Juste la fin du monde, film inégal de Xavier Dolan (Festival de Cannes 2016)
Le film de Xavier Dolan était sans doute l’un des plus attendus du Festival de Cannes. Le réalisateur prodigue signe avec Juste la fin du monde sa première adaptation. Cette pièce de théâtre créée par Jean-Luc Lagarce raconte l’histoire d’un jeune trentenaire qui revient après 12 ans d’absence dans sa famille pour la revoir une dernière fois, lui annoncer sa mort prochaine, lui faire ses adieux.
Habitué du Festival, Dolan a gravi les échelons de la compétition en débutant par la Quinzaine des Réalisateurs avec son premier film, J’ai tué ma mère. Un coup de coeur immédiat pour le public cannois. Il revient dès l’année suivante avec Les amours imaginaires, sélectionné cette fois dans la catégorie « Un Certain Regard ». Rebelote en 2012 avec Laurence Anyways avant de revenir en 2014 en compétition officielle avec Mommy (son cinquième film : il avait aussi sorti Tom à la ferme entre temps), qui reçut le prix du Jury.
Un parcours remarquable auquel il ne manque plus que la Palme d’Or. Jusqu’ici, Dolan a toujours écrit ses scénarios. En acceptant de signer une adaptation avec Juste la fin du monde, le réalisateur prend un risque. La critique n’a pas manqué de s’en inquiéter, évoquant la fin d’un cycle. Moins incandescent que son incroyable Mommy, encore très présent dans les esprits, Juste la fin du monde apparaît comme un film au talent dilué. Un film qui n’appartient pas à son auteur et qui montre que Dolan n’a pas le même génie lorsqu’il s’aventure sur une histoire qui n’est pas sienne.
On retrouve pourtant dans Juste la fin du monde la patte de l’artiste qui n’a rien perdu de sa superbe. La réalisation est inondée de lumière, abreuvée de plans audacieux et d’une multitude de détails qui font la grandeur de Dolan. De ce point de vue, impossible d’être déçu, on reconnait instantanément à qui on a affaire. Mais la mise en scène semble oubliée au profit d’un scénario rectiligne, sans surprise ni fulgurances. L’intrigue n’a ni la saveur, ni le relief de l’écriture de Dolan.
L’esprit s’y retrouve néanmoins pour l’essentiel, notamment grace à des acteurs investis corps et âmes dans l’aventure Dolan. Il faut souligner la performance de Nathalie Baye dans un rôle de composition totalement décalé comme celle de Vincent Cassel qui crève l’écran. L’acteur signe l’une de ses interprétations les plus intenses, avec une profonde sincérité.
Juste la fin du monde pourrait remporter la Palme malgré la fragilité de son scénario. Le film est aussi déséquilibré qu’il compte d’immenses atouts pour convaincre. Que ce soit pour sa réalisation, pour sa photographie ou pour ses grands acteurs, Juste la fin du monde méritait le déplacement.
Adapté de la pièce de théâtre éponyme de Jean-Luc Lagarce, le film raconte l’après-midi en famille d’un jeune auteur qui, après 12 ans d’absence, retourne dans son village natal afin d’annoncer aux siens sa mort prochaine.
Sortie : 21 septembre 2016
Durée : 1h45
Réalisateur : Xavier Dolan
Avec : Gaspard Ulliel, Léa Seydoux, Nathalie Baye, Marion Cotillard et Vincent Cassel
Genre : Drame
Premier sentiment en sortie de salle et premier qualificatif pour décrire Juste la fin du monde: anxiogène. Puissant certes, émouvant parfois mais profondément anxiogène. Impossible de s’attacher à ces personnages tour à tour veules et hargneux. Un théâtre filmé qui bouscule et interroge sur la famille de l’auteur… le film sent le règlement de comptes cathartique. Au final, j’étais content que ça se termine…
C’est vrai, il y a de la violence dans l’âme mais il parait que c’est une retranscription littérale de la pièce de théâtre. A mon avis, pas de règlement de compte mais juste une vision extrême de l’oeuvre originelle. Tout de même très bon dans son genre.
Voilà un film qui vous prend aux tripes. Du Dolan à 300%, comme on l’aime. Des acteurs absolument époustouflants et une violence qui nous fait peur tellement elle est proche de la réalité. Dolan exprime toujours une énorme souffrance à travers ses films. Bien sûr, on ne peut que s’interroger sur la propre vie de Dolan, sa propre famille… Mais n’oublions pas que c’est une adaptation d’une pièce de Jean-Luc Lagarce, qui est décédé du sida à 38 ans. Sans doute est-ce son cri du coeur, en pleine crise de conscience, et/ou proche de sa propre mort…
Un film qui dérange, certes, mais à voir !