©Laurent Philippe
Théâtre du Châtelet du 8 au 11 avril 2015
Benjamin Millepied, aujourd’hui directeur de la danse à l’Opéra de Paris, est membre fondateur du L.A. Dance Project composé de huit danseurs, un collectif envisagé comme un laboratoire de création qui décloisonne les frontières de l’art et dont le répertoire s’enrichit d’œuvres créées spécialement pour lui par d’autres artistes qui partagent son ambition plurielle.
Le L.A. Dance Project ou l’écriture ardente et en mouvement
Résolument tournée vers le contemporain, la compagnie américaine est de retour pour la troisième fois au Théâtre du Chatelet.
A travers trois pièces qui font cohabiter avec inventivité l’univers abstrait du surdoué belge Sidi Larbi Cherkaoui, « Harbor Me », la danse impétueuse de l’Israélien Roy Assaf, “II Acts for the Blind”, et la vitalité toujours renouvelée de Benjamin Millepied avec sa création intitulée “Hearts and Harrows”, deuxième volet de sa trilogie « Gems ».
On commence donc avec Sidi Larbi Cherkaoui ou la possibilité d’une île sur un trio de corps masculins qui imprime dans l’espace une quête : un port, un repère, un point d’attache, une fuite ou encore l’autre dans une abstraction étirée du mouvement aussi limpide que sensuelle et une scène d’ouverture marquante.
Le second ouvrage « II Acts for the Blind » par le chorégraphe Roy Assaf bouscule le rêve américain d’une manière ludique et drôle à l’abri d’une chorégraphie en deux tableaux : un premier introspectif avec des instantanés arrêtés et des images tout droit sorties d’une toile d’Edward Hopper puis un deuxième décomplexé où les danseurs reprennent la même gestuelle avec un narrateur/bruiteur en meneur déjanté. Le tout dans une décomposition et une frénésie du mouvement devenues narratives.
Enfin, Benjamin Millepied clos ce programme de haut vol avec « Heart & Arrows » (Gems 2) sur une musique de Philip Glass qui lui va si bien et qui rend hommage à l’ambiance graphique et esthétique des années 80. Dans une scénographie parfaite de Liam Gillick qui dévoile les coulisses d’un théâtre, Millepied fait la part belle aux entrées et aux sorties du ballet ainsi qu’aux moments de groupe qui se font et se défont dans une ligne chorégraphique à la fois pulsative, légère, spatiale, cinétique, en un mot : inspirante.
Le L.A. Dance Project ou l’écriture ardente et en mouvement…