© Tristan Jeanne-Valès
Théâtre de l’Aquarium du 3 au 29 mars 2015
La cartoucherie
route du Champ de Manœuvre
75012 Paris
[pull_quote_center]Une traversée d’une densité rare portée par un supplément d’âme[/pull_quote_center]
Les deux personnages rappellent les couples interdépendants célèbres comme Sganarelle et Don Juan ou Don Quichotte et Sancho Panza ou encore Alex et Zavatta, Laurel et Hardy mais aussi une forme de dualité : le père, le fils, l’esprit, le corps.
L’incarnation des deux éclopés par Fargass Assandé et Michel Bohiri, acteurs ivoiriens, qui nous renvoie à tous les laissés pour compte d’aujourd’hui sonne d’une grande justesse. Ils sont magnifiques d’intensité avec cette capacité inouïe à inscrire leur jeu dans une immédiateté et une réalité qui font entendre comme jamais les mots de Beckett et cette humanité confisquée, confrontée à une errance et à une perdition de l’être.
Hérésie d’un monde irréconciliable qui voit se rencontrer nos deux accidentés de la vie et ce couple maître-esclave interprété par Marcel Bozonnet (vibrant) et Jean Lambert-wild (incandescent) où se mettent à jour les rapports de force et la mise en abîme de toutes les détresses humaines, à la fois victimes et bourreaux.
Jean Lambert-wild est un poète de la scène. Les images créées par le co-metteur en scène (le chapeau penseur qui s’éclaire ou encore les chaussures abandonnées qui changent de couleur comme par magie) ainsi que la gestuelle concrète, rythmée des acteurs mobilisent complètement le spectateur, propice à un questionnement en profondeur et universel sur notre époque.
Une traversée d’une densité rare portée par un supplément d’âme…