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Amaury Jacquet

Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

Un Cocteau endiablé au Théâtre de l’Atelier

crite dix ans après "La Voix humaine", cette pièce de Jean Cocteau semble en répéter les caractéristiques essentielles : une femme délaissée (Romane Bohringer) souffre à en crever de l’absence, des mensonges et du silence de son amant (Tristan Sagon). Dans un dialogue visuel et charnel intense avec la comédienne aussi animale que guerrière, le danseur Tristan Sagon donne corps à ce mutisme et à son emprise.

« L’Affaire Makropoulos » convoque Hollywood à l’Opéra Bastille

Janáček est à deux ans de la mort lorsqu’il compose "L’Affaire Makropoulos". Le portrait cruel d'une femme qui a bu l’élixir d’immortalité plus de 300 ans auparavant et qui s’abîme sans relâche dans ce paradis artificiel. Car qu’est-ce que vivre lorsque l’on a déjà tout vécu, tout ressenti, tout appris, lorsque le temps et la répétition émoussent toute émotion, tout désir, tout envie et qu’il ne reste que lassitude et ennui ?

Judith Chemla, une Violetta en état de grâce

"La Traviata. Vous méritez un avenir meilleur", version revisitée de l’œuvre de Verdi, revient au Théâtre des Bouffes du Nord où elle fut créée en 2016. Ce retour en majesté est porté par l’incandescente et vibrante soprano Judith Chemla dans le rôle titre. Le célèbre opéra est inspiré de La Dame aux Camélias d’Alexandre Dumas fils, et de la vie dissolue de la courtisane Marie Duplessis, femme de son siècle et victime annoncée de sa condition sociale. Benjamin Lazar et ses treize interprètes, musiciens /chanteurs, s'emparent avec un geste fort de son destin tragique à partir de larges extraits de la partition, – l’orchestre étant réduit à une douzaine d’instruments – alternant en fluidité avec le texte parlé, librement inspiré du livret de Francesco Maria Piave d’après "La Dame aux camélias", et de scènes où s’évoque le spleen d’un XIXe siècle en quête de sensations fortes, de passions humaines et d’étourdissement.

« Roméo et Juliette » : le geste enlevé et total de Thomas Jolly à l’Opéra Bastille, sur France.tv

vec Roméo et Juliette de Charles Gounod, Thomas Jolly s’empare du mythe des amants de Vérone et signe une version opératique qui fera date. A l’abri d’une mise en scène spectaculaire et grandiose, empreinte d’une esthétique baroque et ténébreuse, à la lisière du fantastique et de l’onirisme, qui s’appuie sur des costumes aux infinies références et des jeux de lumière d'Antoine Travert scénarisant ou découpant l’espace, il installe la dramaturgie. Elle s’appuie sur un décor monumental conçu par Bruno de Lavenère qui reconstitue le grand escalier du Palais Garnier, assorti de petits balcons et surplombés d’une dizaine de chandeliers. En tournoyant sur lui-même , le décor offre dans une fluidité parfaitement orchestrée, des images saisissantes au gré des tableaux évoqués comme celles de la scène salle de bal, du balcon, de l’autel nuptial, des combats entre les deux clans ou encore de la crypte mortuaire où les éclairages participent au climat. Il est un écrin organique à la tension et à la fureur de vivre qui se déploient et attisent de bout en bout le drame shakespearien.

Le ballet Malandain dans les pas brûlants de Stravinski, sur la chaîne Mezzo

Thierry Malandain, accompagné du chorégraphe Martin Harriague, revisitent les œuvres emblématiques d’Igor Stravinski : L’Oiseau de feu et Le Sacre du printemps. Bien que ces deux ballets phares et d’anthologie aient été chorégraphiés des centaines de fois dans le passé, le programme présenté s’attache à donner aux deux œuvres un jour nouveau. Pour cela, ils sont revenus à leur source vive. Ainsi, Thierry Malandain rend à l’Oiseau sa spiritualité biblique chargé d’apporter aux hommes sa divinité salvatrice.

Des voies venues du froid mais pas que au Festival Paris l’été 

Des voies venues du froid mais pas que au Festival Paris l’été Lorsqu’elle ne crée pas des spectacles, la réalisatrice et chorégraphe Elle Sofe Sara...

Michel Fau et Sébastien Castro font des leurs à la Michodière !

On connait la passion de Michel Fau pour le Vaudeville propice à un jeu surréaliste et survolté qui offre une vision du genre humain aussi petit que jusqu’au-boutiste. Pour cette nouvelle version théâtrale de la pièce "Le vison voyageur", Michel FAU et Sébastien CASTRO sont partis de l’adaptation par Jean-Loup DABADIE du texte très anglais de Ray Cooney et John Chapman. L'action se déroule à Londres, dans le temple de la fourrure, chez Bodley et Crouch, un milieu éminemment snob et coincé dans lequel le dramaturge propulse des personnages décomplexés et de plus en plus barrés qui vont contaminés et faire exploser cet ordre établi.

« La Cerisaie » électrisante de Tiago Rodrigues, sur France 4

Une comédie douce-amère au texte hypnotique où s’agite un clan en décomposition. Entre l’extravagante Lioubov qui a dilapidé l’héritage familial et l’ambitieux Lopakine, interprété par Adama Diop, construisant énergiquement son patrimoine, toute une tribu gravite, partagée entre ceux imaginant un avenir meilleur et ceux regrettant un passé qui leur fut clément.

Notre Sélection

« I will survive » : rire nerveux et malaise garanti

Avec I Will Survive, Les Chiens de Navarre rappellent une vérité simple : quand la réalité devient trop absurde pour être racontée, il ne reste plus qu’à l’exagérer pour qu’elle redevienne audible. Jean-Christophe Meurisse l’a bien compris : l’outrance n’est pas une facilité, mais un outil — une loupe déformante pour mieux scruter les recoins les plus gênants de la société française. Et c’est justement parce qu’il observe si finement qu’il grossit si fort.

Une École de danse d’une troublante modernité à la Comédie-Française

Il arrive que le théâtre ressuscite des œuvres qu’on croyait promises à l’oubli. Avec "L’École de danse", Clément Hervieu-Léger réalise précisément cela : redonner souffle à une comédie que Goldoni retira de l’affiche après deux malheureuses représentations. Un naufrage originel, devenu aujourd’hui matière à renaissance.