Du grand Lars von Trier perturbant avec The House that Jack built

The House that Jack built
The House that Jack built, film de Lars Von Trier, photo by Zentropa: Christian Geisnae

Du grand Lars von Trier perturbant avec The House that Jack built

Les films de Lars von Trier ont souvent le bon gout de bousculer, voire de hérisser les poils des avant bras avec des images chocs, des scénarios tortueux et des personnages perdus dans des systèmes iconoclates. The House that Jack built ne déroge pas à la règle avec un héros serial killer aussi antipathique que répugnant. 2h35 passés en sa compagnie pourra vous faire quitter la salle prématurément, vous faire vous cacher les yeux quelques fois et vous faire vous demander pourquoi tant de haine? c’est selon. Le réalisateur danois vise autant l’inconfort que la réflexion tout azimut avec ce long métrage à élever au panthéon des opus clivants. Certains y verront un chef d’oeuvre de mauvais gout, d’autres une tentative libératrice comme une réponse à la critique qui l’a crucifié après ses péripéties cannoises. A vous de faire votre choix.

Un pur anti-héros antipathique

Lars von Trier refait le coup de Nymphomaniac en cetet fois-ci la question des déviances sexuelles pour les remplacer par les visées macabres de son héros Jack interprété par un Matt Dillon dans un registre surprenant tant il sait devenir parfaitement glaçant. Il est le seul dans ce film à s’adonner à une passion frénétique du meurtre en série et la galerie d’acteurs connus consiste surtout en une longue litanie de victimes invariablement massacrées. Lars von Trier accompagne à nouveau son récit de deux voix commentant a posteriori le déroulement de chaque opération en 5 épisodes chronologiques. En même temps que Jack s’adonne à sa psychose névrotique pour juguler des TOC parfaitement handicapants, des considérations sur l’art accompagnent les images de meurtres sauvages avec des digressions historiques ou artistiques. La musique de David Bowie se fait entendre régulièrement avec un Fame entêtant alors que l’assassin se révèle aussi collectionneur qu’inventif en stockant ses victimes dans une chambre froide. Les métaphores abondent dans un film appelé à diviser les spectateurs. La moitié de la (petite) audience a quitté les lieux avant le dénouement, tant le premier degré pourra rendre malade les âmes les plus sensibles. Il faut véritablement s’accrocher pour supporter certaines scènes particulièrement sadiques. Le réalisateur n’hésite pas à enfreindre quelques tabous sociaux pour enfoncer le clou, jusqu’à se donner une aura caricaturale, comme s’il ne pouvait pas ne pas proposer des images pénibles, c’est plus fort que lui. Pourtant, Lars von Trier livre au final un film passionnant dans son extrémisme buté, à se demander si ce Jack aussi asocial que mortifère, ce n’est pas finalement lui-même, et ses victimes ne sont que ses nombreux contempteurs médiatiques. A cette aune, le film devient un règlement de comptes assez jouissif, le réalisateur n’hésitant pas à invoquer le 3e Reich pour expliquer une période qui le fascine avant tout formellement et philosophiquement sans forcément partager ses idées. Le réalisateur parle aussi d’architecture, de Glenn Gould ou de Goethe pour bien montrer q’il ne faut pas juger un artiste trop vite. Et pendant ce temps là, Jack s’enfonce dans l’horreur et l’ignominie. Jusqu’à un passage final inévitable aux enfers en compagnie de Bruno Ganz, parce qu’aucun autre destin ne pouvait l’attendre. Jack ne le voit pas comme une punition mais comme un aboutissement, une sorte de récompense à portée de doigt…

The House that Jack built est un vrai film concept aussi pénible que fascinant. Matt Dillon occit Uma Thurman et une soixantaine d’autres victimes non consentantes avec une régularité de métronome, sans jamais avoir de regrets ni de remords. Jack, c’est un peu Lars von Trier, jusqu’au boutiste et sans jamais se trouver dans une posture de victime expiatoire. Un vrai manifeste philosophique et esthétique que ce film.

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États-Unis, années 70.
Nous suivons le très brillant Jack à travers cinq incidents et découvrons les meurtres qui vont marquer son parcours de tueur en série. L’histoire est vécue du point de vue de Jack. Il considère chaque meurtre comme une œuvre d’art en soi. Alors que l’ultime et inévitable intervention de la police ne cesse de se rapprocher (ce qui exaspère Jack et lui met la pression) il décide – contrairement à toute logique – de prendre de plus en plus de risques. Tout au long du film, nous découvrons les descriptions de Jack sur sa situation personnelle, ses problèmes et ses pensées à travers sa conversation avec un inconnu, Verge. Un mélange grotesque de sophismes, d’apitoiement presque enfantin sur soi et d’explications détaillées sur les manœuvres dangereuses et difficiles de Jack

Sortie : le 17 octobre 2018
Durée : 2h35
Réalisateur : Lars von Trier
Avec : Matt Dillon, Bruno Ganz, Uma Thurman
Genre : Drame, Thriller

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NOS NOTES ...
Originalité
Mise en scène
Réalisation
Jeu des acteurs
Stanislas Claude
Rédacteur ciné, théâtre, musique, BD, expos, parisien de vie, culturaddict de coeur. Fondateur et responsable du site Culturaddict, rédacteur sur le site lifestyle Gentleman moderne. Stanislas a le statut d'érudit sur Publik’Art.
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