2017, une année plurielle & vibrante.
Mon année ciné 2017 est clairement à placer sous le signe de l’éclectisme à foison. Beaucoup de rires et de crissements de dents, quelques pincements au coeur, de l’émerveillement, des colères, mais surtout des auteurs de qualité, avec ou sans millions. Et ça, on adore. Surtout à l’aune d’une ère qui semble très cannibalisante : les GAFA qui entrent en force au 7e Art, Netflix qui continue à mener sa guerre contre les salles obscures ou l’ogre Disney. Impossible de dire ce qui restera de la créativité dans les décennies à venir. Ce qui est sûr, c’est qu’ici à PublikArt, on continuera à la défendre coûte que coûte, et ce afin de toujours mieux vous aiguiller dans vos choix culturels.
10° Star Wars – Les derniers Jedi
Je n’ai jamais été un grand féru de la saga Skywalker. Pour une simple et bonne raison, tout comme la saga Terminator avec la famille Connor, il faut savoir passer à autre chose quand le summum semble avoir été atteint. Ici, on parle évidemment de la trilogie originelle où la paternité était le nerf de la guerre. Ceci étant dit, tout nouvel épisode de la saga Star Wars apparait pour moi comme une agréable ballade spaciale truffée d’FX derniers cris et peuplé de créatures délirantes et délicieuses. En ce sens, Les derniers Jedi m’ont largement régalé. Irrévérences face aux héros légendaires, agréables surprises scénaristiques, retour d’un humour space-Lucas, que semblait avoir égaré J.J Abrams et surtout une audace visuelle renouvelée lors de la très belle bataille finale. Rian Johnson délivre un épisode fortement ludique et enjoué, à défaut de paraitre inoubliable, faute à ces diables de Skywalker !
9° Brimstone
Tout sépare le n° 10 de ce classement et Brimstone. L’épique western réalisé par le Néerlandais Martin Koolhoven fait parti de ces films qui trottent des heures durant dans votre subconscient après l’avoir visionné. Débarqué sur nos écrans sans faire de bruits et porté par un joli casting de seconds couteaux, les mésestimés Dakota Fanning et Guy Pearce, ce western sera un parmi les plus âpres que vous pourrez voir. Inceste, pédophilie, rédemption ou tortures servent les desseins funestes d’une sombre famille dont la femme est muette et doit faire face à obsession irréel du prêcheur local. Une esthétique gothique brillante, une interprétation glaçante et un montage à rebours font de Brimstone l’un des chocs de cette année 2017 et une vraie ode au féminisme.
8° La Villa
Robert Guediguian sait tout faire, et il nous l’a amplement prouvé depuis le début des années 2000 en s’éloignant régulièrement de son style pour nous conter des histoires qui lui tenaient à coeur. Mais, le cinéaste à l’accent qui fleure bon les cigales du Sud n’est jamais aussi bon et à l’aise que quand il retrouve ses calanques et sa Méditerranée. Film minimaliste diront certains, film foisonnant de vie (et de mort), d’envies (et de désirs), d’histoires (la petite comme la grande) et surtout film de comédiens. Ariane Ascaride, Robinson Stévenin, Anaïs Demoustier y sont magnifiques et touchant. Et que dire de Jean-Pierre Darroussin auquel cette Villa semble être un véritable hymne à sa bonhomie, à son côté raleur, à son humour pince-sans-rire et surtout à sa générosité. Tout la gourmandise du sud en un grand petit film.
7° Le sens de la fête
Il est absolument incontestable qu’ils l’ont le sens de fête. Ils, soit Eric Tolédano et Olivier Nakache, inséparable duo et Intouchables depuis le film du même nom. Après une Samba plus contestatrice, moins enjouée, ils reviennent à ce qu’ils savent faire à la quasi-perfection en tant qu’héritiers du Feel-Good Movie à la Apatow, la comédie de groupe à la répartie qui tue. Et quel groupe ! Macaigne, Lellouche, Rouve et surtout Bacri en chef de file stressé et exténué pour entrer dans les coulisses de la réception d’un mariage BCBG. Tolédano-Nakache ou le sens du rythme de la vanne en expertise. La comédie française à son meilleur.
