Pekka Halonen au Petit Palais : la Finlande comme territoire intérieur
Au Petit Palais, Pekka Halonen ne se dévoile pas tout de suite. Il préfère s’approcher en silence, comme la lumière d’hiver qui glisse entre les branches avant de toucher la neige. On avance dans la première salle et quelque chose se décante en soi, presque imperceptiblement.
Une observation plus lente, un silence religieux. Il faut toujours un peu de temps pour entrer dans les paysages enneigés : ils exigent qu’on laisse l’image s’ancrer.
Halonen peint la neige comme on écrit un poème : en acceptant de ne pas tout déchiffrer, en laissant les nuances dialoguer entre elles. Chez lui, le blanc n’est jamais un blanc. C’est un souffle, une peau, un tissu de lumière, un secret qui s’étire.
Parfois, on croit entendre le craquement feutré de la glace dans une toile. Parfois, on sent presque l’odeur froide du matin, cette odeur qui n’appartient à aucune palette, mais que l’exposition tente pourtant d’approcher, par quelques notes boisées.
Les tableaux de Halonen ne sont pas des fenêtres ouvertes sur la Finlande : ce sont des méditations intérieures. On traverse un lac gelé, on suit la courbe des pins, on glisse du regard sur la surface immobile de l’eau, figée dans son propre rêve.
La nature comme sentinelle
Tout est calme, mais jamais figé. La nature, chez l’artiste, s’impose avec une lenteur qui force l’humilité. Les arbres ne posent pas ; ils vivent. Les rochers ne décorent pas ; ils attendent. Le peintre, lui, ne capture rien : il accompagne. Et soudain, dans ce monde pétri de calme, surgit la mémoire de Paris.
Les couleurs de Gauguin, les compositions japonisantes, la modernité qui bouscule puis se retire, laissant place à une intériorité lumineuse. C’est comme si Halonen avait rapporté de la ville un langage nouveau pour dire la solitude des forêts. Rien de spectaculaire : juste une précision plus grande, une manière de tenir le silence sans qu’il pèse.
« Halosenniemi » — sa maison-atelier au bord du lac Tuusula, réévoquée ici — apparaît comme un cœur battant. Une maison où l’on sent la chaleur du poêle, le parfum des tomates mûres, les voix des enfants qui traversent la pièce comme un rayon de soleil.
On imagine le peintre posant son chevalet, sortant dans la neige, revenant les joues rougies, déposant dans chaque toile un peu de son quotidien. Rien de romantisé : juste la vérité simple d’une vie tenue entre travail, amour et nature.
À mesure qu’on progresse, l’exposition devient un voyage intérieur. On ne regarde plus simplement des tableaux : on se laisse traverser par eux. Et quand vient la dernière salle, on a l’impression étrange qu’il neige un peu en soi.
Pas la neige qui tombe — la neige qui reste. Celle qui adoucit le monde, celle qui efface le bruit, celle qui nous rappelle que la beauté n’est pas toujours dans ce qui surprend, mais souvent dans ce qui insiste doucement.
Halonen nous parle d’un monde immobile et pourtant vibrant. D’une neige qui n’éteint pas : qui révèle. Une exposition qui, sans hausser la voix, laisse une empreinte persistante. Et avec cette certitude discrète que Halonen n’a pas peint des paysages : il a peint la façon dont un être humain peut se relier au monde.
Dates : du 4 novembre 2025 au 22 février 2026 – Lieu : Petit Palais (Paris)
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