Le Monde du Sultan
Cette exposition, Le Monde du Sultan, met en lumière l’influence de la culture ottomane sur les artistes européens de la Renaissance. Au fil des échanges et des confrontations, entre les XVème et XVIème siècles, une attirance magnétique s’est maintenue entre les différents peuples et s’est transposée dans la peinture, la gravure, la sculpture et autres objets d’art.
L’EMPIRE DU SULTAN : Le monde ottoman dans l’art de la Renaissance
Du 27.02 au 31.05.2015
Palais des Beaux-Arts / BOZAR – Rue Ravenstein 23 – 1000 Bruxelles
Du mardi au dimanche de 10h à 18h (jeudi: 10h à 21h)
12€ : tarif standard – 10€ : tarif réduit
Palais des Beaux-Arts/Bozar
Le Monde du Sultan
Huile sur toile de Hans Eworth
Sultan Soliman le Magnifique – 1549
Période de renouvellement de l’Art, l’âge de la Renaissance a fortement été marqué par ce contexte historique. C’est en effet entre Occident et Orient, entre Islam et Chrétienté que certains artistes ont trouvé inspiration et légitimité. Après la chute de Constantinople, l’Empire byzantin laisse la place à l’Empire Ottoman qui multiplie les conquêtes en Europe, et au-delà des conflits militaires, des liens se créent et permettent des échanges à différents niveaux et une évolution culturelle dans les deux sens. Via le commerce et la diplomatie, l’Allemagne, l’Autriche, et les Pays Bas au Nord, l’Italie au Sud, la Pologne et la Hongrie à l’Est subissent l’influence de cette grande puissance. Et même si ces ennemis sont à craindre, les ottomans sont admirés pour leurs lois, leur religion, leur sagesse et leurs connaissances scientifiques. Ainsi cet attrait amène de grands artistes tels que Gentile Bellini, Albrecht Dürer, Hans Memling ou le Titien à peindre des sultans, des vizirs, des combats, mais aussi des demeures orientales, des chameaux et divers éléments liés à cet Empire fastueux. Certains d’entre eux partent en voyage en Orient pour répondre à des commandes car la peinture italienne à excellente réputation au sein de l’Empire Ottoman, les sultans désirent leurs portraits sur toiles ou médailles par les plus grands peintres. Et si les conflits militaires s’enchainent, d’autres formes d’alliances presque passionnelles se développent entre occident chrétien et orient islamique. L’Orient est le berceau de la science et de la sagesse et c’est en cela qu’il fascine l’Europe.
Plus de 160 œuvres d’art et objets précieux traduisent au fil de l’exposition cette influence. Par exemple, les ornementations orientales et le raffinement des textiles s’inscrivent dans la mode de l’élite européenne, ils sont adoptés dans les ateliers de fabrication dans tout le continent. Le tapis d’orient devient un signe distinctif du statut social, et, lorsqu’il est représenté dans les peintures religieuses, il symbolise le séparateur de la sphère sacrée et de la sphère profane. De nombreuses étoffes royales, des reliures de cuirs, des instruments scientifiques, des gravures, des armures, et autres masques répercutent le souffle culturel et esthétique des ottomans.
Loin encore des orientalistes du XIXème tels que Jean-Leon Gérôme, Ingres ou Delacroix, il est intéressant de constater combien les couleurs du monde islamique ont fait effet sur l’Europe de la Renaissance alors en plein changement.
Magnifique exposition, très riche et très bien agencée. Et en ces moments de tensions entre Occident et Orient, c’est un espace-temps qui permet de garder mémoire sur ce qui nous relie plutôt que ce qui nous sépare.
Un audioguide accompagne la visite, il est ponctué d’interventions littéraires par la célèbre écrivaine turque Elif Shafak. Elle viendra faire une intervention le 28 mai 2015.
Le Monde du Sultan
Gravure de Melchior Lorck
Sultan Soliman le Magnifique – 1559 – Constantinople
CITATION
« Venise est asiatique et arabe ; elle est aussi byzantine, gothique, lombarde ; mais c’est le caractère oriental qui domine, et celui sans lequel elle reste incompréhensible. Ses vaisseaux ont rapporté chez elle les styles et les formes de tous les climats : la coupole de Byzance, le minaret du Bosphore, l’ogive de Mahomet, la citerne du désert. Rien ne lui ressemble sur le continent. Le Jupiter du Péloponnèse, l’islamisme, le christianisme, se pressent à la fois en ce lieu de refuge. »
Edgar Quinet
Allemagne et Italie, 1839