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Amaury Jacquet

Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

A l’opéra de Paris, la danse musicale de George Balanchine sur France 4

Fils de compositeur, George Balanchine (1904-1983) a appris la musique avant la danse. Toute sa vie, il a gardé cet intérêt et cette intime connaissance de la musique qui, seule, a guidé ses créations. Il disait lui-même : "Le ballet est avant tout une affaire de tempo et d’espace : l’espace délimité par la scène, le temps fourni par la musique". C’est donc cette musicalité des corps qui est à l’œuvre en cette soirée consacrée au maître où son classique abstrait, affranchi de toute narration, tend à l’épure et à cette géométrie de l’espace, entièrement dédiée à la musique et au mouvement. Un pur ravissement. Deux pièces majeures font leur entrée au répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris. Ballet impérial, créé en 1941 par l’American Ballet Caravan sur le Concerto pour piano n° 2 de Piotr Ilyitch Tchaïkovski, et Who Cares? créé en 1970 par le NewYork City Ballet sur une musique de George Gershwin. Mikhail Agrest, qui fait ses débuts à l’Opéra de Paris, dirige l’Orchestre de l’Opéra de Paris.

Disparition d’Agnès Berthon, figure emblématique et singulière de l’œuvre de Joël Pommerat

Née à Alger le 23 juin 1959, jumelle de Florence, rapatriée sans souvenir mais avec la mémoire d’un exil fondateur, Agnès Berthon a grandi entre Massif central et Méditerranée, rock anglais et adolescence électrique.

« Mad Men » : le vide sublime du rêve américain

"Mad Men", c’est une série qui a réussi l’exploit de transformer le néant en objet d’art. Sept saisons où l’on regarde des types fumer, boire, tromper leurs femmes et essayer de vendre du shampoing comme si c’était Shakespeare. Et le pire ? On est fascinés. Parce que derrière les costumes taillés et les répliques glacées, il y a quelque chose de plus grand, de plus sombre : le spectacle sublime de l’illusion qui se fissure.

Marie-Laure de Decker à la MEP : l’art de viser juste

La MEP nous tend le miroir d’une époque en cendresfeu : Vietnam, Tchad, Soweto, l’ombre de Pinochet… Le conflit est là, bien présent, mais Marie-Laure de Decker évite le choc frontal — elle préfère le hors-champ, la suggestion, l’humanité effleurée, non la violence surimprimée

« Le Messie » selon Wilson : icônes, silences et éclats – à (re)voir sur ARTE concert en hommage au grand Bob

En hommage à Bob Wilson, disparu le 31 juillet 2025, (notre article ici), ARTE concert propose de (re)découvrir sa mise en scène du célèbre oratorio de Haendel réorchestré par Mozart. Un spectacle créé à Salzbourg en 2020, porté par le chef d'orchestre français Marc Minkowski et Les Musiciens du Louvre. Capté le 23 janvier 2020 lors de la Semaine Mozart à Salzbourg en Autriche et disponible jusqu’au 5 novembre 2025.

Othello ou la passion selon Shakespeare ! sur France 4, le 10 août

Shakespeare analyse avec génie l’humain dans sa dimension intemporelle et universelle. Complexes, équivoques et ambigus, tout en clairs-obscurs et en contrastes, ses personnages de théaâtre et quel théâtre laissent deviner, dans le conflit entre raison et passion, monstruosité et angélisme, sublime et grotesque, toute l’ambivalence d’une humanité protéiforme. Après Le roi Lear qu’il avait monté au festival d’Avignon il y a 15 ans, Jean-François Sivadier revient à Shakespeare avec Othello et nous offre un grand moment de théâtre. La pièce emblématique du dramaturge anglais nous embarque dans les aventures d’un homme d’honneur, le Maure de Venise, qui après avoir offert sa confiance au plus fourbe des êtres, Iago, finira par sombrer dans la barbarie.

Couteaux affûtés, esprits aussi : Julien Lefebvre relance la partie

’assassinat — ce vieux sport d’intérieur que la littérature anglaise a su élever au rang d’art dramatique — revient, sous les traits ciselés de Julien Lefebvre, hanter les planches d’un théâtre victorien aussi feutré qu’assourdissant de mystères.

Bob Wilson, l’architecte de l’épure s’est éteint – Hommage à un sculpteur d’images, de sensations, de silence et de lumière

Bob Wilson est mort. L’annonce résonne comme un coup de tonnerre feutré dans le ciel de la scène contemporaine. L’Américain au regard d’architecte, aux gestes millimétrés, aux silences qui parlent plus que les mots, s’en est allé, laissant derrière lui une œuvre qui défie le temps, la narration linéaire, la logique même du spectacle.

Notre Sélection

Une École de danse d’une troublante modernité à la Comédie-Française

Il arrive que le théâtre ressuscite des œuvres qu’on croyait promises à l’oubli. Avec "L’École de danse", Clément Hervieu-Léger réalise précisément cela : redonner souffle à une comédie que Goldoni retira de l’affiche après deux malheureuses représentations. Un naufrage originel, devenu aujourd’hui matière à renaissance.

Dans les pas de Pasolini, une troupe intrépide à l’Odéon

Il fallait oser s’attaquer à "Pétrole", le roman-magma inachevé, la dernière colère de Pasolini. Sylvain Creuzevault, lui, n’ose pas : il exhume. Il déterre le livre comme un cadavre encombrant, le déplie sur le plateau et montre tout ce que la société préfère refouler : la noirceur du pouvoir, la lubricité des dominants, la violence diffuse qui irrigue nos démocraties dégénérées.