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Amaury Jacquet

Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

Dans la blancheur, le feu : Gosselin face à Duras

Avec "Musée Duras", Julien Gosselin transforme l’Atelier Berthier en une vaste chambre blanche où l’œuvre de Duras se déploie comme un organisme vivant. Dix heures, cinq volets, onze textes : non pas une rétrospective mais un long corridor où l’écriture durassienne se heurte, se répète, se fissure. Rien n’est montré comme un monument ; tout est remis en circulation.

Paris Photo 2025, sous la verrière, l’image en mouvement

Sous la nef du Grand Palais, la photographie retrouve son souffle. Loin des effets spectaculaires, Paris Photo 2025 choisit la respiration : un regard élargi, des voix nouvelles, un art qui se souvient, s’hybride et se réinvente.

Bilal Hamdad — Paname, ou la solitude habitée au Petit Palais

Au Petit Palais, le peintre Bilal Hamdad investit les galeries permanentes avec une vingtaine d’œuvres qui mêlent réalisme contemporain et héritage des maîtres anciens. Dans Paname, il fait dialoguer le Paris d’aujourd’hui avec celui de Courbet et de Manet, entre effervescence urbaine et silence intérieur.

« Éblouir Paris » : John Singer Sargent, le jeune prodige américain qui secoua le Salon mondain

Il y a des artistes dont le nom résonne, mais dont la présence en France reste étonnamment discrète. John Singer Sargent en fait partie. L’exposition "Éblouir Paris" au musée d’Orsay revient sur la décennie (1874-1884) où ce jeune Américain, formé à Paris chez Carolus-Duran, fit trembler le Salon et redéfinir le portrait mondain.

Bridget Riley à Orsay : la ligne comme invention, la ligne comme tension

Tout commence par un geste presque scolaire : en 1959, La Britannique copie Le Pont de Courbevoie de Seurat. Un exercice, croit-on. En réalité, une révélation : la lumière n’est pas un voile, c’est une structure. Ce moment de bascule — humble, radical — est le cœur battant de l’exposition. À partir de là, elle ne peindra plus des choses, mais l’acte même de percevoir.

Au Théâtre des Champs-Elysées, une « Damnation de Faust » en demi-teinte

Silvia Costa revisite "La Damnation de Faust" de Berlioz dans une vision intérieure et symbolique au Théâtre des Champs-Élysées. Malgré une distribution vocale somptueuse — Benjamin Bernheim, Victoria Karkacheva, Christian Van Horn — et la direction affûtée de Jakob Lehmann à la tête des Siècles, le spectacle peine à libérer le vertige romantique du chef-d’œuvre.

Valérie Lemercier au Théâtre Marigny : anatomie d’un monde en rire majeur

On dit souvent que le comique, c’est la tragédie qui a pris une bonne douche. Chez Valérie Lemercier, c’est plutôt une tragédie qui a mis une robe de bal avant de tirer la langue au monde. Sur la scène du Théâtre Marigny, l’actrice revient, impériale et délurée, pour jouer à la fois l’orchestre et la partition : un feu d’artifice de personnages, un carnaval des tempéraments, une radioscopie en rires de notre époque qui fou le camp entre vanité, narcissisme et vertige ubuesque.

« Requiem(s) » à la vie, à la mort, selon Angelin Preljocaj

Dans Requiem(s), Angelin Preljocaj se penche sur le deuil et convoque dix-neuf danseurs qui donnent corps à une méditation sur la vie et la mort. Puissant.

Notre Sélection

Une École de danse d’une troublante modernité à la Comédie-Française

Il arrive que le théâtre ressuscite des œuvres qu’on croyait promises à l’oubli. Avec "L’École de danse", Clément Hervieu-Léger réalise précisément cela : redonner souffle à une comédie que Goldoni retira de l’affiche après deux malheureuses représentations. Un naufrage originel, devenu aujourd’hui matière à renaissance.

Dans les pas de Pasolini, une troupe intrépide à l’Odéon

Il fallait oser s’attaquer à "Pétrole", le roman-magma inachevé, la dernière colère de Pasolini. Sylvain Creuzevault, lui, n’ose pas : il exhume. Il déterre le livre comme un cadavre encombrant, le déplie sur le plateau et montre tout ce que la société préfère refouler : la noirceur du pouvoir, la lubricité des dominants, la violence diffuse qui irrigue nos démocraties dégénérées.