6° Split
On avait quitté M. Night Shyamalan, sus-nommé enfant prodige de la SF au début des années 2000 avec ses cartons publics et critiques Sixième sens, Signes ou Incassables, en net regain de forme après avoir cumuler quelques fours aussi vite vus, aussi vite oubliés. Ce retour est amplement validé par Split où le cinéaste d’origine Indienne retrouve ce qui a fait l’essence même de ses premiers hits : pitch psyché, huis-clos graphique et maitrisé et surtout une direction d’acteur implacable. Ce n’est pas un hasard si James McAvoy y tient l’un de ses tout meilleur rôle dans la peau du dérangé Kevin Wendell Crumb. Un des personnages les plus mémorables de l’année dans l’un des thrillers les plus stressants de 2017. « Hi ! I’m Baaaarry ! »
5° 120 battements par minute
Le film est certes perfectible (l’insupportable musique électronique cheap d’Arnaud Rebotini, que pourtant j’adore sous son sobriquet de Blackstrobe), mais quelle putain de claque ! Cannes avait bruissé la nouvelle, 2 heures et 20 minutes plus tard, elle est confirmée. Robin Campillo a bel et bien signé l’un des plus beau film français des 10 dernières année. Traitant de la maladie, de l’amitié, du courage, de l’amour, beaucoup d’amour, mais qui ne dégouline jamais, et de fougue. L’amour de la vie, maintenant, pour toujours. Et ces visages qui vous hanteront bien au delà de 2017, les néophytes Nahuel Perez Biscayart et Arnaud Valois.
4° Mother !
De fougue et de passion, il y est totalement question dans Mother ! du décidément très clivant Darren Aronofsky. On y trouve aussi un millier d’autre thème ou sujet, le tout condensé en 2 heures sous forme de thriller domestique paranoïaque à forte dose d’effets en tout genre (bruitage, FX, musique …). Jennifer Lawrence y confirme qu’elle est LA nouvelle reine d’Hollywood, agaçante, apeurée, amoureuse, énervée, contre un Javier Bardem au charisme non feint. C’est l’un des premiers films où je n’ai jamais su deviner ce qui allait arriver de la première à la dernière image. Et malgré son quota surélevé de situations WTF, l’expérience jusqu’au-boutiste vaut à elle seule sa présence aussi haut dans ce classement.
3° Kingsman – Le cercle d’or
C’est un comble pour beaucoup de retrouver si bien classé un blockbuster, surtout en cette période d’infamies et d’indigestions (Coucou DC Comics). Et pourtant, les mots me manquent encore pour décrire la jouissance totale que m’a apporté ce second épisode de la franchise d’espionnage pop-ludique Kingsman. Les vrais amateurs de 7e Art savent que cet exploit est en grande partie dû à Matthew Vaughn, l’un des seul réalisateur à avoir tâté plusieurs genres avec une réussite unanime. Ici, plus besoin d’intro, on rentre dans le vif du sujet pied au plancher. Tout explose, tout virevolte, avec une décontraction et une virtuosité technique assez sidérante. L’humour british sert de décapant quand tout ralenti, et surtout est balancé à la Tarantino, soit avec une irrévérence crue et bienvenue dans un océan de films aseptisés. Quand la Pop Culture touche au culte en 2017.
