Legend, film bancal pour deux Tom Hardy qui impressionnent
Après son retour détonnant dans Mad Max : Fury Road, Tom Hardy s’offre le luxe des deux rôles principaux de Legend. Se donnant la réplique à lui-même, il incarne les célèbres frères Kray, mafieux londoniens, objets de fantasmes et de mystères. Un jeu d’acteur impressionnant, du séducteur au schizophrène, mais insuffisant à porter seul un film bardé de défauts.
« C’est l’histoire d’un schizophrène paranoïaque qui rentre dans un bar » annonce Reggie Kray lorsque son frère Ronnie entre dans le QG de la bande mafieuse concurrente de la leur. S’ensuit un règlement de comptes à coups de poings et de marteau bien sentis sur un fond de jazz : les frères Kray tendent à dominer Londres et ils le font savoir. Quelques belles scènes de baston de cet acabit parsèment Legend, le situant dans la lignée d’un bon film de mafieux, agrémenté de la présence de Chazz Palminteri (Usual suspects, Les Hommes de l’ombre, Mafia blues, Modern family). Ajouter à cela la vie nocturne londonienne des années 50-60, ses ruelles obscures et désertes en contraste avec le faste des casinos des quartiers riches, et vous obtenez quelques bons moments.
Pourtant, il manque rythme et narration resserrée pour être à la hauteur des plus grands. La composition boiteuse fait s’essouffler le récit, où les scènes d’action se ressemblent souvent. Si l’histoire des frères Kray est fascinante – deux vies destinées à construire leur empire à coup de poing, de menaces et de corruption – le film ne sait où se placer et tente d’insérer tous les ingrédients attendus (population protégée puis apeurée, scènes d’enquête, de négociations, argent qui coule à flots…) en une succession de scènes décousues.
Une présence qui crève l’écran.
Reggie, raisonné et diplomate, cache son potentiel de boxeur derrière une surface d’homme d’affaire propriétaire de casino. Ronnie, direct et ouvertement gangster, est aussi fou qu’il est dangereux. Le contraste entre les jumeaux est d’autant plus intéressant qu’il est joué par le même Tom Hardy, épaissi et pourvu de talonnettes pour jouer Ronnie. Une présence qui crève l’écran mais qui laisse peu de place aux rôles secondaires, déjà pauvres. Mis à part deux bras droits, ils sont vite esquissés : le flic de Scotland Yard est fade, de même que son enquête. Même Ronnie reste flou. Si les scènes où sa schizophrénie prend son ampleur sont réussies, le mystère reste entier sur sa provenance, sur le passé du personnage et sur ses sentiments.
L’originalité était de donner à voir ce monde de gangsters à travers le prisme de Frances, la femme de Reggie. De l’amour fou, enivré par l’argent facile, au désespoir de ne jamais pouvoir vivre un jour une vie rangé avec son mari, elle reste tristement incolore. Reggie, prend conscience, trop tard, qu’il l’aimait vraiment, dans une scène de mélo aux traits forcés.
Si les frères Kray sont incontestablement une Legend, le film, lui, se laisse vite oublier mais nous rappelle, si l’on en doutait, l’excellence de Tom Hardy.
Londres, les années 60. Les jumeaux Reggie et Ronnie Kray, célèbres gangsters du Royaume-Uni, règnent en maîtres sur la capitale anglaise. À la tête d’une mafia impitoyable, leur influence paraît sans limites. Pourtant, lorsque la femme de Reggie incite son mari à s’éloigner du business, la chute des frères Kray semble inévitable…
Sortie : le 20 janvier 2016
Durée : 2h11
Réalisateur : Brian Helgeland
Avec : Tom Hardy, Emily Browning, David Thewlis
Genre : Policier, biopic