Fleur de Cactus : un grand « boulevard » dirigé par l’illustre Michel Fau à (re)voir !
En 1956, Pierre Barillet et Jean-Pierre Gredy, duo emblématique du théâtre de boulevard, crée L’Or et la Paille avant Folle Amanda, Potiche, ou Fleur de Cactus, rôles indissociables de l’interprétation qu’en ont donné Jacqueline Maillan, Catherine Deneuve et Lauren Bacall.
Depuis dix ans, leurs pièces reviennent sur le devant de la scène. Après Potiche adapté au cinéma par François Ozon, L’Or et la Paille mise en scène par Jeanne Herry en 2015, c’est au tour de Michel Fau de reprendre Fleur de Cactus, comédie humaine et absurde avec dans le rôle titre la géniale Catherine Frot, pour 48 représentations exceptionnelles, fort de son succès public et critique en 2016.
Une mécanique du vaudeville qui fait mouche
En s’appropriant les codes du genre à l’abri d’un ton décalé doucement barré, ludique et poétique, Michel Fau en explore toute la force comique mais aussi les brisures mélancoliques, révélatrices chez les protagonistes d’une fêlure prête à les faire exploser et/ou se révéler.
Catherine Frot est mademoiselle Vignau dans la pièce et l’assistante dentaire secrètement amoureuse de son patron, Julien, alias Michel Fau. De son côté, le praticien, célibataire, est raide dingue d’une jeune femme de 23 ans, Antonia (Mathilde Bisson), à laquelle il a fait croire l’existence d’une femme et trois enfants afin de préserver sa liberté.
Lorsqu’il se décide enfin à divorcer pour épouser Antonia, celle-ci exige de rencontrer sa femme. Le dentiste va alors demander à sa fidèle assistante d’être cette conjointe imaginaire.
Surréaliste et sophistiquée, la mise en scène se joue à merveille des répliques et de la dérision des situations sur fond de quiproquos et de mensonges qui affolent les protagonistes.
Le décor à tiroir et très sixties de Bernard Fau soutient judicieusement le rythme et la mécanique du vaudeville où les personnages se débattent sans merci avec leur petitesse et leur désir refoulé d’émancipation.
Michel Fau excelle en chirurgien-dentiste dépassé par son mensonge tandis que Catherine Frot (récompensée d’un Molière en 2016) est exceptionnelle de fantaisie mélancolique où entre soumission et audace, elle incarne sans pareil cette héroïne coincée puis délurée.
je participe .bonne journee