2° Blade Runner 2049
Oui, je fais parti des déçus de Blade Runner 2049. Il manque tout ce qui rendait le film de Ridley Scott culte, son côté tellement organique et ce malgré un univers futuriste glacé. La musique orgiaque de Vangelis m’a manqué également. Cela veut-il que tous les films classés avant sont médiocres ? Bien sûr que non. Denis Villeneuve n’est pas un manchot. Loin de là. L’univers visuel est une splendeur sans nom. Mieux qu’avant. Le sens du cadrage et de l’esthétique du virtuose Canadien y est pour beaucoup. Son compatriote Ryan Gosling face caméra fait le job avec le mysticisme et le mutisme qu’il sait transmettre. L’intrigue tient largement la route et renouvelle même l’univers des Runners. Mais comme tous les films de Villeneuve, il me manque la dose d’humanité et de sentiment qui fera passer ses films d’exceptionnel à légendaire.
1° La La Land
Ca commence comme un bonbon pop trop sucré. Des jeunes gens se lancent dans une chorégraphie dansée-chantée au beau milieu d’une bretelle d’autoroute ensoleillée avec pour mot d’ordre : « It’s another day of sun ». On nous déroule la rencontre pimpante entre les wanna-be Ryan Gosling et Emma Stone, tous deux bien trop beaux et doués pour échouer dans la Cité des Anges, L.A. Puis, le récit se pimente, puis s’acidule, toujours au rythme de chansons bien trouvés et écrites par le surdoué Damien Chazelle, jusqu’à un dénouement sur un échange de regard que personne ne pourra oublié. De l’orfèvrerie des sentiments de haut vol. Du grand cinéma romantique et romanesque. Hollywood à son meilleur en 2017.
Les frustifiants
Ils auraient largement pu avoir leur place dans ce classement tant l’année 2017 fut une bonne année ciné. Les français Au revoir là haut, la petite histoire rejoint la grande sous les caméras d’Albert Dupontel à son meilleur, et Ce qui nous lie, du vin et de la fratrie conté par Klapisch, très bon cru. Les thrillers Get out, concept malin et revendicatif, It comes at night, minimaliste et organique, ou encore Ça, la relecture stylisée du roman de King. Sans oublier The lost city or Z, épique et très beau et La planète des singes – Suprématie, blockbuster intelligent et soigné.
Mes attentes ciné pour 2018
Comme souvent les suites sont mises à l’honneur : curieux de voir ce que donnera Jurassic World : Fallen kingdom avec la patte de l’Espagnol Bayona, si McQuarrie confirmera avec Mission : Impossible 6, si l’Italien Stefano Sollima saura rendre Soldado aussi puissant et anxiogène que Sicario, ou encore si Solo : A Star Wars story ressuscitera comme il se doit le mythe du personnage culte de la saga.
Les grands cinéastes ne chômeront pas non plus avec 2 films très attendus pour Steven Spielberg, le thriller journalistique Pentagon Papers, et surtout Ready Player One, oeuvre matricielle de SF censée nous rappeler qui est le vrai boss à Hollywood. Damien Chazelle reviendra déjà avec First man où l’histoire du premier homme sur la Lune, encore avec Ryan Gosling. Tandis qu’Asghar Farhadi nous présentera son premier film tourné en espagnol où il tourmentera les tourtereaux Penelope Cruz et Javier Bardem.
En outsider, je citerai Hostiles qui devrait installer Scott Cooper définitivement dans la A-list, le Lion d’or de Venise The shape of water nouveau conte fantastique de Guillermo Del Toro, le retour de Kechiche avec Mektoub my love, ou encore mon grand favori de l’année : Bohemian Rhapsody sur le légendaire Freddie Mercury.
En bonus
Prenez le temps qu’il faut pour vous organiser, mais ne loupez surtout pas mes deux coups de coeur du Festival Cinemed de Montpellier : Manuel (Il Figlio) de Dario Albertini et porté par le futur grand Andrea Lattanzi, et Razzia de Nabil Ayouch, l’oeuvre la plus dense et complète de son auteur.
Et vous, quelles sont vos préférés de l’année ? Vos coups de griffe ? Vos attentes pour 2018 ?