le voyage psychédélique et enlevé de Marc Lainé 

Marc Lainé continue de jouer avec les récits archétypiques de la culture populaire dans une enquête haute en couleur et des décors d’inspiration sixties de toute beauté en s’amusant donc, cette fois, à mélanger les genres. Avec sa galerie de personnages décalés, "Nosztalgia Express" oscille entre le roman d’espionnage et la comédie musicale pop, et fait entrer en collusion fiction intime et grande histoire. Au fil d'une intrigue qui se joue de Paris à Budapest entre 1956 et 1968, au moment où l’utopie communiste se fissure, la pièce déploie un scénario gigogne dans lequel présent, flash-backs, faits historiques et fantasmes s’entrechoquent sur fond de mélodrame à rebondissements et comédie loufoque. Divertissant.

59e palmarès des Prix du Syndicat professionnel de la critique Théâtre, Musique et Danse, olé !

Depuis 1963, les Prix du Syndicat de la Critique qui sont l’émanation d’un vote des critiques professionnels, saluent et récompensent les spectacles et les personnalités artistiques, que ce soit en théâtre, en musique ou en danse, qui ont marqué la saison. Illusions perdues, d’après Honoré de Balzac, dans la mise en scène de Pauline Bayle reçoit le Grand Prix théâtre, Encantado de Lia Rodrigues est désigné meilleur spectacle chorégraphique, Krzysztof Warlikowski avec L'Odyssée obtient du prix du meilleur spectacle étranger. Le Grand Prix musique est attribué à Œdipe d’Enesco dans la mise en scène de Wajdi Mouawad et la direction musicale d’Ingo Metzmacher, tandis que Le Ciel de Nantes (Christophe Honoré) ou La Seconde surprise de l’amour (Alain Françon) sont aussi récompensés.

William Forsythe repousse les limites de la danse, en majesté à Chaillot

Deux pièces majeures Quintett (1993) & One flat thing reproduced (2002) de William Forsythe interprétées par le Ballet de l’Opéra Lyon offrent toute la mesure et l’étendue de son art, forgé d’un vocabulaire à l’origine classique mais qu’il n’a eu cesse de déconstruire pour en déjouer les codes préétablis et l’ouvrir entre rupture, déséquilibre, virtuosité et fluidité organique/dynamique des corps. Le tout dans une esthétique (couleur de costume pour chaque interprète) qui fait partie intégrante de la chorégraphie.

« Tout mon amour » : le huis clos familial et percutant de Laurent Mauvignier

Première pièce de Laurent Mauvignier, "Tout mon Amour" est portée par une écriture poignante et brute, dont l’incarnation très présente circule entre des espaces réels et mentaux. L'écrivain dramaturge consacre son œuvre aux sujets les plus intimes tels que le deuil, la famille, la perte et parvient ainsi à creuser une place à l’indicible. Le découpage de la pièce dans la mise en scène cinématographique d'Arnaud Meunier lui confère un rythme et un suspens qui instaurent un climat énigmatique entre l’ici et l’ailleurs, le passé et le présent, le dedans et le dehors, les vivants et les morts, où se débattent des personnages en quête d’eux même et d’un traumatisme irrésolu. Une réussite.

Marcial Di Fonzo Bo l’acteur monstre fait revivre Richard III

La recréation du Richard III, mis en scène par Matthias Langhoff en 1995 à l’initiative d’une partie de l’équipe initiale, est un événement à plus d’un titre. La pièce conserve le décor d’origine : un plateau mouvant, incliné, auquel s’accrochent pont-levis et escaliers. Sur ces planches branlantes, manipulées à vue par des poulies poussives, pas moins de cinquante personnages gravitent autour du jeune Richard : reines, courtisans, guerriers, traîtres. Marcial Di Fonzo Bo qui s’y révélait ce roi en prise directe avec le mal reprend le rôle et la mise en scène avec Frédérique Loliée. Une récréation à saluer qui permet aux jeunes générations de découvrir un spectacle de référence et à de jeunes acteurs d’y participer. Le plateau qui s’apparente à une machine de guerre est aussi une machine à jouer, périlleusement et furieusement arpentée. Car le monde est un théâtre et, plus encore que Richard, c’est un monde qui boite et témoigne de sa fureur comme de sa folie. Sa propension au chaos et à l’inhumanité est à l’œuvre 3 heures durant et sans aucun répit pour une pièce culte et collector.

Notre Sélection

Isabelle Carré, une « Serva amorosa » en majesté

Catherine Hiegel s’empare avec le talent qu’on lui connait, d’un grand rôle féminin en confiant à Isabelle Carré (exceptionnelle) le personnage de « La Serva amorosa », une femme libre et indépendante avant l’heure imaginée par Goldoni. Une femme stratège aussi qui, en usant de toutes les ruses, rétablira son maître, injustement déshérité, dans la place sociale qui lui revient. A travers cette farce mais pas que, Goldoni inverse le rapport de domination entre maîtres et valets. Il dessine des personnages à la fois inspirés de la commedia dell’arte mais aussi profondément humains, inspirés de l’observation de ses contemporains.