Paris Photo 2025, sous la verrière, l’image en mouvement

Paris Photo 2025, sous la verrière, l’image en mouvement
Amigo de El Friki y pared rosa. | 2025 | 120 x 150 cm | Felipe Romero Beltrán, Hatch Gallery and Klemm’s

Paris Photo 2025, sous la verrière, l’image en mouvement

Sous la nef du Grand Palais, la photographie impose son souffle. Loin des effets spectaculaires, Paris Photo 2025 choisit la respiration : un regard élargi, des voix nouvelles, un art qui se souvient, s’hybride et se réinvente.

Cette 28ᵉ édition ne cherche pas l’éblouissement : elle veut la clarté. Les 183 galeries venues de 33 pays forment moins une foire qu’un paysage — un espace mouvant où les images se répondent, se parlent, se contredisent.

Le cœur du parcours repose sur deux mots : paysage et filiation. Deux lignes de force qui se rejoignent dans un même geste : relier. Le paysage n’est plus décor mais empreinte ; la filiation, plus héritage que lignée.

On photographie moins ce qu’on voit que ce qu’on transmet, et cela change tout. Les artistes racontent comment le sol, la peau, la lumière deviennent mémoire.

La photographie quitte le spectaculaire pour retrouver le sensible, cette attention sensorielle qui rend visible ce qui persiste après l’image.

L’installation monumentale de Sophie Ristelhueber ouvre la voie : un mur de guerre et de mémoire, aussi massif qu’émouvant. Ailleurs, Atong Atem éclate la couleur dans un hommage vibrant aux identités diasporiques.

Dana Lixenberg poursuit ses portraits silencieux des communautés américaines, quand Felipe Romero Beltrán capture la tension fragile des corps en transit.

Un déplacement du regard

Bérangère Fromont, elle, explore la lumière comme blessure, comme trace du vivant. Partout, la même volonté : faire de l’image non un document, mais une expérience. Le spectateur n’est plus face à une œuvre ; il est dans son champ magnétique.

On circule, on s’approche, on respire. La photographie ne fige plus le réel : elle le laisse vibrer, trembler, s’ouvrir.

L’édition 2025 s’ouvre plus que jamais aux scènes venues d’ailleurs. Inde, Japon, Proche-Orient, Afrique, Amérique latine : le monde photographique devient polyphonique. Les jeunes artistes n’imitent plus les modèles occidentaux ; ils inventent leur propre syntaxe visuelle.

Certains mêlent textile, archives et collage numérique. D’autres utilisent la photographie comme rituel, comme geste de réparation. Le médium, longtemps instrument de domination, se retourne : il devient outil d’émancipation, de récit intime. Ce déplacement du regard est la grande réussite de cette édition.

Et dans cet écosystème élargi, l’hybridation se fait apaisée. Plus de fracture entre argentique et numérique : juste un dialogue entre les deux. L’IA, discrète, sert parfois à combler une absence ou à reconstituer un souvenir manquant. La technique n’est plus enjeu, elle est moyen d’émotion.

En quittant la nef, la lumière de novembre caresse les marches du Grand Palais. On garde en tête un visage, un horizon, une ombre. Paris Photo 2025 n’a rien d’un feu d’artifice : c’est une invitation. Et sous la verrière, la photographie, cette vieille compagne du réel, murmure encore : « Je ne montre plus le monde. Je t’invite à le regarder. »

 Dates : du 13 au 16 novembre 2025 – Lieu : Paris Photo 2025 (Paris)

NOS NOTES ...
Intérêt
Amaury Jacquet
Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.
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