
Les éditions Playlist Society mettent à l’honneur un des grands auteurs américains du XXe siècle au côté de Fitzgerald, Wolfe, Selby Jr ou Fante, le grand Bret Easton Ellis. Depuis son premier ouvrage Moins que zéro paru en 1986, l’auteur n’a cessé de faire parler de lui, évoquant une jeunesse désœuvrée, peuplée de zombies blancs, riches et décadents. Son style clinique, dénué de sentimentalisme et riche de scènes trash enthousiasme ou répugne, il est pourtant un des Héraults les plus clairvoyants de la société américaine, préfigurant les évolutions sociologiques et culturelles de notre époque.
Une analyse dense et passionnante
Le sujet est vaste, Ellis a connu plusieurs vies littéraires, internet et médiatiques. D’abord chantre d’une jeunesse dorée adepte de poudre blanche, de relations hétéro et/ou homosexuelles et de superficialité, Ellis a d’abord été dépeint comme un opportuniste au style lisse et chirurgical. Pourtant ses premiers ouvrages en disaient long sur leur époque avec des années 80 conquérantes et des mâles alpha adeptes de tout ce qui brille. Et puis est paru American Psycho en 1992 et le sulfureux est devenu scandaleux. Adepte des clubs huppés et des soirées décadentes, l’auteur s’est retrouvé sous le feu des projecteurs avec son héros trader serial killer sans âme et sans cœur. Le héros (antihéros) Patrick Bateman ressemblait à un vampire, sans qu’on sache si ses carnages étaient de la réalité ou de la fantasy. Car tout se joue sur cette fine frontière où aime à évolue Ellis. Ses descriptions et ses péripéties mélangent premier et second degré, le lecteur doit lire entre les lignes pour saisir la profondeur vertigineuse de l’auteur, ce que décrit parfaitement l’auteur Adrien Durand. Ce dernier situe Ellis dans des contextes qui ont évolué, pré-woke, super woke ou post-woke, il mélange les points de vue et densifie d’autant son ouvrage.
Ses réflexions font sursauter, froncer le sourcil ou faire naitre un sourire, en tout cas il ne laisse pas indifférent et faire réfléchir, comme très souvent dans cette collection qu’on ne cesse pas de lire avec plaisir à chaque nouvelle parution.
Editeur: Playlist Society
Auteur: Adrien Durand
Nombre de pages / Prix: 144 pages / 17euros
Synopsis: Depuis son entrée fracassante en littérature au début des années 1980, Bret Easton Ellis n’a cessé de mettre en scène l’Amérique des élites et ses comportements hors limites. Icône controversée, archétype du cool de la fin du XXe siècle, dandy provocateur et critique acerbe des évolutions sociétales, il incarne mieux que personne la figure de l’écrivain rock star qui a fait entrer les lettres dans la pop culture. C’est aussi dans les frontières très floues entre sa personne publique et ses protagonistes amoraux qu’il a cultivé une science du scandale et du débat polarisant.
Des bancs du très secret Bennington College aux fêtes flamboyantes du New York des années 1980, du choc d’American Psycho à la création d’un double monstrueux sur Twitter, en passant par Hollywood et l’Amérique de Trump, Bret Easton Ellis, le privilège de la subversion explore l’œuvre d’un artiste qui a bousculé et réinventé les codes de la littérature.
Adrien Durand est critique culturel et communiquant. Il est le fondateur des éditions du Gospel, qui édite des livres et des fanzines autour de la contre-culture. Il est par ailleurs l’auteur de deux essais, Kanye West ou la créativité dévorante (2020) et Je n’aime que la musique triste (2021), ainsi que d’un premier roman, Cold Wave, publié dans la collection Othello du Nouvel Attila, en 2023.