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Amaury Jacquet

Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

Une modernité sans frontières : l’École de Paris selon Marek Roefler

Au Musée de Montmartre, la collection Marek Roefler consacre à l’École de Paris un hommage vibrant, comme un retour à la source. Sous les toits grinçants de la rue Cortot, là où vécurent Utrillo et Valadon, ressurgit l’énergie cosmopolite d’une génération d’artistes venus de toute l’Europe pour réinventer la modernité à Paris.

« Nous, les héros » : la mélancolie orchestrée de Clément Hervieu-Léger

Il y a dans cette pièce "Nous, les héros" et le théâtre de Jean-Luc Lagarce cette singularité de la langue dont la syntaxe devient dramaturgie. Ses personnages ne parlent pas : ils rejouent le fait même de parler.

Berthe Weill, l’insoumise de l’avant-garde au musée de l’Orangerie

Elle fut la première à croire en Picasso, Matisse, Modigliani… et la dernière dont on se souvint. L’Orangerie lui rend enfin justice, dans une exposition sensible et lumineuse, où l’ombre d’une femme éclaire un siècle entier d’art moderne.

« Marius » : haut les cœurs avec Joël Pommerat

Le texte de Pagnol est aujourd’hui revisité par Joël Pommerat et ses comédiens, dont trois détenus sortis de prison ont rejoint sa troupe. Dans cette nouvelle version proposée par Pommerat, la légèreté et la candeur originelles cèdent la place à une vérité plus sociale, plus âpre, plus existentielle, qui se nourrit notamment du travail de création théâtrale que le metteur en scène mène depuis dix ans dans une prison française. Enrichi de l’expérience, de la vie et de l’imaginaire des interprètes, le texte de Pagnol, librement réadapté, se charge d’interrogations humaines profondes, troublantes et captivantes

Phillipe Decouflé à la Villette : un temps incarné et rejoué

Sous le regard de Philippe Decouflé, le temps devient une matière douce, élastique, que la danse étire, replie, transforme. Dans ce spectacle « Entre-Temps » l’humour, la mémoire et la musique s’incarnent en un poème chorégraphique, emmené par le pianiste inspiré Gwendal Giguelay.

« Les Frustrés » montent sur scène et Bretécher se lâche !

Il y a dans cette pièce un parfum de vieille lucidité. Ce genre d’intelligence qui ne cherche pas à plaire, mais à pointer là où ça fait mal. Claire Bretécher en savait quelque chose : sur ses planches, elle a dessiné les angles morts de la modernité, les contradictions molles, les faux combats et les vraies lassitudes.

Georges de La Tour : le feu sous la cendre au musée Jacquemart-André

Il y a des expositions qui parlent fort, et d’autres qui chuchotent. Celle-ci murmure. Le musée Jacquemart-André, toujours habile à tisser des dialogues entre splendeur et intimité, accueille Georges de La Tour, ce peintre de l’effacement flamboyant, ce mystique provincial que la lumière a rendu immortel.

« La Séparation » : l’art du théâtre et de la littérature

Il y a des pièces qui tiennent dans une intrigue, et d’autres qui tiennent dans une fêlure existentielle. "La Séparation" appartient à la seconde catégorie : pas de confort narratif, pas de drame emballé, mais un effritement lent, une langue qui respire comme un animal blessé. Claude Simon, prix Nobel de littérature, ne s’invite pas souvent au théâtre ; Alain Françon, lui, ose l’y porter. Et c’est un choc.

Notre Sélection

Une École de danse d’une troublante modernité à la Comédie-Française

Il arrive que le théâtre ressuscite des œuvres qu’on croyait promises à l’oubli. Avec "L’École de danse", Clément Hervieu-Léger réalise précisément cela : redonner souffle à une comédie que Goldoni retira de l’affiche après deux malheureuses représentations. Un naufrage originel, devenu aujourd’hui matière à renaissance.

Dans les pas de Pasolini, une troupe intrépide à l’Odéon

Il fallait oser s’attaquer à "Pétrole", le roman-magma inachevé, la dernière colère de Pasolini. Sylvain Creuzevault, lui, n’ose pas : il exhume. Il déterre le livre comme un cadavre encombrant, le déplie sur le plateau et montre tout ce que la société préfère refouler : la noirceur du pouvoir, la lubricité des dominants, la violence diffuse qui irrigue nos démocraties dégénérées.