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Amaury Jacquet

Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

Denis Lavant et Frédéric Leidgens, deux phénix au bord du vide dans une « Fin de partie » magistrale, sont de retour ...

"Rien n'est plus drôle que le malheur, [...] c'est la chose la plus comique [...] mais c'est toujours la même chose [...]. C'est comme la bonne histoire qu'on nous raconte [...] nous la trouvons bonne mais nous n'en rions plus". Voilà, tout est dit, Samuel Beckett transcende sa propre noirceur par l’humour implacable de la dérision inscrite en filigrane dans les plis du langage et une humanité au bord du vide. Clov (Denis Lavant), Hamm (Frédéric Leidgens), Nagg (Peter Bonke) et Nell (Claudine Delvaux) - pauvres rescapés de la vie - continuent à réinventer le jeu de l'humanité. Et ils résistent. Inexorablement. Pour continuer à exister, ils remplissent le temps des mots qui les émeuvent, les font s’insurger ou se taire. Ils vaquent à leurs occupations. Le monde s'est effondré mais eux comme si de rien n'était, ils continuent. “Fin de partie”, pièce mémorable de Samuel Beckett, où la tragédie métaphysique du désespoir est portée à son paroxysme.

Le retour gagnant de la compagnie du Zerep / Sophie Perez, olé ! 

Avec la meringue du souterrain, leur nouvelle création, ils expérimentent le théâtre qui ne se jouerait que dans les salles vides et où la scénographie invasive déborde de toute part pour se répandre dans la salle car il n’y a pas de spectateurs. Un traquenard esthétique et scénique où une représentation, sortie de nulle part, émerge et s’élabore à travers des apartés (chantés parfois) sur un ton vif, subtil, transgressif, créatif, mélancolique et poétique.

« Le Dragon » survolté de Thomas Jolly, sur France 4

Figure reconnue de la scène contemporaine, Thomas Jolly aime mettre en scène des monstres politiques assoiffés de pouvoir et de cruauté : "Henri VI" marathon théâtral de 18 h (Molière 2015), "Richard III", "Eliogabalo" donné à l’Opéra Garnier, ou encore "Thyeste", fresque radicale sur fond de haine entre deux frères rivaux, d’infanticide et de cannibalisme. Aujourd’hui, il s’attaque au texte d’Evgueni Schwartz, "Le Dragon". Une parabole, éminemment politique, qui utilise le motif du conte et du fantastique pour dénoncer les mécanismes d’un système totalitaire attaché à déconstruire ce qui fait humanité, et interroger les forces de résistance face à une tel pouvoir démoniaque.

Le vertige du Net selon Marion Siéfert

Avec "Daddy" sa nouvelle création, Marion Siéfert nous plonge dans l’univers pervers des jeux vidéos et cette dualité entre le virtuel et la vie réelle où si les frontières s’annihilent jusqu’à s’y perdre, le pire reste quant à lui bien réel. Un coup de maître.

La « Pastorale » de Beethoven dans les pas de Thierry Malandain, à (re)voir sur Mezzo

Thierry Malandain embarque pas moins de vingt-deux danseurs dans cette traversée aux aires d’odyssée enivrante. Alliant habilement le vocabulaire classique et les compositions contemporaines, il nous offre un ballet aussi enlevé que saisissant.

« Le Repas des fauves », un cluedo sous haute tension au théâtre Hébertot

Nous sommes en 1942 dans la France occupée. Un huis clos se noue dans un appartement cossu parisien. Sept amis se retrouvent pour fêter un anniversaire. Mais ces gens ordinaires, peu préoccupés de l'Occupation, vont se retrouver confrontés à une situation kafkaïenne.

Notre Sélection

« Portrait de l’artiste après sa mort » : vertige de la mémoire sous la dictature argentine

Sur scène un acteur (Marcial Di Fonzo Bo) qui, dans un précipité aussi sensible que subtil, évoque un épisode de sa vie, à propos d’un appartement situé à Buenos Aires dont il aurait hérité, mais faisant l’objet d’une procédure judiciaire à la suite d’une possible confiscation intervenue pendant la dictature militaire. Le comédien a lui-même connu et vécu la dictature argentine avant de s’installer en France.